
Un soir, dans un kebab, un homme et une femme se croisent du regard. Dans le secret de leurs solitudes, ils se reconnaissent et, soudain, tous les mots retenus depuis des années se déversent. À partir de 15 ans
À partir de 15 ans
Faisant valser les clichés sur les racines, l’appartenance et l’héritage, le comédien Jean-Christophe Folly s’empare tour à tour de trois personnages, chacun témoignant d’une extrême urgence à s’exprimer. Leur volubilité est le signe tangible de leur quête d’identité. On entend l’isolement de jeunes issus de l’immigration dont les racines sont ailleurs. Prisonniers d’un héritage, ils tentent de chanter autre chose. Mais jusqu’où la liberté est-elle possible quand on ne se reconnaît en rien ?
Salade, tomate, oignons parle de celles et ceux qui font le pari de ne pas se cacher derrière une appartenance. Celles et ceux qui vont, fragiles, à la recherche de l’autre.
Avec ce monologue teinté de poésie urbaine, Jean-Christophe Folly – remarquable – offre aussi une belle réflexion sur le pouvoir du théâtre.
« Un texte dense, traversé de doutes, auquel Folly donne toute sa puissance par son interprétation rigoureuse et maîtrisée. » Sceneweb
L’idée de départ est de mettre en lumière différentes formes de solitude. À notre époque, en France. La solitude de jeunes issus de l’immigration dont les parents sont nés ailleurs.
La peur se mêle à la colère
Car l’enfance n’existe plus
À part dans mon plexus solaire
La part de moi que j’ai exclue
– Extrait de Salade, tomate, oignons
Mais je ne voulais pas parler de personnes qui se sont retrouvées dans une croyance ou une religion ou un groupe ou une idéologie ou quoi ou qu’est-ce. Mon intention était de parler de ceux qui ne se reconnaissent dans rien et qui attendent ou espèrent être révélés à eux-mêmes. De ceux qui se construisent, en quelque sorte, un chez eux.
Il y en a qui luttent pour que le patrimoine familial soit respecté et d’autres qui mettent sans cesse un coup-de-pied dedans.
Comment faire pour réussir à vivre sereinement une vie hantée par des ancêtres dont on ne sait plus rien, dont on n’a jamais rien su ?
Comment faire pour se réconcilier avec ses premières envies ?
Comment oser croire en soi et en son libre arbitre quand les prisons semblent infranchissables ?
Je suis d’origine togolaise et ne parle pas la langue de mes ancêtres ; mais ce qui m’a inspiré dans la conception de ce projet, c’est aussi d’imaginer comment des Roms, Juifs, Musulmans, Asiatiques, Créoles construiraient leur vie s’il n’y avait pas la culture de base, le peuple, la terre ou les anciens. Jusqu’où la liberté est-elle possible quand on choisit de ne se reposer sur rien ?
Ce texte est un pari fou qui voudrait plus toucher à la question de la solitude et de l’isolement ; qu’à celle de la couleur et de l’appartenance.
Ce spectacle parle de ceux qui font le pari de ne pas se cacher derrière une appartenance, qui acceptent d’être nus sur la banquise face à l’idée du terroir, du « chez soi ». Ceux qui ne se cachent pas et qui vont fragiles à la recherche de l’Autre.
Jean-Christophe Folly
106, rue Brancion 75015 Paris