
La baronne danoise Karen Blixen, connue sous le nom de plume d’Isak Dinesen, aurait offert son âme au diable, à la condition que celui-ci fasse de sa vie un récit digne d’être écrit. Sous son égide, Angélica Liddell pactise à son tour avec les ténèbres, dans l’espoir de transfigurer sa souffrance et de sublimer sa haine.
En espagnol, surtitré en français
Surtitrage en anglais sur l’intégralité des représentations
Souffrir pour écrire, écrire pour ne pas tuer : telle est l’équation que Liddell tente de résoudre pour surmonter l’affliction amoureuse dont elle a fait l’épreuve. En réprouvée, la metteuse en scène orchestre un rituel occulte, pour mieux conjurer son désir de vengeance, et érige un monument de cinq heures sur les décombres de son amour anéanti.
Au centre de la scène, sa brûlante poésie se mêle aux peintures sanglantes de Hermann Nitsch, résonne étrangement avec les chansons de Jacques Brel ou de Joe Dassin et s’attise, à nouveau, au souvenir de la littérature de Karen Blixen.
S’interrogeant sans complaisance sur sa propre noirceur, Liddell brosse également le portrait de notre monde, exhibant crûment sa violence et ses atrocités.
Créé dans l’interstice entre Liebestod et Dämon, présentés à l’Odéon en 2023 et 2024, Vudú se présente comme une malédiction ; au faîte de son œuvre, il est aussi l’occasion pour Angélica Liddell de livrer un art poétique puissant, qui rappelle, par le négatif, la sacralité du théâtre et le sacrifice qu’elle implique.
Place de l'Odéon 75006 Paris