
Après Les chaises ? et M. & Mme Rêve, Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault continuent d’explorer l’univers théâtral d’Eugène Ionesco. La leçon est pour le Théâtre du Corps une nouvelle expérience autour du verbe dansé, explorant le langage et le corps en mouvement.
Une leçon que vous n’êtes pas prêts d’oublier !
Un professeur (Julien Derouault) tout puissant règne sur ses élèves. Dans une classe revisitée en studio de danse, nous assistons à un cours donné par un Louis de Funès survolté enseignant tout et n’importe quoi : la danse, l’arithmétique, la philologie ou la linguistique. Il prend très vite le contrôle de ses élèves mais finira par perdre le sien. Une nouvelle élève qui rêve de danse et de connaissance est rapidement entraînée par le groupe. Elle apprendra à ses dépens que le savoir est une arme qu’elle ne possédera jamais. Le professeur et son assistante complice réussiront-ils à cacher leurs secrets très longtemps ?
Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault explorent l’absurde, le langage et sa puissance de contrôle. La leçon est une adaptation dansée et théâtrale magistrale de la pièce culte d’Eugène Ionesco. Une mise en scène moderne et électrique où l’expression « Théâtre du Corps » prend tout son sens.
« Dans ce chef-d’œuvre de l’absurde, donnant l’occasion d’une réflexion sur la nature humaine. » Actu
« Les danseurs-comédiens déclament le texte dans une interprétation émouvante, souvent drôle, mais toujours captivante. » La Voix du Nord
Dans ce drame comique, le professeur est à la fois professeur de danse, d’arithmétique, de philologie ou de linguistique. Il est même chorégraphe ou chef d’orchestre. Il est l’autorité suprême prodiguant un savoir autant intellectuel que corporel. Un enseignement extravagant où les mathématiques se dansent, où les mots se chantent et la relation élève – enseignant est chorégraphiée jusqu’à la mort.
La leçon d’arithmétique et de philologie devient une classe de danse et renforce l’absurdité de la situation : le mot résonne en geste, le chiffre en mouvement rythmé. Mais derrière l’incohérence du discours et la confusion du langage, Ionesco questionne l’éducation avec malice et interroge notre perception du monde visible.
Le flot d’informations, censées éclairer les consciences, endort finalement toute résistance, noie inéluctablement toutes réactions sensibles. Les connaissances sont remises en cause, les repères s’effacent, les élèves sont inondés d’informations contradictoires, de savoirs fictifs, de « fake news » en tout genre. Donnant l’impression de transmettre, le professeur ne fait que manipuler les élèves et tisse en réalité une toile invisible autour de sa proie.
Avec humour, Ionesco objective l’élève au fur et à mesure de cette pièce. Pleurer de rire prend ici tout son sens. Il nous fait ressentir la vulnérabilité de celui ou celle qui désire apprendre face à celui qui sait. On tue l’élève par la leçon, celui-ci devenu objet de soumission et de fantasme. Il est un objet à consommer, que l’on jette une fois qu’on l’a détruit.
La scénographie 3D entoure les personnages, matérialisant les équations, les algorithmes et les lettres. Elle est symboles et archétypes : le vecteur d’une pensée collective rêvée, structurée et structurante.
Ce savoir, qui dépasse les élèves jusqu’à les submerger, nous rend-il nécessairement libre ? La leçon est bien une leçon sur la nature humaine, les rapports de pouvoir et le contrôle de la réalité.
Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault
13, boulevard de Strasbourg 75010 Paris