Présentation
Tableaux
Pour une « Trilogie Romantique Polonaise »
Extraits de la revue de presse
Considéré comme l’un des plus importants poètes et dramaturges de la période romantique, Juliusz Slowacki (1809-1849) est l’auteur à 24 ans d’une œuvre unique, Kordian, frère jumeau de Lorenzaccio et de Faust, Hamlet polonais, au succès jamais démenti, poème dramatique, drame fantastique et métaphysique, scénario de grand spectacle, base du « grand répertoire » national... peut-être l’œuvre théâtrale la plus souvent représentée en Pologne...
L’importance de cette pièce - non encore jouée en France, tient autant à sa richesse théâtrale et poétique qu’au caractère essentiel des thèmes abordés : la difficulté à vivre ses aspirations et sa révolte, la solitude dans le désir de changer le monde... et son universalité tient à ce que leurs héros naissent dans un contexte de modernisme de fin de siècle où règne une crise de valeurs, une perte de repères comparable à celle du début de notre millénaire. Le conflit des personnages contre le monde tel qu’il est, matérialiste, politique rejoignent nos propres combats et interrogations.
L’un des éléments les plus intéressants du Romantisme polonais réside d’ailleurs dans le fait que, contrairement aux autres grands courants européens, où le héros romantique se définit par un retrait de l’individu dans son propre monde intérieur, le personnage de Kordian se caractérise essentiellement par son combat contre la rationalité moderne qui ne peut être dépassée que par un engagement total dans le monde.
Pour ces raisons, Kordian reste ce héros d’il y a presque deux siècles dans lequel les jeunes se reconnaissent aujourd’hui.
Ce personnage est d’ailleurs devenu un modèle de comportement et une sorte de « héros national ». Son nom est utilisé comme pseudonyme dans les insurrections ; il est l’exemple du non-conformisme historique et social... Et pourtant, il n’a rien d’un héros, sauf le désir de le devenir.
Tout ce qu’il entreprend du point de vue pratique, l’amour, comme la libération de son pays n’aboutit pas. Sa jeunesse idyllique dans un manoir à la campagne (une prison-paradis) se nourrit de réflexions Hamletiennes, soif du sens d’amour malheureux et le conduit au désir de suicide, geste de désespoir, de révolte contre une situation sans issue non seulement personnelle mais existentielle.
La deuxième étape de sa vie, comme dans un roman d’apprentissage, est constituée de voyages et d’errances. Son aventure, voyage initiatique inversé, à l’instar de ceux de Peer Gynt ou de Faust, l’amène de déception en déception , lui montre la vanité et les faux-semblants d’une civilisation de l’argent et de la lutte pour le pouvoir, à laquelle la seule réponse peut être la révolte ou le suicide - désir éprouvé au point culminant de son écœurement et au plus haut sommet de la nature, le Mont Blanc.
Mais Kordian entrevoit lors de sa quête une nouvelle dimension collective : faire le don de soi, se « sacrifier » selon le langage de l’époque. Ses pensées révolutionnaires et terroristes naîtront alors de cette idée fondamentale...
La fin du drame en suspension annonce la naissance d’un nouvel homme, qui aurait dû générer l’écriture d’une nouvelle pièce, rendue impossible par la mort de Slowacki.
L’héroïsme de Kordian apparaît comme atemporel dans la mesure où il personnifie le processus dynamique d’acquisition d’une personnalité créative et d’une identité; d’autant plus riche qu’il doit dépasser la crise moderne de la relativité ; d’autant plus touchant qu’il apparaît encore une fois comme ses jumeaux Lorenzaccio et Hamlet, inapte à l’action, faible, velléitaire mais déterminé.
Préambule : en l’an 1799, dans la nuit du 31 Décembre ; préparatifs des diables pour le début du siècle.
I Dans la maison familiale
II 1828 Saint-James Park à Londres
III Une villa en Italie
IV Au Vatican... la portée symbolique de l’épisode du Vatican se réfère non seulement au temps réel de l’action (1828), période du règne de Léon XII, mais à l’époque de l’insurrection de Novembre 1830, quand le pape Grégoire XVI a explicitement condamné l’insurrection polonaise sous l’influence manifeste de l’ambassade de Russie. Cette encyclique n’était pas l’expression du rejet des Polonais, mais l’expression d’une politique générale du Vatican condamnant les mouvements de libération nationale.
V Le Mont Blanc, considéré à l’époque comme le plus haut sommet de la terre.
VI Les conjurés, complot contre le Tsar Nicolas Ier à l’occasion de son couronnement.... complot abandonné au dernier moment, à la suite du désaccord entre les jeunes et les « têtes blanches ». Ce tableau présentera la confrontation d’attitudes politiques et humaines, courantes en période de crise.
VII Dans le palais du Tsar.
VIII L’asile des fous.
IX Sur la Place de Saxe.
X L’affrontement entre le Tsar et son frère le Grand Duc
XI L’exécution ( ?)
Juliusz Slowacki - Kordian
Zygmunt Krasinski - Comédie Non Divine
Alexander Fredro - le Magnétisme des Cœurs
Les grands succès de ses mises en scène d’auteurs contemporains polonais, tels Boguslaw Schaeffer ou Janusz Glowacki ont permis à Urszula Mikos de se consacrer à une entreprise ambitieuse : la réalisation des drames les plus spectaculaires et les plus délicats à monter du répertoire polonais. Afin de faire connaître des œuvres jamais jouées en France mais contenant les ingrédients des grandes pièces de la littérature mondiale - universalité et actualité étonnante des sujets, maîtrise de leur traitement, richesse théâtrale...
Poursuivre la trilogie avec Comédie Non-Divine permet d’une certaine manière de compléter l’œuvre de Slowacki, celui-ci désirait en effet écrire la suite de sa pièce mais fut interrompu par la mort... la fin de Kordian en suspens le laisse d’ailleurs présager. Si cette pièce décrit la lutte de l’individu contre le monde, décrivant ses passions, son enthousiasme innocent et idéaliste, Comédie Non-Divine présente les coulisses du pouvoir et décrit la ruine des grandes idéologies.
Les désirs révolutionnaires et terroristes du héros de Slowacki sont fondés sur son envie de changer le monde et de trouver une pensée fondamentale. Il veut surtout défendre une position morale et un engagement dans le monde... mais la pièce montre comment cette attitude idéaliste et naïve connaît une courte vie dans un monde corrompu par le pouvoir et l’argent - comme aujourd’hui où l’enthousiasme d’avoir vu la chute des dictatures communiste est relayée par l’inquiétude devant les nouveaux pouvoirs qui s’y implantent : nationalisme, mafia... Henri, l’un des personnages centraux de la pièce de Krasinski, apparaît comme une sorte de Kordian vieilli et relativiste qui va découvrir les coulisses des camps révolutionnaires et conservateurs sans donner raison à aucun. Il est d’ailleurs difficile de comprendre comment Krasinski, jeune aristocrate, a pu concevoir la seule œuvre européenne de l’époque qui abordait l’idée de lutte des classes, alors que Karl Marx n’avait encore que 15 ans. Sa clairvoyance politique et sa prescience de la complexité des événements de notre histoire semble aujourd’hui exceptionnelle : réflexions historiques et méditations sur la Révolution Française fusionnent dans son esprit pour donner naissance à une interrogation magistrale du thème même de « révolution ».
Le Magnétisme des Cœurs, comédie Lyrique, plutôt que comédie d’action replace ces questionnements dans le cadre de l’intimité : elle décrit une véritable « guerre des sexes », où s’affrontent différents points de vue sur l’amour mais où aucune vérité inamovible ne s’impose. L’illusion peut devenir vérité ; le monde n’est peut-être que le théâtre des apparences et des fantasmes. Le rire qui se déclenche devant le théâtre de Fredro a été nommé le « terrible sourire », un sourire qui trahit chez l’homme la conscience de sa propre impotence et de son malaise...
L'Alsace - Une mise en scène inspirée - Dominique Feig - 25 janvier 2002
"...Le traitement très original de la mise en scène illustrait à la perfection l'itinéraire de Kordian, jeune révolutionnaire épris de romantisme et d'idéaux flamboyants./../.Les repères traditionnels de la tragédie volent en éclats et l'action se passe dans des lieux improbables entre Londres, le sommet du Mont Blanc et l'Italie./../.Entre réalité et mythe, la quête d'absolu de Kordian le pousse à comploter dans un ultime sacrifice contre le Tsar lui-même./../.La mise en scène d'Urszula Mikos déploie des trésors d'ingéniosité pour passer du réel à l'imaginaire. Voix off, films priojetés, bande-son entre hard rock et chants orthodoxes et nec plus ultra, l'image des acteurs filmés en simultané est projetée sur 2 écrans géants: effet dramatique garanti d'autant plus que le jeu des comédiens est à la hauteur des ambitions du spectacle./../.Pari tenu donc pour un spectacle hors normes qui aura mis une technique de pointe au service de la dramaturgie. A mille lieues d'un faire-valoir ou d'un effet de mode, vidéo et bande-son auront marqué d'une pierre blanche l'itinéraire d'un spectacle phare de la saison de l'Atelier du Rhin. "
DNA Région - Kordian, un héros polonais - Nathalie Chifflet -18 janvier 2002
"...Slowacki port là une interrogation universelle et intemporelle sur la responsabilité des hommes dans l'histoire de l'humanité, et la part de l'individu dans le sort collectif.../.../...Urszula Mikos loge l'œuvre dans un espace bordé d'écrans, où se projettent les interventions de l'un ou l'autre personnage, le point de vue live, aussi, de l'œil caméra posé sur la scène en train de se jouer. Entre surcroît de vérité et effet de mise à distance, dans le chevauchement du réel et du rêve, elle impose la contemporanéité du texte de Slowacki aux caractères joliment portés par ses onze comédiens.."
Reflets - DNA -"Kordian" par Urzsula Mikos- 16 janvier 2002.
"...Kordian dénote dans le paysage du romantisme européen parce qu'il sort le héros romantique de ses refuges intimistes, de ses états d'âme; pour lui insuffler une fougue et un élan insurrectionnel, révolutionnaire!..."
DNA - Région - Kordian de Slowacki - Philippe Schwab - 16 janvier 2002.
"...Un classique entre les classiques du théâtre romantique polonais, jamais joué auparavant en France.../.../...Urzsula Mikos insiste aussi sur l'énergie, et la dérision, dégagées par l'œuvre de Slowacki, écrite à 24 ans...".
L'Alsace - Le désir d'être un héros - interview d'Urszula Mikos - Annick Woehl - janvier 2002. (extraits)
"-Kordian est l'histoire d'une révolte, d'une recherche d'idéal, celle d'un jeune homme qui voudrait devenir un héros, qui envisage l'assassinat du Tsar Nicolas 1er comme solution à la vacuité du monde...
-C'est un texte très actuel qui parle de la tentation du terrorisme. Il démarre par une sorte de voyage initiatique du personnage principal, voyage au cours duquelKordian se confronte au pouvoir, à l'argent, à l'amour qu'on peut acheter, à l'hypocrisie de la religion. Face à ce monde dérisoire, superficiel, il va chercher la pureté. Il pense qu'en tuant le Tsar il pourra changer le monde, soulever le peuple. Il veut s'offrir en sacrifice.
-Le texte est très lyrique et peut sembler, par ses thèmes, très "adolescent"...
-Lyrique oui, romantique aussi, mais très contemporain. Slowacki l'a écrit quand il avait 24 ans. Il y a un côté onirique aussi, sur lequel je joue dans la mise en scène. J'aime passer de la réalité au rêve, en l'occurrence au cauchemar. C'est pour cela que j'utilise la musicalité du texte et aussi la vidéo pour passer d'une dimension à une autre.
-C'est du théâtre politique?
-Pas du tout. J'ai horreur de dénoncer quoi que ce soit sur scène. Je ne me mets pas dans la position de quelqu'un qui sait, qui donne des réponses. Je préfère essayer de toucher les gens. Mon engagement vient du choix des textes. Moi ce qui m'intéressait dans Kordian c'est la solitude de l'homme face au monde, face à la dérision de la société.../.../..."
RFI - A. Kumor
".../.../...Dans ses choix de textes apparaît une sensibilité au antihéros, à la solitude et à l’atmosphère délétère de notre temps : « Urszula Mikos trahit une profonde compréhension du tragique de l’homme d’aujourd’hui.../.../...»
46, rue Quincampoix 75004 Paris