Les Autonautes de la cosmoroute

du 21 mars au 19 avril 2012
1h45

Les Autonautes de la cosmoroute

L’autoroute Paris-Marseille, 65 aires visitées par Julio Cortázar puis, trente ans plus tard, revisitées par Thomas Quillardet. Voilà un projet empli d’une douce folie, sorte de braconnage d’instants qui propose certes un théâtre tout de jeu et de légèreté, mais au bord de gouffres secrets.
  • Une folle chronique qui se fait chant d’amour

Julio Cortázar, argentin installé en France (de 1951 à sa mort, en 1984), cultive le mélange des genres, transgresse les frontières. Inventeur de l’hypertextualité et de la microfiction, il pose sur le réel le regard incisif et neuf de l’exilé, faisant surgir la poésie de la banalité du quotidien. En 1982, sa femme Carol Dunlop et lui, se savent atteints d’une maladie incurable. Ils décident de faire leur dernier voyage ensemble, une tentative désespérée de dilater le temps. Le besoin d’être à deux, face aux assauts du monde, une dernière fois.

Pendant un mois, ils vont sillonner l’autoroute du sud entre Paris et Marseille en Volkswagen Combi, avec deux arrêts par jour sur les 65 parkings de l’autoroute, sans jamais la quitter. De cette expédition ahurissante et poétique, ils tirent un livre, entre récit de voyage et ode à l’oisiveté, entre autofiction et délire : Les Autonautes de
la cosmoroute.

En écho aux récits des grands explorateurs, partant de l’observation scientifique, la chronique se fait chant d’amour, celui de l’un pour l’autre, celui qu’ils portent à la vie. Célébration du pur présent, le voyage, à rebours du temps, n’en révèle pas moins l’époque contemporaine. Trente ans après, avec le livre pour guide, notre collectif refait le voyage pour un spectacle que nous voulons libre et pluriel : adaptation littéraire, roman photo, théâtre documentaire, visions oniriques, écriture au plateau à partir d’improvisations des acteurs, projections de vidéos, de photos, volonté de mêler musique, textes littéraires, délires et réalité. Le livre et le voyage sont une matière de jeu pour les acteurs, le metteur en scène, la scénographe, le musicien et tous les gens participant au projet.

Sur les traces de Cortázar nous partons donc sur la route. Les répétitions « hors les murs » sont un jeu de piste : autre façon d’inventer la matière d’un spectacle en poursuivant l’expérience des créations précédentes, Le Repas de Novarina ou Villégiature d’après Goldoni. Entremêlant les textes de Cortázar aux matériaux glanés au fil de notre périple, nous revenons entre les murs de la salle de répétition, pour transformer cette polyphonie d’instants braconnés, d’éclats d’enfance, de digressions, et faire que la réalité produise la fiction. Au carrefour de la trivialité du monde et de l’illusion théâtrale.

  • Cortázar, le réel et nos échappées

Le pouvoir de l’imaginaire, un rapport au monde ludique, la célébration comme regard critique, les micro-narrations de notre quotidien comme terrain de jeu, la mélancolie joyeuse, l’intensité et la solitude inhérentes à la poésie, ces éléments expérimentés en vrac et inconsciemment à la fois dans Le Repas, et Villégiature, rencontrent une nouvelle étape avec l’écriture de Julio Cortázar. Comme une synthèse nous permettant de mettre un nom, de pouvoir définir un peu plus ce que nous cherchons, ce qui nous intéresse au théâtre. Tout en n’étant pas toujours très sûrs.

  • Micro fictions

L’écriture de Julio Cortázar nous dessine de nouveaux contours, un monde à la fois cohérent et disloqué. Il est l’inventeur, du saut de pages, du renvoi, de la narration séquencée, trouée. Il réinvente un mode de lecture, qui n’est plus celui de la linéarité. Il crée un labyrinthe narratif et en montre les ficelles. La littérature devient un terrain de jeu, au service du récit. Il refonde les codes du « cuento » argentin, il le pousse jusqu’à ses limites, le déconstruit, le revivifie : nous assumons que nous racontons une histoire, celle d’un voyage qui a un début : nous partons de Paris, et une fin : nous arrivons à Marseille.

  • Jeu et réalité : outils pour notre spectacle

La base du délire imaginatif de Cortázar est le réel et le quotidien : il ne s’en éloigne jamais. Il fait du réel, un puzzle, un jeu, avec les propres outils de la littérature. Il n’est jamais dans l’abscons, dans le discours auto-référencé. Il est toujours en lien avec le lecteur. Il ne l’exclut jamais. C’est cette conscience, cette attention portée à l’autre qui définit aussi pour nous, le lien entre le plateau et le spectateur. Notre but est de s’essayer à une tentative de dialogue avec l’autre. Ce qui n’empêche pas de la manipuler ou de la perdre. C’est un jeu de cache-cache.

  • 7 Frontières : nouvelles possibilités de jeu

L’oeuvre de Cortázar n’a pas de frontière formelle, il va où il veut, il invente un art singulier, décomplexé, ôté de toute autorité critique. Il mêle discours scientifique, autofiction, parodie, roman, essai, mélange les points de vue. Il utilise les genres considérés comme mineurs. Il opère une déconstruction logique et rigoureuse soutenue par un phrasé rythmique et une forme en tension. C’est pour cela aussi que chaque texte de Cortázar a un code. Nous ne sommes pas dans l’écriture automatique, au fil de l’imaginaire. Il crée à chaque fois, une ritournelle, un rituel et ce sont ces codes de jeu, que nous voulons explorer théâtralement.

  • Derrière le quotidien

En ritualisant le quotidien, en jouant avec, en l’explosant, Cortázar truffe ses récits de fantastique. Il construit un univers onirique à partir du quotidien. Chez Borges, c’est un fantastique rêvé : il invente un monde. Cortázar, lui, en montre les arcanes. Il ne le coupe pas de l’objet littéraire, qui devient lui-même fantastique. Son fantastique n’est pas sérieux. Il est concret, matériel. Il est de l’ordre de l’expérimentation, du performatif. Il se vit. C’est un onirisme hautement théâtral car il se voit, il transforme, il transgresse. Avec Cortázar, le verbe « transformer » prend tout son sens. C’est une matière de plateau pour l’acteur. Il aide l’artiste à voir au-delà du quotidien. C’est là aussi le coeur de notre projet : durant toute l’élaboration et les répétitions de notre spectacle, nous nous focalisons sur l’« à côté », le non-lieu, les contours, la périphérie. Avec une idée en tête, ce sont les détours qui nous mènent au centre.

  • Éduquer notre regard, ne pas céder à la grande habitude

C’est toute la magie de Cortázar : un détail insignifiant de nos vies, la chose la plus triviale peut être transformée en récit de vie, en nécessité absolue, de la même manière que Cortázar la transformait en littérature. Le spectacle dans son ensemble doit nous pousser à rejeter ce que Cortázar appelait : « la grande habitude ».

  • L’artiste en explorateur

Notre posture dans ce projet, se résume à réinterroger l’évident, le « ça va de soi ». Cortázar porte sur le monde, un regard de déplacé. il regarde la réalité à travers un autre prisme : celui de l’étranger. Il regarde venant du dehors, floute la réalité. C’est cette posture, celle de l’exil, aussi volontaire soit-il, que tous les artistes impliqués dans notre création tentent d’avoir.

Thomas Quillardet

  • La presse en parle

« L'humour absurde fuse. L'histoire d'amour entre les deux protagonistes, joliment rendue, donne de la consistance à ce projet loufoque. Le plaisir que prennent ces jeunes comédiens sur scène est communicatif. » L'Express

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

Informations pratiques

La Colline (Théâtre National)

15, rue Malte Brun 75020 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Gambetta Librairie/boutique Restaurant Salle climatisée Vestiaire
  • Métro : Gambetta à 73 m
  • Bus : Gambetta - Pyrénées à 53 m, Gambetta à 57 m, Gambetta - Cher à 144 m, Gambetta - Mairie du 20e à 150 m
  • Station de taxis : Gambetta
    Stations vélib  : Gambetta-Père Lachaise n°20024 ou Mairie du 20e n°20106 ou Sorbier-Gasnier
    Guy n°20010

Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

La Colline (Théâtre National)
15, rue Malte Brun 75020 Paris
Spectacle terminé depuis le jeudi 19 avril 2012

Pourraient aussi vous intéresser

Partenaire
- 44%
La Loi du marcheur

Théâtre de la Bastille

Oublie-moi

Théâtre Actuel La Bruyère

La réunification des deux Corées

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Un Tramway nommé Désir

Théâtre des Bouffes Parisiens

Spectacle terminé depuis le jeudi 19 avril 2012