- La seconde salle du Théâtre de la Ville
En 1996, le Théâtre de la Ville a enfin sa seconde salle : un nouveau théâtre de 400 places, les Abbesses, construit sur la Butte Montmartre, qui lui permet de développer et d’affiner sa politique.
La programmation met l'accent de préférence sur de jeunes compagnies, chorégraphes, auteurs ou metteur en scène.
Vive le mouvement qui déplace les lignes ! (d'après Baudelaire)
Je me permets de changer la formule de Baudelaire, qui évoque – ironique – une Beauté immobile et froide. Le théâtre, en tout cas le nôtre, préfère la beauté des Surréalistes. Est-ce en effet parce que nous sommes parfois lassés du réalisme, parce que le cinéma y réussit mieux que le théâtre, que la réalité quotidienne est décevante, ou que l’état du monde est si pesant (mais aussi si fascinant), que nous avons besoin, au théâtre, du Fantastique ? Par des transpositions, des allégories, des symboles. Il ne s’agit pas un seul instant de fuir le monde et de se réfugier dans le rêve, mais d’aller aussi au théâtre pour s’essayer à une autre vision des choses, pour s’ouvrir à des événements ou à des expériences qui sortent de la norme.
Je me dis alors que nous pouvons contribuer aux divers efforts tentés par un grand nombre des artistes que nous invitons, de nous aider à sortir des normes ; de tous ceux qui, dans le théâtre, la danse et la musique, prennent tant de plaisir à déplacer les lignes. Je me réjouis que bien des spectacles que vous viendrez voir, lors de cette saison, vous donnent l’occasion de côtoyer à votre tour l’étrange, le bizarre, le fantastique, le féerique, l’irréel et le surréel… car rien d’humain comme rien d’inhumain ne devrait être étranger au Théâtre : signe d’un certain retour au surréalisme, auquel nous devons tant d’oeuvres picturales, sculpturales, littéraires et poétiques, et qui ont tant réveillé les arts avant et après la monstrueuse Seconde Guerre mondiale.
Emmanuel Demarcy-Mota
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