Questionner le droit de choisir sa mort dans un huis-clos théâtral bouleversant. À partir du documentaire du cinéaste lausannois Fernand Melgar, le metteur en scène Charles Templon compose une adaptation théâtrale poignante de cette exploration des coulisses du droit à mourir dans la dignité. À partir de 14 ans.
À partir de 14 ans.
Questionner le droit de choisir sa mort dans un huis-clos théâtral bouleversant. Pourrait-on voir un jour inscrite à la déclaration universelle des Droits de l’Homme la possibilité de choisir le moment où l'on quitte ce monde ? En Suisse, ce droit existe depuis plusieurs années et des organisations proposent, en toute légalité, une assistance au suicide pour les personnes en fin de vie. C'est le cas d’Exit, une association dont les bénévoles accompagnent malades et handicapés vers une issue qu’ils estiment plus juste.
À partir du documentaire du cinéaste lausannois Fernand Melgar, le metteur en scène Charles Templon compose une adaptation théâtrale poignante de cette exploration des coulisses du droit à mourir dans la dignité. En recomposant des scènes de la vie associative, en donnant la parole à ses différent·es protagonistes, Exit dresse des portraits chargés d'humanité. Non sans humour, les personnages évoquent leur choix et la façon dont ils ressentent cet acte de délivrance. Leurs paroles, fascinantes et étrangement drôles, rendent la liberté aussi souveraine que la mort.
« Charles Templon propose une mise en scène intelligente et audacieuse incluant autant l’humour que la tendresse, sans dissimuler les questionnements. » L'humanité
« Donner la mort » dans notre pays est interdit. Seule est autorisée, pour les patients atteints d’une maladie grave et incurable, une sédation profonde et continue, qui permet d’éviter autant de souffrance que possible avant la mort. « Autant de souffrance que possible ». C’est le seul choix proposé aux malades. Décider de sa propre mort est impossible. Pourquoi ?
Aujourd’hui, nous sommes au coeur du débat et nous souhaitons y apporter notre contribution, laisser une trace : en faire théâtre.
La genèse de ce projet est née au moment où nous venions de vivre, chacun de manière différente, une expérience traumatisante. La souffrance puis la mort d’un père pour l’une et les confessions d’un membre de sa famille, médecin, qui a pu exhausser le souhait d’un proche souhaitant en finir, avant de ne trop souffrir, pour l’autre.
Le sentiment d’impuissance vécu face à la grande souffrance de nos proches, a été le moteur de nos discussions. Le droit à mourir dans la dignité, du choix de sa propre mort, revenait en permanence dans nos échanges.
Le sujet s’est imposé à nos vies, nous allions en faire quelque chose : écrire sur l’euthanasie, le suicide assisté, la liberté de choix, vouloir ne plus souffrir. Un sujet intime et universel.
Comme exutoire nous nous sommes plongés dans les récits et témoignages existants, visionnés des reportages – et nous nous sommes souvenus du travail de Fernand Melgar, réalisateur lausannois qui avait secoué la Suisse avec ses documentaires à plus-value citoyenne, dont un ; Exit.
Le film accompagne des bénévoles de l’association du même nom, des bénévoles aux fortes personnalités, qui ont pour mission d’offrir une assistance au suicide à des personnes qui souhaitent mourir, dans ce pays précurseur.
Avec cette matière, nous venions de trouver la manière dont nous voulions parler du sujet – pouvoir tous ensemble nous questionner sur la Liberté de choix et sur ce que représente le Venir en aide. Il s’agit ici de mettre en relief un combat humain (et politique).
Nous voulons démontrer que choisir de mourir est un acte libérateur, et que c’est le plus souvent un soulagement pour le malade et ses proches. Un autre aspect du sujet est la prise en compte de l’intégrité de la personne aidante, qui doit être débarrassée de tout remord.
Aider à mourir, ce n’est pas rien, bien sûr, mais ça devrait être plus simple, plus évident, plus « normal ». Mais nous sommes nous aussi confrontés à nos propres doutes et croyances.
Nous reprendrons les mots de Sophie, personnage de la pièce militant pour le droit à mourir dignement : « Ceux qui fixent les règles ne pensent pas au malade c’est certain. Pourquoi ceux qui se trouvent autour du lit décident ?
Nous suivons ici la mort comme fil conducteur et autour, ceux qui la vivent : ceux qui vont mourir et ceux qui les accompagnent au quotidien vers cette fin.
Ces derniers sont les héros de notre récit. Ici, tous les sentiments, toutes les émotions se mêlent.
Ces femmes et ces hommes portent le poids de la mort en toute conscience, ce qui ne les empêchent pas d’être d’une légèreté enfantine et vivants. Ces humains solitaires et fatigués parlent sans arrêt, parlent fort, parlent trop, puis, soudain, se taisent, immobiles, comme si la machine devait se recharger. Cette ambivalence des personnages est une grande force narrative, tout comme le décalage entre leur vie quotidienne, familiale, et la réalité de ce qu’ils vivent dans l’association.
L’engagement de ces personnages, intense et sensible doit être abordé au théâtre.
Ce qui nous semble être un acte fou, si tragique, donner la mort, est ramené au réel, sur scène. Parce que se frotter à la mort c’est à la fois beau et effrayant, c’est faire face à la détermination et à l’absurdité, c’est évident et surréaliste, réel et brutal. C’est la vie. l’absurdité, c’est évident et surréaliste, réel et brutal. C’est la vie.
Il a fallu s’extraire du documentaire de Fernand Melgar pour utiliser ces situations bien réelles afin d’amener comédiens et spectateurs vers un endroit plus profond, plus mystérieux, plus philosophique et théâtral. En retravaillant le texte depuis plusieurs années aux côtés de Charles Templon, le metteur en scène, l’idée nous est venue de faire jouer aux comédiens, à la fois les malades et les aidants. C’est en essorant et remaniant le texte, en se l’appropriant, qu’on met une distance nécessaire avec la matière brute, qu’on fait naître de la poésie et de l’absurde.
Nous voulons parler de choix, en toute conscience, nous voulons parler d’accompagnement et d’aide. Nous souhaitons mettre en lumière la dignité et l’humanité. Cette pièce n’est pas pensée comme une tribune : le traitement sera parfois léger, détaché, drôle, cruel bien sûr – cependant, la question sociétale restera bien présente, ce tabou puissant sera exposé au centre du récit, et l’inertie politique sera questionnée.
Au moment où nous écrivons cette note, en France, une convention citoyenne se prononce en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté, sous conditions, et après 10 ans d’irrésolution politique, un projet de loi doit être présenté au Conseil des ministres en décembre 2023.
Quelles sont ces conditions ?
Le débat ne fait que commencer.
Nous avons beaucoup d’interrogations et nous avons besoin d’en parler.
Karine Dubernet et Benjamin Gauthier
20, avenue Marc Sangnier 75014 Paris
Placement libre
30,5 €
Tarif +60 ans ou habitant de l'arr. (sur justif.)
20 €
Tarif -26 ans, chômeur, intermittent (sur justif.)
11 €