- Une pièce sulfureuse entre désir, inceste et fureur
Sur Ferrare règne la sombre et vénéneuse Lucrèce Borgia, femme de pouvoir aux mains tachées de sang, au corps incestueux, ajoutant aux crimes des Borgia celui de fratricide. Gennaro, le fruit de son union avec son frère, ignore l’identité de ses parents.
Lors d’un bal à Venise, Gennaro courtise une belle masquée, avant de découvrir avec horreur le visage de Lucrèce, tremblante d’amour pour ce fils qu’elle approche en secret, dissimulée dans la féerie du carnaval.
Piquée par l’affront des amis de Gennaro qui l’ont démasquée, et soupçonnée d’adultère par son mari Don Alphonse, Lucrèce enclenche une vengeance déchirante dont l’implacable dessein ne peut être qu’inextricablement lié à la destinée de son fils.
Distribution en alternance.
- L'œuvre « la plus puissante » de Hugo
Hugo déforme la réalité historique et l’adapte à sa vision dramatique en entachant de fratricide non pas César Borgia mais Lucrèce, fine lettrée protectrice des arts, muée en monstre pétri d’amour maternel. Perçue par George Sand comme l’œuvre « la plus puissante » de Hugo, Lucrèce Borgia, image d’un « théâtre de la cruauté » tel que l’entend Antonin Artaud, représente pour son auteur une victoire sur le pouvoir et la censure.
- Une langue « entièrement saturée de rêves » pour le metteur en scène
Denis Podalydès revient au siècle romantique pour sa troisième mise en scène à la Comédie-Française après Cyrano de Bergerac (2006) et Fantasio (2008). De Victor Hugo, il aime la langue impétueuse, théâtrale, « entièrement saturée de rêves », dénuée de sobriété, la débauche rhétorique redoublant la débauche morale. La mise en scène de Vitez (1985), qu’il disait « taillée dans la chair même de la nuit », nourrit le désir de Denis Podalydès de suivre Hugo dans son lyrisme pour « mieux descendre dans ce gouffre d’ombre qu’est Lucrèce Borgia, tragédie ambivalente et subversive, sorte de monstre de beauté comme d’inconvenance ». Il aimerait retrouver dans ce spectacle « la violence poétique du mélodrame ».
« À la Comédie-Française, le sociétaire Denis Podalydès signe un spectacle original et noir, fidèle au regard de Victor Hugo.(…) Guillaume Gallienne a trouvé la juste distance et sa sincérité dissout toute réserve. » Armelle Heliot, Le figaro, 28 mai 2014
« Toutes les scènes sont de grands tableaux et toute cette pompe est allègrement funèbre. À l'intérieur de ces lignes de force dont l'esthétique, dans de splendides contrastes de blanc, de noir, de brun et de rouge, habille la brutalité, les acteurs défendent les secrets des personnages. » Le Point, 31 mai 2014
« Mis en scène par Denis Podalydès, Lucrèce Borgia est l’un des plus vifs et surprenants spectacles qu’on ait vus à la Comédie-Française depuis pas mal de temps. (...) Gallienne fait une composition (...) inattendue et discrètement formidable. » Philippe Lançon, Libération, 5 juin 2014
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