Le Diable et le Bon Dieu

du 23 au 24 octobre 2001

Le Diable et le Bon Dieu

En Allemagne, au début de la Réforme luthérienne, Goetz, capitaine mercenaire et bâtard, œuvre à faire le mal avec la foi d’un Saint. Alors qu’il s’apprête à détruire la ville de Worms qu’il assiège au nom de l’Archevêque, un prêtre parie sur son incapacité à être bon. Goetz relève le défi…

 
Présentation
Note d’intention de Daniel Mesguish
La presse
Ce qu'ils en pensent

En Allemagne, au début de la Réforme luthérienne, Goetz, capitaine mercenaire et bâtard, œuvre à faire le mal avec la foi d’un Saint. Alors qu’il s’apprête à détruire la ville de Worms qu’il assiège au nom de l’Archevêque, un prêtre parie sur son incapacité à être bon. Goetz relève le défi et s’emploiera désormais à commettre le bien avec la rage d’un homme de guerre… Daniel Mesguish parvient à retranscrire avec chaleur l’incroyable énergie sartrienne, sans exploit de mise en scène. Il prend chez Sartre ce qu’il y a de plus épique et traite le sujet avec un bel entrain et beaucoup de plaisir. Grâce à un découpage nerveux, un rythme soutenu, de l’humour et une troupe de jeunes comédiens remarquables, il éclaire la pièce de façon étonnante. Il séduira même les plus jeunes qui auraient pu voir en Sartre un écrivain daté ! Une adaptation magnifiquement réussie.

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Avant d’avoir lu philosophes et écrivains français moins éloignés de nous dans le temps, j’ai dû à ma mère d’avoir été fasciné par Gide, et Camus. Mais j’ai découvert Sartre tout seul : il y avait quelques bouquinistes en face du Lycée que je fréquentais à Marseille, le lycée Thiers, et les livres de poche d’occasion ne coûtaient, à l’époque, qu’un franc. Un franc La Nausée, un franc Le Mur (deux francs, L’âge de raison, c’était un volume double) !
Je me souviens d’avoir été, pendant mon adolescence, furieusement sartrien. Mais je l’ai été « en décalé », je ne fréquentais que des gens, plus âgés que moi d’une dizaine d’années, qui ne l’étaient plus. Qui disaient ne plus l’être. Et si les gauchistes marseillais des années soixante, mes amis d’alors, souvent se moquaient de ce qu’ils appelaient mon sartrisme – ce qui signifiait pour eux à peu près idéalisme petit bourgeois à peine déguisé en marxisme – peu importait, j’avançais.
Je me souviens, je marchais dans les rues pendant des heures en parlant avec Jean-Paul Sartre. Oui, nous discutions de tout, lors de ces balades obsessionnelles et formatrices, des concepts qu’il avait forgés et des autres, de l’Etre et du marxisme, de Freud et de la Conscience, et même de la méthode progression-régressive.
Je n’avais pas lu, à cette époque, Hegel, ni Heidegger, et je ne disposais certes pas d’assez d’outils ni de force pour m’échapper, et surplomber les grilles de pensée que Sartre avait élaborées, mais je puis dire que sans lui jamais je ne me serais éloigné de la vie intellectuellement paresseuse et politiquement convenue que je connaissais à quinze ans, et que jamais sans lui je ne me serais avancé par la suite vers les textes de Deleuze, ou ceux de Derrida. Oui, Sartre m’a formé. Un Sartre invisible aux autres, inaudible à quiconque n’était pas moi, celui qui fut mon compagnon de route à moi lors de mes adolescentes déambulations marseillaises, a été mon professeur et mon ami, et mon père en pensée - et en littérature.
Et aujourd’hui que je connais bien plus d’œuvres et d’écrivains, des philosophes plus importants peut-être, plus rigoureux sans doute, des écrivains plus audacieux, aujourd’hui encore, j’aime Sartre. J’aime l’homme, et j’aime ce qu’il écrivait, ce qu’il disait. Je l’aime autrement, voilà tout. Et je sais encore des pages de La Nausée par cœur.
Pendant un long temps, c’est vrai, je l’avais presque oublié, et je me trouvais même naïf de l’avoir tant suivi. C’est que je découvrais le théâtre – et son théâtre, que je n’avais fait que lire dans des livres comme autant de dialogues pour réfléchir, me paraissait, en tant que théâtre, précisément, faible, univoque, conventionnel.
D’intelligentes dramatiques de télé sans plus. Ses romans me paraissaient laborieux, convenus, truffés de tics. Et, sa philosophie – j’avais goûté entre temps, à ce qu’il est convenu d’appeler les sciences humaines, et au structuralisme, à la sémiologie, à la psychanalyse, à la déconstruction – empruntée. Et engluée dans une pensée, disons plus journalistique que philosophique, et bien encombrante.
Mais je continuais à l’aimer en secret, et à prendre sa défense si je le voyais attaqué. Au fond, je n’arrivais pas à être tout à fait ingrat. Et puis je l’ai relu. Je l’ai relu à la lumière, précisément, du temps qui avait passé, et de ma presqu’infidélité. Et de nouveau – mais autrement, donc – j’ai aimé cette écriture. Autrement : c’est que lui aussi – son œuvre – avait changé. Il était, entre temps, devenu un classique. « Sartre ? oh c’est daté ! » disent les paresseux, ceux souvent qui n’y sont pas même allé voir.
Eh bien oui, c’est daté. Mais c’est là peut-être la chance de cette littérature. Marivaux aussi, c’est daté. Et Racine, et Hugo. L’an 2000 n’est pas le temps de Sartre, et voilà pourquoi nous pouvons mieux le lire. Toute intentionnalité, réelle ou présumée, de l’auteur a fondu à l’épreuve du temps, et ce qu’il reste, c’est une écriture précise et flamboyante. La Nausée n’est plus, plus seulement, un manifeste romancé de l’existentialisme ; et le Diable et le bon Dieu n’est plus seul questionnement d’une morale existentielle, mais… du théâtre, c’est à dire un texte ouvert à tous les présents à venir. Et Goetz, comme Richard III, comme Hamlet, va enfin vivre autrement que comme une marionnette à idées d’après-guerre.
Je ne suis pas en train de dire pourtant que les œuvres littéraires de Sartre doivent être déconnectées de sa pensée politique ou philosophique. (Je ne suis pas de ceux qui disent que Brecht est un grand écrivain quand on le débarrasse de son marxisme – c’est à dire du brechtisme). Je dis seulement qu’en donnant aux fictions de Sartre leur chance de pures fictions, en les prenant au sérieux en tant qu’écriture, on se donne la possibilité d’échapper à la simple illustration d’une pensée – et l’on se donne, par conséquent, les moyens de revenir à la pensée. Y a-t-il moins de pensée chez l’écrivain Shakespeare que chez le philosophe Spinoza ? Je voudrais monter Le Diable et Le Bon Dieu comme si il avait été écrit par un Cervantes ou un Shakespeare français dans les années cinquante en France. Cela me semble la seule chance d’y entendre aussi Jean-Paul Sartre.

Daniel Mesguich - Juillet 2000

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« La version que Mesguish donne du Diable et le Bon Dieu est des plus convaincantes. Du rythme. Une langue dont on entend parfaitement le brio des dialogues ciselés dans le meilleur métal. Des comédiens qui montrent un plaisir de jouer. » La Tribune – janvier 2001

« Le Diable et le Bon Dieu est un très bon moment de théâtre. Même les adolescents sortent avec le sourire. Du rythme, de la fièvre et des moments comiques. Sartre voulait toucher par son théâtre le plus grand nombre. Mesguish l’a entendu et Sartre peut lui dire merci. » France Inter – janvier 2001

« D’un texte au long cours de philo, que tout le monde disait rasoir, style thèse-antithèse-foutaises, Daniel Mesguish a fait un philo-rock flamboyant, une BD grandiose : de l’existentialisme frénétique.Aujourd’hui, on se marre, on est déconcerté, ébloui par le torrent que charrie celui que Boris Vian appelait Jean Sol Partre. Le texte de Sartre fuse et pétille dans des décors qui s’éclatent ». Le Canard Enchainé – janvier 2001

« …une imagination, une poésie, un onirisme, superbes et tout à fait neufs. (…) vous ouvrez une page de Sartre, vous êtes à l’instant empoigné par la lumière, la justesse et la vie intense de ce qu’il énonce, et de la pensée à la parole surgit un élan, élan violent, physique, qui projette vers l’avant mais sans férule, plutôt par la chaleur d’une générosité. C’est exactement ce que l’ancien petit dévoreur marseillais de Sartre en livres de poche a tenu à faire vivre aujourd’hui, c’est le cœur qu’il a tenu à faire battre, sans surcharge de décoration, sans exploits de mise en scène, par la seule conduite, simple, vraie, des acteurs. En s’effaçant, il réussit. La pièce éclate de vie. » Le Monde – janvier 2001

« Il y a un style Mesguish, immédiatement reconnaissable. Un art des lumières, des mouvements, des passages, une couleur particulière du spectacle qui saisit. Pas de décor ou si peu. (…) Christophe Maltot est un Goetz très convaincant, maître de son jeu, mobile, inquiétant et vulnérable à la fois. Le Nasty de William Mesguish est parfaitement tenu…Il y a en tout cela une allégresse qui n’interdit jamais la réflexion ni l’émotion, mais rend au plus près ce qu’il y a de malicieux et de provocateur par delà le discours, en Sartre. » Armelle Héliot - Le Quotidien du Medecin – janvier 2001

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" J’ai voulu montrer que mon héros Goetz, qui est un genre de franc-tireur et d’anarchiste du mal, ne détruit rien quand il croit beaucoup détruire. Il détruit des vies humaines mais ni la société, ni les assises sociales, et tout ce qu’il fait finit par profiter au prince, ce qui l’agace profondément. " Jean-Paul Sartre"

L’an 2000 n’est pas le temps de Sartre, et voilà pourquoi nous pouvons mieux le lire... Je voudrais monter Le Diable et le Bon Dieu comme si il avait été écrit par un Cervantès ou un Shakespeare français dans les années cinquante en France. " Daniel Mesguich

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Spectacle terminé depuis le mercredi 24 octobre 2001

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