Le Duc de Gothland

du 7 septembre au 9 octobre 2016
3 heures environ

Le Duc de Gothland

Bernard Sobel met en scène Denis Lavant dans une œuvre de Grabbe qui questionne les fondements de notre civilisation si peu naturelle et si fragile, si contestable et si précieuse.
Bernard Sobel réunit une troupe puissante de 15 comédiens pour raconter le combat sans merci de Berdoa, incarné par Denis Lavant, contre le Duc de Gothland et sa civilisation qu'il s'acharne à détruire pour venger mépris, oppression et pillages longtemps subis.
  • Récit d'une barbarie

Dans le vacarme du vent et les cris des naufragés, une mer déchaînée lance sur les rivages d'Europe des peuples venus venger mépris, oppression et pillages longtemps subis.

Mais celui qui les conduit de massacres en incendies, demi-mort ressuscité par la haine et le désir de vengeance, ne veut pas seulement détruire matériellement ce monde exécré, blanc et chrétien, qui l'a réduit en esclavage au prétexte de sa couleur de peau. C'est à une civilisation qu'il s'attaque, au socle même d'un ordre moral, social et politique qui se prétend supérieur aux autres.

Comme Rimbaud, Grabbe se veut « nègre », se fait « nègre » pour arracher leurs masques à ceux qui, sous couvert de civilisation et de supériorité morale, pillent et asservissent les peuples.

  • La presse

« Jamais l’attention ne retombe, car ce feuilleton échevelé, ce roman d’aventures tout en rebondissements, avec ses souffrances humaines bouleversantes, son écriture magnifique, ses images, ses réflexions, sa portée métaphysique, passionne. (...) Bernard Sobel a réuni une troupe puissante de quinze comédiens. (...) Du sang, des larmes, du désespoir. La perte de tous les repères. Une pièce incroyable, un spectacle enthousiasmant. » Armelle Héliot, Le Figaro, vendredi 16 septembre 2016

« Sa mise en scène de Duc de Gothland est d’une sobriété qui résiste à l’épreuve du temps. (...) Ensuite tout repose sur la force du texte et le jeu de tous les acteurs, juste, intense, nerveux. Ils sont quinze à la manœuvre. Citons Denis Lavant, magistral, animal blessé et enragé, dans la peau de Berdoa. Matthieu Marie joue d’étonnantes variations dans le rôle du duc. Une pièce d’une féroce actualité, écrite par un jeune homme enragé, visionnaire, qui a une conscience brûlante du monde à venir ». Marie-Josée Sirach, L’Humanité, lundi 19 septembre 2016

« Comment nous faire vivre cet instant où la civilisation bascule dans la barbarie et où tout s’effondre ? Le metteur en scène Bernard Sobel, qui ne cesse d’interroger les poètes d’hier pour mieux comprendre le monde d’aujourd’hui, a exhumé cette tragédie écrite il y a deux siècles par Christian Dietrich Grabbe, pour nous secouer. Et c’est réussi ! (...) La descente aux enfers de ce héros dépourvu de lucidité, qui réduit en miettes les valeurs morales, voilà ce que peint cette tragédie impitoyable. Avec une direction au cordeau, les 15 comédiens, très jeunes pour la plupart, nuancent les teintes de cette sombre fresque, vont et viennent de la salle à la scène, au décor de forêt de sapins renversés, sorte d’épées de Damoclès. » Mathieu Perez, Le canard enchainé, mercredi 14 septembre 2016

« Il y a dans cette pièce traversée d’orages, de tonnerre, de nuit et de tempête, un souffle shakespearien (il y a du Richard III dans Berdoa) et des personnages incroyables. Les pièces de Grabbe ont la réputation d’être injouables. Sobel prouve une fois de plus le contraire servi par une pléiade d’acteurs véloces emmenés par Mathieu Marie (Théodore) et le « nègre » Denis Lavant. » Jean-Pierre Thibaudat, Blog Balagan

« La pièce participe d’une sorte de concentré de la pièce de William Shakespeare : Berdoa tiendrait d’Othello pour le courage guerrier et de Iago pour la perversité, de Richard III pour l’énergie dévorante. Gothland, comme Othello, se goinfre de perfidie comme si elle était vérité, Macbeth lâche devant ses propres fautes, qui massacrerait pour prouver qu’il n’est pas coupable, et tous les seconds rôles de tyrans du répertoire. Conduite, fouettée par un Denis Lavant au mieux de sa forme, sous une forêt à l’envers de Lucio Fanti, image d’une nature dénaturée, la pièce avance avec une force réjouissante. » Christine Friedel, Théâtre du Blog

« Matthieu Marie pour le vertueux puis finalement infernal Duc de Gothland d’un côté, avec de l’autre, Denis Lavant pour le « Nègre » en Machiavel, il ménage ses effets, voguant entre mélancolie et comique distancié. Silhouette altière et voix aux intonations profondes pour celui qui va se livrer à la corruption – sorte de Don Quichotte raté -, et aisance volubile d’enfant espiègle pour le malmené par l’Histoire et les colonialismes – un Sancho Panza autonome et décidé – qui défait les certitudes pour reconstruire mieux peut-être ailleurs. Un duo dévastateur et fou qui traduit à merveille les troubles confus du monde. » Véronique Hotte, Hottello

« Bernard Sobel met de l’énergie sur le plateau. C’est nerveux. Les comédiens sont toujours en mouvement, sur scène mais aussi dans la salle avec le public. La salle en pierre du Théâtre de l’Épée de Bois se prête merveilleusement bien à l’action de cette pièce épique. Elle ressemble à une salle d’un vieux château. Une forêt de sapins renversés – seul élément de décor – est suspendue au dessus de la tête des comédiens, comme des lames de couteaux. Elle est baignée tantôt par les flots de la mer tantôt par une tempête de neige. C’est incontestablement dépaysant et très contemporain. Christian Dietrich Grabbe s’attaque à la civilisation chrétienne dominante du 19ème siècle. Moderne pour l’époque ». Stéphane Capron, sceneweb.fr

  • Note de mise en scène

J’aime chez Grabbe que l’Histoire, lointaine ou proche, soit sa matière poétique, non comme un refuge contre le présent, mais pour mieux le comprendre. J’aime qu’il prenne la matière historique à bras le corps, à l’échelle de l’Europe ou à celle de son équivalent pour le monde antique, le bassin méditerranéen. Mais c’est une pensée qui vient d’en bas et du fond d’une prison, celle dont son père était gardien et où il a grandi, dans une petite ville de province dont il n’a pu s’échapper ; et l’histoire des hommes est autant pour lui celle des petits que des grands, celle du marchand de poisson et celle du stratège génial, à égalité. Son oeuvre abonde de personnages aussi inoubliables que les fossoyeurs d’Hamlet.

J’aime, dans nos époques faites de tsunamis successifs, politiques, économiques, philosophiques, écologiques, quand la survie même de l’espèce et celle de la planète sont en question, son refus de l’espérance comme celui du désespoir, puisque de toute façon, au présent, l’avenir est indécidable. Le théâtre, toujours, en commençant par les Grecs, frappe à cette porte mystérieuse du sens et du non sens.

Grabbe a inventé un outil qui sans mise en oeuvre de moyens extraordinaires nous permet de « voir » de grands événements de l’histoire des hommes qui ont moins besoin d’être montrés que donnés à réfléchir et à comprendre. Et je n’hésiterai pas à dire de Grabbe qu’il est mon contemporain, « absolument moderne » comme Rimbaud, ayant forgé un théâtre qui dans son texte et dans sa méthode nous permet d’affronter l’aléatoire de notre univers et de notre condition. Face à la mondialisation, au retour du religieux, à la recherche de refuges « hors du monde », Grabbe est aussi nécessaire qu’Eschyle, toujours aussi « moderne » que lui.

Grabbe a vécu une vie douloureuse et brève. Il aurait eu les meilleures raisons du monde d’être désespéré. Il y a de la fureur, de l’extravagance, du grotesque, dans sa vie et dans son théâtre, mais jamais de tragédie, ou alors c’est du « théâtre, du mauvais théâtre. ».

Oui, dit Grabbe, sans nostalgie comme sans illusions, nous sommes dans ce monde et il n’y en a pas d’autre. Son théâtre rompt avec la métaphysique, la morale, la psychologie. Il le fait brutalement. Familier de Shakespeare, auteur de la Shakespearomania, l’histoire des hommes est pour lui aussi « une histoire pleine de bruit et de fureur, ne signifiant rien », et il affirme furieusement contre toute la philosophie de l’Histoire de Hegel – qu’il exècre – qu’elle n’a ni sens ni signification. Ce qui ne signifie pourtant jamais qu’il faille renoncer à agir, baisser les bras devant l’absurde. Il n’y a pas d’absurde chez Grabbe, il y a des intérêts, de la lâcheté, de la bêtise, de l’énergie, de la fatigue, de l’ambition, du grotesque, des erreurs, de mauvais choix, mais ni absurde ni tragique. Comme les Tragiques grecs, il s’attache à montrer comment les choses adviennent, le plus souvent en raison de mauvais choix, d’erreur de jugement. Mais sans fatalité. Il n’y a pas de tragique en soi. Et je pense à cette réflexion de Jean-Pierre Vernant, dont je ne sais plus d’où elle vient mais qui m’avait frappée et que j’avais notée : « Voici donc une solution à la condition humaine : trouver par la mort le moyen de dépasser cette condition humaine, vaincre la mort par la mort elle-même, en lui donnant un sens qu’elle n’a pas, dont elle est absolument dénuée. »

Voilà pourquoi vouloir aujourd’hui monter Grabbe, auteur allemand toujours quasi inconnu du début du XIXème siècle, contemporain sans succès de Büchner, un raté, un furieux alcoolique mort à 35 ans, auteur de sept pièces dont quatre inachevées et toutes réputées injouables.

Et puis « merdre » comme disait notre bon Jarry qui lui au moins a pris la peine de traduire Plaisanterie, satire, ironie et signification plus profonde, la seconde pièce de notre original.

J’ajouterai que la première, Théodore, duc de Gothland, pourrait aussi s’intituler Ubu en Forêt noire.


Bernard Sobel, janvier 2016

Sélection d’avis du public

Par Claudine H. - 29 septembre 2016 à 18h33

Quelle belle découverte! M. Sobel fait merveille avec cet auteur, de qui il a déjà monté "Hannibal". La pièce est remarquable, pour un auteur aussi jeune, comme il connaît bien les bas-fonds de l'âme humaine, toujours prête à se laisser séduire par le mal pour quelques avantages! Le tout sur un rythme d'enfer, trahisons, alliances, volte-faces et j'en passe, Deux comédiens hors pair (mais ils sont tous bons) Denis lavant, qu'on ne commente plus, et celui qui joue le duc et qui fait passer la parfaite double nature de l'homme, bon et naïf/rusé et méchant! beaucoup d'humour aussi.

magnifique Par Jean P. - 26 septembre 2016 à 10h14

j'ai vu hier au soir de cette excellente pièce qui dure 3h. Les 15 comédiens servent avec beaucoup d'énergie un très bon texte écrit il y a près de 2 siècles mais d'actualité. Daniel Lavant, dans le rôle du "nègre" assoiffé de vengeance est excellent C'est violent, parfois grotesque avec un peu d'humour "contemporain". Du grand théâtre, admirablement joué ! Allez y !!!

Eblouissant ! Par Vincent L. - 24 septembre 2016 à 16h11

Un texte incroyable, à la fois drôle, émouvant, qui donne à réfléchir, une mise en scène fluide, efficace, juste, touchante, un jeu d'acteurs virtuose, mais sans cabotinage ! Merçi Sobel ! Merci la troupe ! Vincent, à Gennevilliers.

Synthèse des avis du public

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Par Claudine H. (3 avis) - 29 septembre 2016 à 18h33

Quelle belle découverte! M. Sobel fait merveille avec cet auteur, de qui il a déjà monté "Hannibal". La pièce est remarquable, pour un auteur aussi jeune, comme il connaît bien les bas-fonds de l'âme humaine, toujours prête à se laisser séduire par le mal pour quelques avantages! Le tout sur un rythme d'enfer, trahisons, alliances, volte-faces et j'en passe, Deux comédiens hors pair (mais ils sont tous bons) Denis lavant, qu'on ne commente plus, et celui qui joue le duc et qui fait passer la parfaite double nature de l'homme, bon et naïf/rusé et méchant! beaucoup d'humour aussi.

magnifique Par Jean P. (107 avis) - 26 septembre 2016 à 10h14

j'ai vu hier au soir de cette excellente pièce qui dure 3h. Les 15 comédiens servent avec beaucoup d'énergie un très bon texte écrit il y a près de 2 siècles mais d'actualité. Daniel Lavant, dans le rôle du "nègre" assoiffé de vengeance est excellent C'est violent, parfois grotesque avec un peu d'humour "contemporain". Du grand théâtre, admirablement joué ! Allez y !!!

Eblouissant ! Par Vincent L. (1 avis) - 24 septembre 2016 à 16h11

Un texte incroyable, à la fois drôle, émouvant, qui donne à réfléchir, une mise en scène fluide, efficace, juste, touchante, un jeu d'acteurs virtuose, mais sans cabotinage ! Merçi Sobel ! Merci la troupe ! Vincent, à Gennevilliers.

Informations pratiques

Cartoucherie - Théâtre de l'Epée de Bois

Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Cartoucherie Restaurant
  • Métro : Château de Vincennes à 1 km
  • Bus : Cartoucherie à 210 m, Stade Léo Lagrange à 560 m
  • Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.

    En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).

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Plan d’accès

Cartoucherie - Théâtre de l'Epée de Bois
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 9 octobre 2016

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