Le jeu de l'amour et du hasard

du 13 mars au 5 mai 2000

Le jeu de l'amour et du hasard

CLASSIQUE Terminé

Par une nuit d'été, chaude et moite, les jeunes gens échangent leurs vêtements et leur identité. Il faudra beaucoup d'amour pour aller au bout du jeu et triompher des hasards dans lesquels ils se sont jetés.

Par une nuit d'été, chaude et moite, les jeunes gens échangent leurs vêtements et leur identité. Il faudra beaucoup d'amour pour aller au bout du jeu et triompher des hasards dans lesquels ils se sont jetés.

Le mensuel du théâtre

Peut-on encore aujourd’hui monter les textes classiques sans les adapter, les resituer dans la société contemporaine ? A cette question délicate, au vu de la qualité de nombre de spectacles, Guillaume Delaury répond, avec cette mise en scène d’une des pièces les plus célèbres de Marivaux, positivement et d’une fort belle façon. Ici, pas de grands décors ni de nombreux accessoires, il a été choisi de mettre en avant le texte. Ce texte, on le connaît bien, sans doute trop, et pourtant, on se surprend à vibrer de nouveau pour le devenir des personnages, égarés entre leur désir de contrôler leur coeur et l’amour qui s’immisce en eux sans qu’ils en aient conscience. La jeunesse des comédiens est aussi sans doute pour beaucoup dans la mise en valeur du texte. On comprend bien que si Silvia, Lisette, Arlequin et Dorante succombent si facilement à l’amour, c’est vraisemblablement qu’ils ne l’ont encore jamais connu.

Le metteur en scène parvient, à l’aide de jeux de lumières tout à la fois sobres et efficaces, (notamment lors du deuxième acte, où la nuit est très joliment reconstituée par une obscurité qu’éclairent quatre bougies, symboles des quatre personnages qui se cherchent sans encore véritablement se trouver), à créer une véritable atmosphère, intime et chaleureuse, où le public ne se sent pas exclu et participe au jeu des comédiens.

Si le texte est parfaitement mis en valeur, ce n’est à aucun moment au détriment du rire. Guillaume Delaury a su parfaitement transmettre l’aspect comique, sans pour autant le dénaturer, et ce notamment grâce au talent d’Aurélie Ludot, parfaite Lisette, mutine et charmeuse, et de David Seigneur, Arlequin balourd et décalé. Ils forment à eux deux un couple de comédie comme on en rêve, qui parvient à faire rire (et non seulement sourire) le public sans avoir à entrer dans les excès de la caricature. Le reste de la distribution est au diapason, dynamique et vivace. Bien sûr, 22h est une heure quelque peu tardive, mais cette jeune compagnie offre ici une magnifique occasion de faire découvrir et aimer ce " jeu de l’amour et du hasard " aux jeunes spectateurs, tout comme à ceux qui jugent que cette pièce n’a aujourd’hui plus aucune résonance.

Frédéric Pérouchine
Mars 2000

France 3

Le Jeu de l’amour et du hasard est sans doute la pièce la plus accomplie de Marivaux. C’est même, au-delà des conventions propres à l’époque, un chef d’oeuvre absolu – et donc par conséquent une oeuvre d’une difficulté absolue à monter et à jouer. La réussite du metteur en scène, Guillaume Delaury, et de sa compagnie TCM n’en est que plus grande. Car retrouver aujourd’hui cet esprit du XVIIIème siècle exige une subtilité de touche, une finesse, un sens du mouvement indispensables pour mettre en évidence avec naturel ce jeu des symétries du coeur. Or c’est un véritable ballet de gestes et de regards qui est dessiné ici, comme pour donner aux mots leurs trajectoires de flèches amoureuses. Et puis il y a ce Jeu un palimpseste social qui se révèle avec justesse, les maîtres et les valets traversant les miroirs, sans que la mise en scène n’ait besoin de souligner, d’insister lourdement. Car les six comédiens se jouent des mots et en jouent comme des bulles de savon qui volent dans cette nuit d’été dont cette aventure est peut-être le songe, ou le rite qui les prépare à entrer avec le jour dans la vie réelle – là où l’on ne se cache plus derrière l’autre, là où l’on arbore ses sentiments. Au contraire, dans cet espace intermédiaire où ils ne se sont pas encore dévoilés, les sentiments s’esquissentà peine et n’en sont que plus troublants. La jeunesse des comédiens offre alors un atout supplémentaire : ils sont là, près de deux siècles après, comme au premier jour de ce jeu éternel, celui de l’Amour qui veut plier le Hasard à son désir, ou qui veut faire en sorte de croire qu’il a le choix. Et l’évidence de leurs gestes d’aujourd’hui dans ces costumes d’hier est là pour nous redire que les chefs-d’oeuvre sont éternels.

Alain Duault
Janvier 2000

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Spectacle terminé depuis le vendredi 5 mai 2000

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