La pluie d'été

Paris 11e
du 30 mars au 1 avril 2010

La pluie d'été

Après un long silence dû à la maladie, Marguerite Duras publie en 1990 La pluie d'été. Elle y raconte l'histoire d’Ernesto qui ne veut plus aller à l'école parce qu’on lui apprend « des choses qu'il ne connaît pas ».

Synopsis
Note d'intention
Les thèmes dramaturgiques / Mise en scène et jeu
Extrait

  • Synopsis

Après un long silence dû à la maladie, Marguerite Duras publie en 1990 La pluie d'été. Elle y raconte l'histoire d’Ernesto qui ne veut plus aller à l'école parce qu’on lui apprend « des choses qu'il ne connaît pas ».

Ce texte émouvant nous parle d’histoires d’amour(s) : amour de l’autre, du savoir et de la musique.

La Pluie d’été est le troisième spectacle créé par la compagnie « Le Club de la Vie inimitable ».

  • Note d'intention

Un jour, j’ai entendu quelqu’un dire : « Je ne crois pas à l’écriture, l’écriture théâtrale. L’écriture, c’est du passé ». Cette phrase en soi ne signifie rien mais remise dans son contexte, elle semblait vouloir dire quelque chose pour cette personne que je n’ai pas saisi sur le moment.

J’ai cherché à comprendre mais en vain, peut-être n’avais-je tout simplement pas bien écouté, quelque chose m’échappait, ce flou m’inquiétait.

Ce questionnement naïf, de ma part, est la façon dont je voudrais procéder pour travailler, envisager le texte comme quelque chose que l’on ne comprend pas mais qui tente malgré tout et surtout malgré nous de nous raconter quelque chose.

Un autre jour, bien avant, un ami m’a fait découvrir La Pluie d’été, il y a plusieurs années maintenant. J’ai été bouleversé par cette lec-ture et je l’ai fantasmée au point de vouloir en faire quelque chose or à cette époque je me contentais uniquement d’envie et je n’arrivais pas à les concrétiser.

De ce constat d’inaction, de la difficulté d’agir et comment, nous avons réussi à faire un spectacle avec la complicité de Natalie Beder, 20 ans et alors !, d’après des textes de Don Duyns. Ce travail m’a permis d’assumer mes envies et d’essayer de les mettre en forme.

Au fil des années, La Pluie d’été m’est restée en tête toujours aussi fort évoluant au gré des rencontres, des événements, des périodes de ma vie.

Dans la continuité du travail effectué avec 20 ans et alors !, je souhaite mettre en forme ce vieux fantasme.

Et finalement je ne sais toujours pas pourquoi ce texte m’obsède, je n’ai pas de réponse, cependant je me rends compte qu’avec tous ces éléments j’y trouve ma façon d’appréhen-der une forme de recherche théâtrale. Je ne sais pas, je voudrais savoir. C’est l’éternelle question. La Pluie d’été, pour moi, parle de ça, du savoir. Toutes les formes de savoir.

Lucas Bonnifait

  • Les thèmes dramaturgiques / Mise en scène et jeu

Comment sur un plateau, montrer le savoir qui arrive ?

Tout d’abord les comédiens et moi-même savons peu de choses, ce sera le fil fragile au-quel il faudra se fier, se tenir très rigoureusement, il est important pour moi d’être dans cette disposition d’accepter toute direction, si quelque chose arrive, c’est par la seule force d’évocation de cette chose, comme un vieux mythe. Le texte, le texte théâtral (et je me rends compte en réponse à la citation plus haut, que je crois très fort au texte car j’aime la force du passé) permet cette acceptation.

Cette acceptation me ramène à un thème qui m’est cher et que je voudrais aborder : Le Destin.

Je voudrais que les comédiens abordent leur présence sur le plateau de la façon dont Diderot décrit Jacques dans Jacques le fataliste : « Nous croyons conduire le destin, mais c’est toujours lui qui nous mène ; et le destin pour Jacques était tout ce qui le touchait ou l’approchait, son cheval, son maître, un moine, un chien, une femme, un mulet, une corneille. »

Un travail de recherche avec trois acteurs, un texte. Qu’est-ce que veulent dire ces mots, qu’est-ce qu’ils nous font et où nous amènent-ils ?

Les acteurs au début liront, ils feront partie du public. L’espace sera vide, seul quelques accessoires. Etre au début du spectacle dans un code de jeu frontal avec le public, sans quatrième mur et opérer un glissement vers une représentation plus théâtrale donc plus classique. La lumière sera un plein feu et se complexifiera au fur et à mesure.

Ce qui m’intéresse avec ce projet, c’est de développer l’idée que les acteurs semblent ne pas savoir ce qu’ils vont jouer, supposer le hasard, le discontinu.

Penser que les acteurs semblent décider dans l’instant ce qu’ils jouent et de quelle manière et mettre en avant l’acteur plus que le personnage pour qu’au final l’acteur disparaisse derrière le personnage, derrière l’histoire.

J’aimerais que les acteurs soient autonomes sur scène, qu’ils puissent choisir eux-mêmes la manière dont ils vont interpréter le texte.

Pour pouvoir développer cette disposition au texte, il faut que les acteurs puissent se sentir entièrement libre et accepter que le texte ne fasse que les conduire là où il devait les conduire.

Peut-être, accepter que le texte porte en lui une force, sur laquelle on peut s’appuyer et grâce à laquelle nous arriverons à dévoiler le discours de ce texte.

« Le discours n’est guère plus que le miroite-ment d’une vérité en train de naître à ses pro-pres yeux. » M. Foucault

L’enjeu est de créer un parallèle entre « l’entrée en jeu » des comédiens et « la disparition » d’Ernesto car à mesure qu’il sait, Ernesto disparaît. Entrer dans le récit, la théâtralité à mesure qu’Ernesto disparaît.

  • Extrait

Ernesto raconte comment il a quitté l’école, comme cela s’est fait – sans qu’il l’ait véritablement voulu. Ernesto parle très lentement, son discours est apparemment très clair. On dirait qu’il s’adresse à quelqu’un d’absent ou qu’il n’entend pas très bien. Peut-être aujourd’hui parle-t-il pour elle, cette jeune soeur couchée le long du mur et qui paraît dormir.
Ernesto : Ce jour-là, j’ai attendu toute la matinée dans la classe.
Je savais pas pourquoi.
Une fois ça a été la récréation.
On aurait dit qu’elle était très loin.
Je me suis retrouvé seul.
J’entendais les cris, les bruits de la récréation.
Je crois que j’ai eu peur.
Je ne sais pas de quoi. Peur.
Et puis ça s’est passé.
J’ai attendu encore.
Il fallait que j’attende encore, je savais pas pourquoi.
Une autre fois ça a été le réfectoire.
J’entendais le bruit des assiettes, des voix.
C’était agréable. J’ai oublié que je devais me sauver.
C’est après le réfectoire que c’est arrivé. Je n’ai plus rien entendu tout à coup.
C’est là que c’est arrivé.
Je me suis levé.
J’avais peur de ne pas y arriver. À me lever et puis à sortir de là où j’étais.
J’y suis arrivé.
Je suis sorti de la classe.
Dans la cour j’ai vu les autres revenir du réfectoire.
J’ai marché très lentement.
Et puis je me suis retrouvé au dehors de l’école.
Sur une route.
La peur avait disparu.
Je n’ai plus eu peur.
Je me suis assis sous les arbres près du château d’eau.
Et j’ai attendu. Un long ou un petit moment, je ne sais pas.
Je crois que j’ai dormi.
Silence. Ernesto ferme les yeux et se souvient.
C’est comme s’il y avait mille ans.
Silence.
Ernesto oublie, dirait-on.
Et puis il se souvient.
J’ai compris quelque chose que j’ai du mal à dire encore… Je suis encore trop petit pour le dire convenablement. Quelque chose comme la création de l’univers. Je me suis retrouvé cloué : tout d’un coup j’ai eu devant moi la création de l’univers…
Silence.

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Spectacle terminé depuis le jeudi 1° avril 2010

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