L'École des femmes

du 24 janvier au 29 mars 2008

L'École des femmes

CLASSIQUE Terminé

Daniel Auteuil retrouve Jean-Pierre Vincent dans le plus grand succès dramatique que Molière ait connu de son vivant. Un homme obsédé par la tromperie féminine a enfermé une petite fille pour en faire un jour sa « femme idéale ». Mais un jour, la jeune fille tombe amoureuse d'un jeune passant. La farce se métamorphose en grande comédie, frôlant le drame.

De la farce à la comédie
En route vers L'École des femmes
Extrait
La presse

  • De la farce à la comédie

En 1990, Daniel Auteuil traversait Les Fourberies de Scapin avec Jean-Pierre Vincent. Ils se retrouvent aujourd'hui pour aborder le plus grand succès dramatique que Molière ait connu de son vivant. Auteuil y tiendra le rôle que l'auteur s'était réservé : celui d'Arnolphe, « un homme », tel que le raconte Vincent, « obsédé par la tromperie féminine. Il s'est emparé d'une petite fille pour en faire un jour sa « femme idéale ». Il l'a enfermée chez lui, à l'écart du monde, la laissant dans l'ignorance. Elle a grandi ainsi, dans ce qu'il appelle la sottise. Un jour, la jeune fille tombe amoureuse d'un jeune passant. Alors, pour la tirer des mirages de l'amour, notre homme a un urgent besoin que la fille fasse preuve de « raison ». « Oui, mais, dit-elle, je suis sotte ». C'est ainsi qu'elle lui échappe, pas si sotte… »

Après avoir monté Jean-Luc Lagarce aux Ateliers Berthier, Jean-Pierre Vincent revient au répertoire classique et aux ors de la grande salle de l'Odéon pour des retrouvailles attendues avec un très grand acteur.

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  • En route vers L'École des femmes

J'ai toujours eu un faible pour L'École des femmes de Molière, en tant que lecteur, en tant que spectateur. Il y a là quelque chose de radieux, une aurore de théâtre et d'humanité, et qui se mêle bientôt à je ne sais quoi de sombre et de sordide. Il faut bien qu'il y ait la nuit pour que le jour la chasse. L'École des femmes représente un saut dans l'oeuvre de Molière. Et ce saut se produit durant la pièce : on y voit l'ancienne farce se métamorphoser en grande comédie, frôlant le drame. L'École des maris, qui la précède, était encore une petite forme, une démonstration gracieuse, mais limitée dans ses ambitions. Ici, d'acte en acte, on sent jaillir et grandir une veine poétique sans précédent, qui engage Molière dans la série des grands chefs-d'oeuvre. On peut aisément tirer la pièce vers le noir (désespoir de vieillir, aventure sordide, imbécillité désolante…).

Mais la leçon de la version historique de Louis Jouvet, que je n'ai fait qu'écouter, nous montre bien que la farce est sans doute la manière la plus sérieuse de traiter cette affaire « Arnolphe ». On sait aussi que Molière s'engage ici dans un bras de fer, qu'il met les mains dans un feu qui va le brûler. Ce poème théâtral pour acteurs, si limpide et si simple en apparence, déclencha aussitôt des réactions (politiques et morales) extravagantes de violence. Et cela n'allait pas cesser durant quatre ans, car Molière ne baissait pas les bras. La coterie bigote et réactionnaire ne voulait pas de cette « école » ? Il leur servit Tartuffe sous ses diverses formes ; il fit semblant de se divertir ailleurs avec Dom Juan, pour mieux revenir à la charge dans les trois derniers actes. Ce n'est qu'à la fin du Misanthrope, fourbu par ces luttes contre l'hypocrisie, qu'il laisse partir « au désert », avec Alceste, son engagement dans le monde. Ensuite, il daubera de diverses façons sur le bourgeois pour amuser toutes les galeries.

Il y a un « avant-École des femmes », comme il y aura un « après-Misanthrope ». Cette valeur de pamphlet doit aussi nous animer en montant la pièce aujourd'hui. Que nous raconte cette pièce, en effet ? Un homme (Arnolphe) obsédé par la tromperie féminine s'est emparé d'une petite fille (Agnès) pour en faire un jour sa « femme idéale ». Il l'a enfermée chez lui, à l'écart du monde, la laissant dans l'ignorance. Elle a grandi ainsi, dans ce qu'il appelle la sottise. Un jour, la jeune fille tombe amoureuse d'un jeune passant (Horace). Alors, pour la tirer des griffes de l'amour juvénile, notre homme a un urgent besoin que sa prisonnière fasse preuve de « raison ». « Oui mais, dit-elle, je suis sotte ». C'est ainsi qu'elle lui échappe, pas si sotte.

Combien de jeunes filles aujourd'hui sont enfermées « pour leur bien » (et pas seulement par des psychopathes) ? Combien de jeunes gens aujourd'hui sont abandonnés hors de l'école, dans un monde sans travail et sans attrait ? Et le jour où la classe responsable a besoin qu'ils soient raisonnables, ils mettent le feu : façon « sotte » d'affirmer leur existence et leur liberté bafouée.

L'école ici n'est pas celle du feu, mais celle de l'amour et de la  « nature » échappant radicalement à la contrainte peureuse. L'École des femmes, c'est aussi, ou d'abord, cela : l'explosion utopique de sentiments naturels, animaux, qui franchissent toutes les barrières de la raison raisonnante. Oh, pas chez des génies, pas chez des surdoués, non ! Agnès et Horace sont des personnes très ordinaires, loin du luxe baroque de Roméo et Juliette : une naïve et un gaffeur, comme on en voit dans les feuilletons, des ados comme il peut y en avoir tant. Et c'est là qu'intervient le miracle utopique qui transcende un récit qui pourrait patauger dans la médiocrité : l'intelligence leur arrive par des chemins ravissants, imprévisibles.

Molière, l'inquiet, le tourmenté, plaide ici pour la gaîté profonde de la vie des sens. Et il y a encore d'autres apparitions. Il y a Chrysalde, « ami d'Arnolphe ». Mais comment donc deux types aussi disparates peuvent-ils être amis ? Le grand bourgeois parisien permissif, voire libertin, avec le narquois tortionnaire ? C'est que le réel de Molière ne passe pas par le  «réalisme » : il a toujours besoin de ces couples improbables qui mettent le monde en débat, qui discutent à perte de vue alors qu'ils n'ont rien à se dire, se prenant mutuellement pour des fous. C'est cela aussi, la vie. Il y a Georgette et Alain, les serviteurs recrutés eux aussi pour leur idiotie, et qui se libéreront de même qu'Agnès, parce que la raison (d'Arnolphe) devenue folie ne peut être vaincue qu'en revenant aux conceptions les plus simples, aux réflexes vitaux. Il y a un notaire, très sérieux, emporté par le flot de l'absurde bouffonnerie. Il y a enfin l'Amérique qui débarque, sous la figure du père exilé et qui a fait fortune, homo ex machina, sans qui l'histoire ne finirait pas comme un conte de fées.

L'École des femmes, c'est un bouillon de théâtre, le drolatique s'y mêlant sans cesse à l'émotion, le mensonge à la sincérité, le touchant au répugnant. On y partage un moment historique en cinq actes où l'on voit l'humanité changer à vue, et changer aussi le regard qu'elle porte sur elle-même : une fête de l'esprit sur une histoire idiote.

Jean-Pierre Vincent

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  • Extrait

Arnolphe. […] Ah ! ah ! si jeune encor, vous jouez de ces tours !
Votre simplicité, qui semble sans pareille,
Demande si l'on fait des enfants par l'oreille ;
Et vous savez donner des rendez-vous la nuit,
Et pour suivre un galant vous évader sans bruit !
Tudieu ! comme avec lui votre langue cajole !
Il faut qu'on vous ait mise à quelque bonne école.
Qui diantre tout d'un coup vous en a tant appris ?
Vous ne craignez donc plus de trouver des esprits ?
Et ce galant, la nuit, vous a donc enhardie ?
Ah ! coquine, en venir à cette perfidie ?
Malgré tous mes bienfaits former un tel dessein !
Petit serpent que j'ai réchauffé dans mon sein,
Et qui, dès qu'il se sent, par une humeur ingrate,
Cherche à faire du mal à celui qui le flatte !
Agnès. Pourquoi me criez-vous ?
Arnolphe. J'ai grand tort en effet !
Agnès. Je n'entends point de mal dans tout ce que j'ai fait.
Arnolphe. Suivre un galant n'est pas une action infâme ?
Agnès. C'est un homme qui dit qu'il me veut pour sa femme :
J'ai suivi vos leçons, et vous m'avez prêché
Qu'il se faut marier pour ôter le péché.
Arnolphe. Oui. Mais pour femme, moi, je prétendais vous prendre ;
Et je vous l'avais fait, me semble, assez entendre.
Agnès. Oui. Mais à vous parler franchement entre nous,
Il est plus pour cela selon mon goût que vous.

L'École des femmes, V, iv, 1491-1515

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  • La presse

« [...] un grand théâtre populaire, avec adresse des personnages au public, goût de la farce, éclat des coloris et douleur des sentiments, précision du jeu. [...] Ce qu'invente Auteuil est très beau et cela va se creuser encore vers plus de tragique sans émousser le rire. » Armelle Héliot, Le Figaro, 26 janvier 2008

« Une leçon de théâtre et d'humanité mise en scène par Jean-Pierre Vincent avec élégance et humour, leçon qui raille férocement un pouvoir masculin abusif autant qu'elle célèbre joyeusement la liberté de la jeunesse. » Véronique Hotte, La Terrasse, février 2008

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Sélection d’avis du public

RE: RE: L'École des femmes Le 16 mars 2008 à 21h12

J'ai beaucoup aimé cette mise en scène aussi...la pièce est drôle et fine, les décors étaient à la fois simples et originaux! les interprétations de Daniel Auteuil et de Stéphane Varupenne m'ont franchement touché! P.S.: Clarisse si tu lis ce message, peux-tu me contacter s'il te plaît? (voici mon adresse msn: stumbagia@hotmail.com) roméo

RE: L'École des femmes Le 2 mars 2008 à 15h29

j'ai trouvé cette pièce très instructive. le jeu des acteurs est dosé tout en restant dans l'excentricité. le personnage d'agnès est magnifiquement interprété, la sotte est tout à fait bien imitée, j'ai trouvé daniel auteuil exceptionnel dans son jeu tout en bouffonnerie (même s'il est vrai que l'on ne comprend pas toujours tout au début de la pièce) mais ce manque est compensé par son jeu d'acteur. le décor est très bien intégré à la pièce, les acteurs se débrouillent très bien dans cette scène un peu contemporaine mais qui se marie bien avec les costumes d'époque.

L'École des femmes Le 25 janvier 2008 à 10h31

j ai ete déçue par ce spectacle, tres traditionnel dans sa mise en scene et ses costumes. De plus les cateurs ne parlent pas toujours assez fort (premiere partie) et D. Auteuil n'articule pas toujours clairement. le decor, un peu carton pate lui aussi est decevant quand on voit ce que fait Engel par exemple Leonce et Lena). Agnes est jouée trop nunuche surtout au debut. D.. Auteuil fait un peu trop dans la farce aussi. Bref j ai trouve ce spectacle plat celui de la comedie française il y a quelques années, très épuré, était bien plus fort.

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RE: RE: L'École des femmes Le 16 mars 2008 à 21h12

J'ai beaucoup aimé cette mise en scène aussi...la pièce est drôle et fine, les décors étaient à la fois simples et originaux! les interprétations de Daniel Auteuil et de Stéphane Varupenne m'ont franchement touché! P.S.: Clarisse si tu lis ce message, peux-tu me contacter s'il te plaît? (voici mon adresse msn: stumbagia@hotmail.com) roméo

RE: L'École des femmes Le 2 mars 2008 à 15h29

j'ai trouvé cette pièce très instructive. le jeu des acteurs est dosé tout en restant dans l'excentricité. le personnage d'agnès est magnifiquement interprété, la sotte est tout à fait bien imitée, j'ai trouvé daniel auteuil exceptionnel dans son jeu tout en bouffonnerie (même s'il est vrai que l'on ne comprend pas toujours tout au début de la pièce) mais ce manque est compensé par son jeu d'acteur. le décor est très bien intégré à la pièce, les acteurs se débrouillent très bien dans cette scène un peu contemporaine mais qui se marie bien avec les costumes d'époque.

L'École des femmes Le 25 janvier 2008 à 10h31

j ai ete déçue par ce spectacle, tres traditionnel dans sa mise en scene et ses costumes. De plus les cateurs ne parlent pas toujours assez fort (premiere partie) et D. Auteuil n'articule pas toujours clairement. le decor, un peu carton pate lui aussi est decevant quand on voit ce que fait Engel par exemple Leonce et Lena). Agnes est jouée trop nunuche surtout au debut. D.. Auteuil fait un peu trop dans la farce aussi. Bref j ai trouve ce spectacle plat celui de la comedie française il y a quelques années, très épuré, était bien plus fort.

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Spectacle terminé depuis le samedi 29 mars 2008

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