Julien Gosselin joue avec la temporalité grâce à un dispositif impressionnant. Les comédiens sont excellents et évoluent dans une mise en scène mêlant théâtre et cinéma. Le public et la presse sont unanimes : c'est absolument magistral.
À partir du destin d’Ékatérina Ivanovna, qui trouve refuge dans la débauche après avoir survécu à la tentative d’assassinat de son mari, Le Passé explore les gouffres et les abîmes d’un monde perdu : l’œuvre méconnue de Léonid Andréïev, auteur russe injustement relégué à l’oubli après la révolution de 1917.
C’est le traducteur André Markowicz qui suggère cette lecture à Julien Gosselin, lorsque ce dernier lui confie son désir de créer un spectacle qui mettrait sur le même plan « la disparition du théâtre et la disparition à venir de l’humanité ».
Considérer le passé, depuis notre présent, avec le même regard distant et incertain que celui porté vers le futur : tel serait le vertige que produit Le Passé, à travers une mise en scène où les formes contemporaines se conjuguent à la nostalgie d’une théâtralité d’autrefois.
« Enorme claque […] un spectacle magistral » Télérama sortir TTTT
« Ovationnée vivement par le public, la pièce Le Passé de Julien Gosselin, d’après les textes du dramaturge et écrivain russe Léonid Andreïev, [...] un exploit de mise en scène, de jeu d’acteurs, de scénographie, de tournage... » Dernières Nouvelles d'Alsace
« Tous [les comédiens] se révèlent magistraux d’exactitude et d’intensité. En dialogue constant avec la musique de Guillaume Bachelé et Maxence Vandevelde, où le piano et les beats se confondent, ils livrent une performance qui donne aux personnages d’Andréïev un déchirant et ambivalent relief mélancolico-nostalgique... » Scèneweb
Le théâtre ne se conjugue-t-il qu’au présent ? Julien Gosselin lui préfère le futur antérieur. Ce n’est pas par hasard qu’avec la compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur, il s’est fait connaître par une adaptation des Particules élémentaires, de Michel Houellebecq, suivie de travaux sur l’écriture romanesque de Roberto Bolaño ou Don DeLillo, présentés à l’Odéon en 2014, 2016 et 2018.
Un peu à la manière de Treplev dans La Mouette de Tchekhov, il porte en lui une utopie particulière : celle d’une scène qui viendrait nous parler du fond de l’avenir, longtemps après la disparition de l’humanité. Moins pour nous interpeller que pour faire sentir combien notre époque est d’emblée traversée par ce qui adviendra. La modernité porte déjà le souvenir de son propre deuil… Ce regard qui tient notre temps à distance de lui-même, voici que Gosselin le tourne vers le passé. Il y a découvert un auteur pour qui le théâtre est le lieu réservé non aux vivants mais aux revenants, où notre propre vie fait silence pour « voir les morts vivre à nouveau » : Léonid Andréïev.
« Ses phrases », dit Gosselin, « vous creusent un trou dans le cœur ». Ses textes, son théâtre, interrogent un désir obsédant, celui de vivre en excédant les limites de l’existence. Entre la mort de Tchekhov et le premier conflit mondial, la célébrité d’Andréïev fut immense. Vint 1914, puis 1917, et il fut oublié. Sa voix n’était pas de celles qui s’accordent avec quelque régime que ce soit. Pour la faire entendre, Gosselin s’est attaché à transformer son propre langage artistique : accueillir le passé, c’est aussi laisser revenir son théâtre, jouer avec la nostalgie des signes d’autrefois.
Place de l'Odéon 75006 Paris