
C’est un double retour : celui de Nadir dans la maison familiale, après une longue absence ; celui d’une pièce, Vertiges, originellement créée par Nasser Djemaï en 2017. Une re-création comme une mise en perspective, pour raconter au présent cette odyssée intime, où s’invitent les chimères, et où le réel se teinte de fantastique.
Pour avoir un « chez-soi », il faudrait d’abord savoir qui on est. Nadir, le fils prodige, incarne la réussite aux yeux de sa famille. Mais alors qu’il revient au chevet de son père mourant, il se sent devenu étranger – à sa tribu, à son quartier, à la maison de son enfance…
Près de dix ans après la création, Nasser Djemaï a voulu retrouver ses vertiges, pour en donner une version enrichie d’intuitions nouvelles, qui ouvrent le texte à de nouveaux imaginaires. Fable contemporaine conçue comme une contrevisite, pour raconter « une dette, une trahison, qui ne seront jamais soldées », mais aussi arriver au cœur palpitant de la vie « qui n’est vie que parce qu’elle est amour »
« Une chronique sociale et politique, à la fois sensible et drôle, au ton juste, qui le rappelle à chacun : tous, nous sommes nés quelque part ! » Chantiers de culture
« Ancrée dans la réalité d’une famille immigrée, vivant dans un appartement de banlieue où l’ascenseur est en panne, la partition de Nasser Djemaï exprime les douleurs, les faillites et les fantasmes de ces vies minuscules, mais donne corps aussi à une réconciliation, à une réparation au cœur du tragique. Ici un touchant rituel met l’amour aux commandes contre tout le reste, et redonne sens au poids des héritages de manière éminemment libre et personnelle. C’est très beau, et très émouvant. » La Terrasse
Il existe des mondes parallèles, tout près de chez nous, comme des poches gorgées de particules encombrantes, sans cesse irriguées par un trop plein d’incompréhension. Ces kystes urbains perçus aujourd’hui comme des prisons à ciel ouvert, des ghettos. C’est là que mes parents vivent, c’est là, entre autres, que j’ai grandi…
Lorsque nous sommes arrivés en 1987, on venait de la campagne. On ne connaissait pas la ville et l’arrivée dans ces cités a été vécue par toute la famille comme une véritable délivrance. Enfin on se sentait en sécurité, on était au chaud toute l’année, on pouvait faire les courses tous les jours, aller chez le médecin, le pharmacien.
Nous y avons vécu plusieurs années sans problème. Mais au fur et à mesure, le chômage a fini par gangréner ces quartiers et 28 ans plus tard, les choses ont terriblement changé. Tous ceux qui ont eu la possibilité de partir l’ont fait. Aujourd’hui il y a des familles très heureuses qui s’en sortent très bien, d’autres doivent se battre au quotidien pour survivre. Enfin certains ont fait le choix de se murer dans une quête identitaire et spirituelle en se coupant du monde.
Les banlieues, les cités, les ZUP, les ZEP, les quartiers, quartiers sensibles, quartiers populaires. Ces endroits où beaucoup de fantasmes se projettent, où les peurs se cristallisent, toutes ces appellations, ces identités flottantes, qui en disent long sur la difficulté de nommer « la chose ».
Nasser Djemaï
Oui, Nasser Djemaï est bien un maître du théâtre d’aujourd’hui. Il reprend sa pièce « Vertiges », ajustant le texte à la marge, avec une nouvelle mise en scène et une distribution en partie renouvelée. En alternance, il joue d’ailleurs lui-même le rôle de Nadir, ce transfuge de classe débarquant dans sa famille. Comme tous les membres de celle-ci, il a sa part de sagesse et sa part d’arrangements et de compromissions avec les vérités de l’existence. La confrontation des classes mais aussi celle des sexes et celle des générations nous apportent leurs lots de tensions et d’humour. Marque de fabrique de l’auteur, comme dans « Les Gardiennes » et « Kolizion », le fantastique a sa part, dans un cauchemar ou dans le personnage de la voisine, mutique passeuse vers l’au-delà. Ce spectacle aux multiples facettes m’a semblé parfaitement maîtrisé. Il réjouira chez le spectateur tout autant la capacité à s’émouvoir que sa tendance à aimer les spectacles qui donnent à voir la société d’aujourd’hui ou encore que son inclination pour le mystère et la poésie. Allez-vite voir « Vertiges » dans ce lieu magnifique qu’est la Manufacture des Œillets, qui abrite le Théâtre des Quartiers d’Ivry. À Ivry jusqu’au 30 novembre seulement puis en tournée.
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Oui, Nasser Djemaï est bien un maître du théâtre d’aujourd’hui. Il reprend sa pièce « Vertiges », ajustant le texte à la marge, avec une nouvelle mise en scène et une distribution en partie renouvelée. En alternance, il joue d’ailleurs lui-même le rôle de Nadir, ce transfuge de classe débarquant dans sa famille. Comme tous les membres de celle-ci, il a sa part de sagesse et sa part d’arrangements et de compromissions avec les vérités de l’existence. La confrontation des classes mais aussi celle des sexes et celle des générations nous apportent leurs lots de tensions et d’humour. Marque de fabrique de l’auteur, comme dans « Les Gardiennes » et « Kolizion », le fantastique a sa part, dans un cauchemar ou dans le personnage de la voisine, mutique passeuse vers l’au-delà. Ce spectacle aux multiples facettes m’a semblé parfaitement maîtrisé. Il réjouira chez le spectateur tout autant la capacité à s’émouvoir que sa tendance à aimer les spectacles qui donnent à voir la société d’aujourd’hui ou encore que son inclination pour le mystère et la poésie. Allez-vite voir « Vertiges » dans ce lieu magnifique qu’est la Manufacture des Œillets, qui abrite le Théâtre des Quartiers d’Ivry. À Ivry jusqu’au 30 novembre seulement puis en tournée.
Manufacture des Oeillets 1 place Pierre Gosnat 94200 Ivry-sur-Seine