Molière 2010 de la Comédienne.
La guerre est finie. Dehors, en tout cas : car à l’intérieur, Marguerite Duras est un paysage en ruines. À la Libération, l’écrivaine et résistante attend le retour de son mari Robert Antelme, déporté dans les camps. Ignorant s’il est toujours vivant, elle relate l’angoisse de l’attente et la honte d’être en vie. Au retour de Robert après cette attente terrible, il faudra encore se battre, mais pour sa résurrection.
Duras dit avoir retrouvé ce journal dans les années 1980, sans aucun souvenir de l’avoir écrit, et choisi d’en publier des extraits sous le titre La Douleur. L’immense comédienne Dominique Blanc interprète avec délicatesse ce texte brut, pour dépasser la douleur et la peur.
Le texte La Douleur est publié aux éditions P.O.L.
« Chéreau-Blanc, un duo poétique. C’est dans la tension entre la sobriété du dispositif et l’extraordinaire intensité de la parole que se situe ce moment admirable. » Le Monde
« Un spectacle de venu fétiche, quasi protecteur, magique » Fabienne Pascaud, Télérama TTT
J’ai retrouvé ce Journal dans deux cahiers des armoires bleues de Neauphle-le-Château. Je n’ai aucun souvenir de l’avoir écrit. Je sais que je l’ai fait, que c’est moi qui l’ai écrit, je reconnais mon écriture et le détail de ce que je raconte, je revois l’endroit, la gare d’Orsay, les trajets, mais je ne me vois pas écrivant ce Journal. Quand l’aurais-je écrit, en quelle année, à quelles heures du jour, dans quelle maison ? Je ne sais plus rien.
Ce qui est sûr, évident, c’est que ce texte-là, il ne me semble pas pensable de l’avoir écrit pendant l’attente de Robert L. Comment ai-je pu écrire cette chose que je ne sais pas encore nommer et qui m’épouvante quand je la relis. Comment ai-je pu de même abandonner ce texte pendant des années dans cette maison de campagne régulièrement inondée en hiver. La première fois que je m’en soucie, c’est à partir d’une demande que me fait la revue Sorcières d’un texte de jeunesse.
La Douleur est une des choses les plus importantes de ma vie. Le mot « écrit » ne conviendrait pas. Je me suis trouvée devant des pages régulièrement pleines d’une petite écriture extraordinairement régulière et calme. Je me suis trouvée devant un désordre phénoménal de la pensée et du sentiment auquel je n’ai pas osé toucher et au regard de quoi la littérature m’a fait honte.
La douleur, éditions POL.
15 avis