Le Misanthrope

Montigny-le-Bretonneux (78)
du 3 au 6 mars 2014
2h45

Le Misanthrope

La tragi-comédie de Molière est selon Jean-François Sivadier une mise en crise, du théâtre et de la société. Interprétée par une belle troupe de comédiens (dont l'exceptionnel Nicolas Bouchaud), elle traite de toutes les contradictions humaines avec drôlerie et énergie.
  • Une mise en crise du théâtre et de la société

D’ordinaire, Alceste est irritable. Aujourd’hui, il est irrité. Quand le rideau se lève sur sa querelle avec Philinte, mieux vaudrait peut-être le baisser tout de suite : quelque chose ou quelqu’un ne tourne plus très rond… Ce Misanthrope selon Sivadier est d’abord une mise en crise, du théâtre non moins que de la société. Que se passe-t-il ? Bien sûr, Alceste a des soucis : un procès mal engagé, et surtout une affaire de coeur qu’il prend très au sérieux. Mais aujourd’hui, entre lui et le monde, Célimène doit trancher, qu’elle le veuille ou non. Au fait, le veut-elle ?...

Alceste peut d'abord être vu comme un malade, affligé à son insu d'un excès de bile noire : sa misanthropie s'expliquerait d'abord par sa mélancolie. Mais la critique qu’il adresse à l'humanité entière n'est pas qu'un symptôme. Comment les hommes peuvent-ils s'abaisser à tant de dissimulation pour s'intégrer à des groupes où règne la seule loi de l'intérêt ?

Sivadier aime l’énergie sombre et « l’étrangeté de cette pièce très politique justement parce qu’elle a l’air de s’en tenir à la sphère privée ». Il aime aussi les contradictions d’un héros où il voit « une part de chacun d’entre nous », éternellement en guerre contre notre autre part : le très sociable Philinte, accommodant au risque de la compromission…

Nicolas Bouchaud s’est fait depuis quelques saisons une spécialité de ces grands rôles éruptifs, passionnés et puissants, qui nous livrent à travers leurs courses folles ou leurs explosions sur place quelques aperçus sur nos vérités multiples. Jean-François Sivadier et son interprète de prédilection se retrouvent avec d’autres compagnons, dont Norah Krief, Vincent Guédon et Cyril Bothorel, pour attaquer ensemble une nouvelle étape de leur périple théâtral.

  • La presse

« Jean-François Sivadier a monté un Misanthrope enjoué. Il redonne à la pièce sa tonalité de comédie noire, tragi-comique, emmenée par une belle troupe de comédiens. Le spectacle regorge de petites trouvailles merveilleuses, drôles et décalées. » Stéphane Capron, France Inter, 10 janvier 2013

« Très drôle au début, le spectacle glisse peu à peu vers la mélancolie noire et grinçante (...). On le suit d'autant plus, cet Alceste (...) qu'il est interprété par un Nicolas Bouchaud à la puissnce de jeu exceptionnelle. » Fabienne Darge, Le Monde

« Ce Misanthrope généreux, haletant, au plus près du texte, est vécu par les spectateurs comme une course folle - la fuite des hommes, qui, aujourd'hui comme hier, ne savent pas s'accepter et s'aimer. Jean-François Sivadier réconcilie le classique et le moderne, le théâtre d'images et de tréteaux. Molière sur un air des Clash porte jeune et beau. » JP Chevilley, Les Echos, 10 janvier 2013

« La troupe est prise dans une course folle conduite par un Nicolas Bouchaud survolté. Le travail de Jean-François Sivadier, depuis toujours, dans la gaîté, le goût du partage, de la transmission, l'emportement, répétons-le, est essentiel pour le théâtre, aujourd'hui. » Armelle Héliot, Le Figaro, 27 mai 2013

  • Définitivement humains

« Molière signe une pièce politique où l'on voit un homme qui refuse le monde tel qu'il est tout en refusant d'abord de le fuir. Un homme qui met en crise le contrat social, qui rêve maladroitement d'une révolution des rapports entre les hommes. Un acteur qui veut arracher son masque et qui tremble de découvrir son visage véritable.

Deux hommes, au bord du plateau, au seuil du monde civilisé, parlent. Deux hommes comme un seul qui dialoguerait avec lui-même, se combattent et s'accouchent l'un et l'autre d'une parole qui prend rapidement pour chacun des deux des allures de manifeste. L'un prône l'absence totale de compromis, la sincérité absolue jusqu'au chaos, l'autre, un accommodement bienveillant au jeu social pour maintenir un ordre. L'un rêve d'une société sans masques, l'autre appelle cela la jungle. Alceste est radical, Philinte est modéré.

La question n'est pas de savoir qui a tort, qui a raison et si on doit choisir son camp. La première scène du Misanthrope n'est pas la conversation entre deux amis dont l'un défendrait la sincérité et l'autre l'hypocrisie, mais l'exposition d'une question vertigineuse qui les concerne également, qui nous concerne également. La question serait plutôt : est-il possible dans un monde civilisé d'être autre chose que les deux à la fois ?

Le théâtre commence quand Molière invente dans l'esprit d'Alceste une faille déterminante : l'ennemi du genre humain est amoureux fou de celle qui représente, à ses yeux, le meilleur exemple de duplicité. Mais la raison n'est pas ce qui règle l'amour : le Misanthrope est une comédie. Aux pieds de Célimène qui accueille chez elle « l'univers entier », Alceste, qui ne veut que « être unique ou disparaître », pose un ultimatum : « moi ou les autres ». Célimène ne choisit pas. Alceste qui ne voulait pas entrer sur scène, ne veut plus du tout en sortir mais seulement être ici et maintenant, vulnérable, nu, sans masque ni maquillage. Prétendant que les autres font du théâtre et que lui n'en fait pas, il veut parler aux acteurs cachés derrière leur personnage. Sa position intenable, tragi-comique (toujours-là-déjà-parti) déséquilibre le plateau. Tout le monde dérape et Alceste comme les autres.

Dans une oeuvre qui ne cesse d'interroger la complexité humaine à travers de grands caractères obsessionnels, la folie d'Alceste ressemble à celle de ses « frères », Orgon, Jourdain, Arnolphe, Dom Juan, Argan, Harpagon se rêvant le temps d'une pièce demi-dieux, au-dessus du monde et des lois et, au terme d'un voyage initiatique au bout de leur délire, se retrouvant cloués au sol, dans la réalité, faillibles, définitivement humains. »

Jean-François Sivadier

  • Extrait

« - Moi, me plaindre doucement ?
- Oui. L’on ne vient point crier de dessus un théâtre ce qui se doit dire en particulier.
- J’y viens, moi, morbleu ! tout exprès, c’est le lieu qu’il me faut, et je souhaiterais que ce fût un théâtre public, pour vous dire avec plus d’éclat toutes vos vérités. » Molière

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