
Une femme revient sur son apprentissage douloureux de la sexualité. Un monologue d’une rare intensité.
Été 1958, Annie travaille dans une colonie de vacances. Elle a dix-huit ans et une folle envie de vivre, comme le raconte Annie Ernaux dans son récit autobiographique, Mémoire de fille.
Son premier rapport sexuel, avec un moniteur plus âgé, est d’une violence éprouvante. Elle s’efforce pourtant d’y voir une histoire d’amour passionnée et tente d’assouvir son désir pour lui auprès d’autres hommes, subissant alors moqueries et humiliations.
Revenant sur ce passé, la romancière comprend qu’elle a été victime d’abus sexuels dont les effets l’ont longtemps perturbée.
Ce récit, porté à la scène en un monologue vibrant interprété par la comédienne Suzanne de Baecque, explore la question du lien entre sexualité féminine et subordination patriarcale du corps des femmes, ainsi que la possibilité de développer un langage pour le désir au-delà du regard masculin.
Notre adaptation théâtrale de Mémoire de fille explore sur scène le lien entre le désir féminin et la subordination du corps de la femme dans un monde patriarcal, au sein même d’un ordre qui encadre et détermine la manière dont les femmes désirent et sont désirées. Le texte d’Annie Ernaux nous invite à nous demander de quelle manière nous désirons et pourquoi, et, réciproquement, de quelle manière nous sommes objets de désir. Notre mise en scène porte une recherche d’un imaginaire qui dépasserait cet ordonnancement, cette dépossession des hommes et des femmes de leur propre sexualité, dans l’espoir de trouver des pistes menant à un plaisir fluide, mouvant et libéré.
Veronika Bachfischer, Sarah Kohm et Elisa Leroy
31, rue des Abbesses 75018 Paris