Peu Importe

• Interroger l'absurdité du couple

Un salon envahi de paquets-cadeaux. Des rubans, des promesses, des illusions bariolées.

Au milieu, Simone et Erik, un couple qui se débat avec les fissures de son quotidien. Elle traduit à domicile, il jongle entre les enfants et les corvées ménagères. Les rôles s’inversent, les certitudes vacillent, et ce qui semblait n’être qu’une comédie de mœurs se transforme en radiographie acide de nos sociétés contemporaines.

Marius von Mayenburg, figure majeure de la scène allemande, compose ici une pièce féroce et brillante, où la charge mentale, la fatigue des compromis, la jalousie ou encore les sacrifices professionnels se disputent la place d’un amour usé. Derrière l’humour, affleure une lucidité implacable : le capitalisme, les inégalités de genre et les désirs intimes s’entremêlent pour dessiner le portrait d’un couple — et, à travers lui, de chacun de nous.

Avec Peu importe, l’auteur du Visage de feu et du Moche revisite la tradition du théâtre familial, entre Ingmar Bergman et Heiner Müller, pour offrir un miroir cruel, parfois absurde, mais profondément humain. Une pièce où l’intime devient politique, et où les rubans colorés cachent mal les ruines d’un amour contemporain.

• La presse

« Mission accomplie en beauté ! La fable cinglante de Marius von Mayenburg est interprétée à couteaux tirés. Les comédiens sont parfaits : ils surfent avec agilité, dans l'enchainement des répliques, à vitesse grand V. » Le Monde

« Pépite du Off. Dans une scénographie inventive, deux comédiens remarquables portent une pièce à ne pas manquer ! Un regard acéré et toujours drôle sur la superficialité et la violence du monde contemporain. » L'Autre Scène

« Qu’en est-il du mariage, de la maternité et de la répartition des tâches ? Avec insolence et un humour très noir, Marius von Mayenburg imagine un duo décoiffant où il se plait, à mi-spectacle, à intervertir cruellement les professions du mari et de l’épouse Les comédiens incarnent à toute vitesse, dans une mise en scène percutante de Robin Ormond, cette vie de couple si ordinaire devenue soudain champ de ruines. Saignant ! » TTT Télérama

« On ne peut qu'être bouche bée devant ce spectacle. Incroyables de finesse, de précision, d'implication. » L'Affiche

« Coup de cœur ! D'une férocité noire et admirablement joué par Marilyne Fontaine et Assane Timbo. Il faut vraiment y aller. » France Inter

• Note d'intention

Que se passe-t-il lorsque toute tentative d’affection et d’intimité s’enferme dans un cycle infini de conflits et de ressentiment ? Dans Peu importe, le dramaturge allemand Marius von Mayenburg s’emploie à interroger jusqu’à l’absurde tout ce qui semble pouvoir cimenter un couple : l’égalité, l’écoute, le dialogue. A chaque déception, si infime soit-elle, à chaque réponse manquante aux questions les plus simples, ce sont de petites cathédrales qui s’effondrent, en soi-même et chez l’autre. L’auteur bâtit autour de ce phénomène un texte au rythme et à la forme réalistes, où l’on s’interrompt en permanence dans sa pensée et dans ses mots, où l’on a à peine le temps de désirer, d’objecter, de compléter, que la langue nous échappe, que déjà l’erreur est commise et que le mal est fait, même involontairement. Au-delà du poids des attentes et des conventions qui influencent les relations intimes, Mayenburg décrit non sans humour mais sans relâche et avec cruauté, un schéma répétitif de frustration et d’incompréhension. C’est une écriture faite de ruines, où les paroles sont déchets, échecs, où l’on se corrige, se contredit, où l’on se connaît trop bien et où les surprises n’amènent que confrontation et amertume. Il s’agit ici pour moi d’explorer l’usure de la relation humaine, la difficulté à rester soi-même lorsqu’on s’est si longtemps abandonné à l’autre, lorsque son propre désir a créé un vide en soi que l’autre n’a fait qu’accroître sans le combler. Pour ce faire, nous resterons au plus près du texte, de sa vitesse et des virages qu’il prend. Les deux comédiens circuleront dans un espace fait des ruines de leur relation, un sol jonché des cadeaux qu’ils ne se sont jamais faits ou n’ont jamais ouverts, des jouets d’enfants que l’on ne range plus, de tout ce que l’on a laissé mourir en route. Il nous faudra explorer en virevoltant tous les chemins qu’il emprunte, si cruels, pentus, illogiques soient-ils. C’est le seul hommage possible à faire à un texte qui dissèque le couple sans jamais abandonner son humanité, et à un auteur que je retrouve avec exaltation pour la troisième fois.

Robin Ormond