
Agathon vient de remporter un concours de tragédie. Pour célébrer sa victoire il rassemble chez lui quelques amis, Pausanias, Aristophane, Alcibiade et Socrate. La joyeuse compagnie a déjà fort bu la veille quand les discours commencent et ça fuse de toutes parts. Qui fera le plus bel éloge de l’amour ?
D’un côté Aphrodite Céleste, de l’autre Aphrodite Vulgaire. Entre les deux formes d’amour, lequel louer, celui des corps ou des beaux esprits ? Et si l’amour nous ramène à notre nature primitive, la vie consiste-t-elle alors à retrouver l’unité perdue ? L’essence de l’amour réside-t-elle dans le désir d’éternité ?
Tant de questions qui vibrent au présent, comme si, nous aussi, nous traversions les rues d’Athènes pour rejoindre ce banquet et être « initiés » par la prêtresse Diotime. De l’Antiquité à aujourd’hui, le cheminement philosophique comme initiation pour mieux célébrer la spiritualité. Nourrir notre réflexion, exercer notre pensée de manière autonome sans renoncer à la convivialité, voilà ce à quoi la compagnie robert de profil nous invite dans un grand spectacle populaire.
Alors plus que jamais Mens sana in corpore sano.
En prenant comme sujet l’Amour, c’est un spectacle populaire que nous recherchons. Quoi de plus rassembleur ? L’Amour concerne tout le monde, toutes les générations. En abordant les problématiques nombreuses que l’on peut rattacher à l’Amour, c’est la question politique qui émerge avec la première association de deux individus, leurs droits et devoirs dans la relation amoureuse, partageons-nous la conception athénienne amant-aimé ? Rien n’est moins sûr. La question de la place de l’homosexualité, masculine ou féminine, toujours très présente dans le débat contemporain, la question du genre avec ce troisième genre dont parle Aristophane dans son mythe de l’androgyne. Comment réagissons-nous à une parole venue d’un moment dans l’histoire où l’homosexualité est la norme sociale ?
Tout comme nous, Platon vit dans une époque où les valeurs traditionnelles et les nouvelles doctrines ont fait faillite et ne peuvent plus inspirer la conduite de la vie humaine. Après le XXe siècle qui fut le siècle des idéologies, du prêt-à-penser, il semble que nous devions désormais tout reprendre à zéro : nous redevenons les contemporains de Socrate qui, dans les rues d’Athènes et sur la place publique discutait avec les jeunes gens qui l’entouraient de ce qui fait la valeur d’une vie humaine, de ce qui motive telle ou telle action individuelle ou civique, des buts que poursuivent l’individu et la cité. Pour son temps et pour le nôtre, Platon propose l’exercice d’une pensée autonome à l’intérieur d’une communauté humaine qui ne doit pas reposer sur le conflit permanent.
C’est au cours d’une lecture publique des Métamorphoses d’Ovide avec Sarah Brannens, que nous est venue cette image d’un Socrate jeune femme discourant devant une audience captivée. Le texte de Platon nous est venu naturellement à l’esprit et c’est d’une manière tout aussi évidente que nous avons envisagé le reste de l’équipe : Célia, Jade, Maïa, Émilien. Très vite les grandes lignes du projet prennent forme : un dispositif bi-frontal, un partage des idées, nourrir l’esprit, l’enjeu entre comédie, tragédie et philosophie, des épisodes musicaux chantés et surtout parler d’Amour, se parler d’Amour avec un grand A ou un petit a. Ou plu- tôt avec un grand A ET un petit a : le plus léger et le plus grave des sujets – sujet politique, existentiel et spirituel – l’origine de la poésie.
Nicolas Liautard, Magalie Nadaud
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.