
Entrée au Répertoire d’une pièce oubliée de Goldoni. Nouvel administrateur général, Clément Hervieu-Léger nous plonge dans un cours de danse tenu par un maître pingre et autoritaire. Il espère « vendre » quelques-unes de ses recrues à un impresario... mais la révolte gronde chez ses jeunes élèves.
C’est dans le décor de sa mise en scène du Misanthrope, présenté sur la même période, que Clément Hervieu-Léger crée L’École de danse de Goldoni. Clin d’œil à la tradition des « décors à volonté » – un unique espace pour les comédies, un autre pour les tragédies –, ce projet tient surtout à un rêve partagé avec Éric Ruf, qui signe la scénographie originale et les aménagements nécessaires. Passant du XVIIe au XVIIIe siècle, ils rappellent que cet espace leur a été inspiré par le Palais Garnier, aujourd’hui Opéra national de Paris. Edgar Degas, dont la peinture a sublimé tous les recoins de ce haut lieu du XIXe, de la scène aux salles de danse jusqu’au public, irriguera l’esthétique du spectacle.
Un tel décor au croisement des siècles est idéal pour cette œuvre oubliée, objet d’une cabale contre son auteur qui cherchait à se démarquer de la comédie italienne au profit d’une théâtralité acquise à plus de naturel. À la fois pièce de caractère et chorale, elle dépeint le quotidien de danseurs et de danseuses en herbe, sous la coupe d’un maître tyrannique dont les affaires vont mal et qui attend beaucoup de la venue, ce jour, d’un impresario auquel il souhaite « vendre » quelques-unes de ses recrues. Mais la révolte gronde chez ces jeunes gens qui ont faim, froid, et rêvent d’émancipation. L’amour et l’art s’affirment comme des leviers, que Goldoni saisit en peignant notamment des personnalités féminines d’une remarquable liberté.
Cette entrée au Répertoire est celle d’une œuvre incomprise en son temps, que l’on redécouvre en écho à nos préoccupations sociétales. Clément Hervieu-Léger, nouvel administrateur général de la Comédie-Française, a été séduit par la modernité de cette pièce sur la danse – discipline de ses débuts dont il ne s’est jamais éloigné.
« Mon goût pour les pièces peu connues du répertoire n’est pas nouveau, même s’il ne s’agit pas d’un principe. Ma curiosité me pousse à lire de manière exhaustive certains auteurs et certaines autrices qui me touchent particulièrement et je découvre ainsi parfois des textes qui méritent à mon sens d’être montés. J’avais entendu parler de L’École de danse quand Jacques Lassalle l’avait travaillée au Conservatoire avec la promotion de Loïc Corbery. Un groupe de traducteurs et de traductrices, dont Françoise Decroisette, s’était lancé dans la traduction du théâtre complet de Goldoni, sous l’impulsion du metteur en scène italien Luca Ronconi. Ce projet d’ampleur sur l’histoire de la culture européenne est au cœur du rapport que j’entretiens avec cet auteur, et plus largement avec le répertoire. Plus récemment, lorsque je travaillais sur Une des dernières soirées de carnaval, je me suis penché sur la série des pièces représentatives de la révolution dramaturgique à laquelle Goldoni a œuvré. Le titre de L’École de danse m’a intrigué, compte tenu de mon rapport personnel à cet art, mais c’est surtout la modernité de la pièce qui m’a saisi. »
Clément Hervieu-Léger
Une (re) création jouissive jouée sur un rythme enlevé par une troupe qui excelle dans plusieurs registres (jeu, danse, musique et chant). Deux heures ininterrompues que l'on ne voit pas passer
Quel beau spectacle, intelligent et drôle, véritable hommage à Goldoni grâce à une équipe d'excellents comédiens, Podalydès en chef de troupe, remarquable. C'est simple, on oublie - presque - le légendaire inconfort des fauteuils.
Et un groupe de très bons comédiens
Voilà une pièce méconnue de Goldoni, qu’on aurait un peu de mal à classer selon la terminologie de Vinaver : elle est à mi-chemin entre les « pièces-machines » et les « pièces-paysages ». La plus grande partie de la pièce nous dresse le paysage de cette école de danse dont le maître un peu ringard et pas mal avare est magnifiquement incarné par un Denis Podalydès fabuleux. Cette première partie manque certes un peu de rythme mais nous donne à voir tous les talents de la troupe de la Comédie Française. Dix-huit comédiens de grand talent et autant de personnages entre lesquels se nouent de multiples actions. Dans les dernières scènes, toutes ces actions se cristallisent dans un final implacable.
C'est une pièce rare, parfaitement enlevée par des comédiens de talents, un très bon moment. Seul bémol le confort des sièges laisse vraiment à désirer, il y a peu de place pour les jambes et quand on a un grand spectateur juste devant soit c'est compliqué... Mais cela ne m'a pas gâché la soirée, le spectacle était magnifique.
Pour 5 Notes
Une (re) création jouissive jouée sur un rythme enlevé par une troupe qui excelle dans plusieurs registres (jeu, danse, musique et chant). Deux heures ininterrompues que l'on ne voit pas passer
Quel beau spectacle, intelligent et drôle, véritable hommage à Goldoni grâce à une équipe d'excellents comédiens, Podalydès en chef de troupe, remarquable. C'est simple, on oublie - presque - le légendaire inconfort des fauteuils.
Et un groupe de très bons comédiens
Voilà une pièce méconnue de Goldoni, qu’on aurait un peu de mal à classer selon la terminologie de Vinaver : elle est à mi-chemin entre les « pièces-machines » et les « pièces-paysages ». La plus grande partie de la pièce nous dresse le paysage de cette école de danse dont le maître un peu ringard et pas mal avare est magnifiquement incarné par un Denis Podalydès fabuleux. Cette première partie manque certes un peu de rythme mais nous donne à voir tous les talents de la troupe de la Comédie Française. Dix-huit comédiens de grand talent et autant de personnages entre lesquels se nouent de multiples actions. Dans les dernières scènes, toutes ces actions se cristallisent dans un final implacable.
C'est une pièce rare, parfaitement enlevée par des comédiens de talents, un très bon moment. Seul bémol le confort des sièges laisse vraiment à désirer, il y a peu de place pour les jambes et quand on a un grand spectateur juste devant soit c'est compliqué... Mais cela ne m'a pas gâché la soirée, le spectacle était magnifique.
Place Colette 75001 Paris