Ça aurait pu être un jour comme les autres. Mais ce jour-là, dans les premières années du XVIIe siècle, Galilée (1564-1642) braque une lunette astronomique vers le ciel et confirme l’hypothèse avancée avant lui par Copernic : la Terre n’est pas au centre de l’univers. Cette affirmation fait exploser l’ordre qui prévalait depuis des siècles. Le ciel se retrouve soudainement vide. Mais où est donc passé le Dieu de l’Eglise catholique, délogé des sphères célestes… ?
Dans La Vie de Galilée, Bertolt Brecht éclaire le vertige d’une humanité qui doit, du jour au lendemain, changer de repères. Pour jouer le rôle du célèbre savant, Claudia Stavisky a choisi Philippe Torreton. Entouré d’une dizaine d’interprètes (qui incarnent plus de quarante personnages), le grand comédien s’élance avec éclat et appétit dans cette fable entremêlant raison et imagination. La directrice des Célestins signe un grand spectacle populaire. Un spectacle à la poésie sensuelle, organique, qui résonne comme un hymne à la vie.
« Claudia Stavisky adapte avec sobriété la pièce de Bertolt Brecht et offre à Philippe Torreton un écrin en clair-obscur qui lui permet d'exprimer tout son talent. » Les Echos, Vincent Bouquet
« L’acteur incarne magnifiquement, en chair et en pensée, le scientifique. » Le Figaro
« Un texte captivant sur l’opposition de la science et du religieux, monté dans un élégant décor. Philippe Torreton (...) campera dans cette pièce de troupe, le rôle du célèbre scientifique dont les travaux contredisent l’ordre établi, provoquant une levée de boucliers des autorités religieuses. Un débat passionnant qui oppose la raison à la croyance. » CNEWS, Amélie Foucault
« Claudia Stavisky propose une magnifique version de La Vie de Galilée, portée par une troupe harmonieuse qui gravite autour d’un Philippe Torreton solaire, dans un décor de toute beauté. Un remarquable spectacle ! » La Terrasse
Dans La Vie de Galilée, Bertolt Brecht raconte le vertige d’un monde qui voit subitement son ordre voler en éclats. En Italie, au début du XVIIe siècle, Galilée braque un télescope vers les astres, déplace la terre, abolit le ciel, cherche et trouve les preuves qui réduisent à néant les sphères de cristal où Aristote et Ptolémée avaient enfermé le monde, fait vaciller l’ordre de l’Église. L’Inquisition lui fera baisser les bras, abjurer ses théories, sans pour autant réussir à l’empêcher de continuer à travailler secrètement à l’écriture son oeuvre majeure, ses Discorsi.
Cela fait longtemps – sans doute depuis que j’ai vu Antoine Vitez la mettre en scène à la Comédie-Française – que cette oeuvre essentielle m’obnubile. C’est sans doute la conjonction de ce souvenir avec le fait d’avoir trouvé l’interprète parfait, en la personne de Philippe Torreton, pour incarner Galilée, qui font qu’aujourd’hui je me lance enfin dans cette aventure et l’aborde avec passion et émerveillement tant la langue de Brecht est puissante, sa forme parfaite et sa pensée d’une brûlante actualité.
La pièce n’oppose pas le pouvoir qui aurait tort et Galilée qui aurait raison. Tout le monde pense que Galilée peut avoir raison. Le problème est plutôt ce qu’il faut rendre public (ou pas) et ce que cela va changer. Si la Terre n’est plus le centre de l’univers si les planètes sont en éternel mouvement, où est Dieu ? Quelle est la place de l’Église ? Quel monde, quelle société peut-on reconstruire à partir d’un tel bouleversement ? Chacun des personnages se débat avec cette question envisagée de différents points de vue. Pour certains, ce serait un monde absolument invivable. « La faim chez les paysans de Campanie ne serait plus une mise à l’épreuve, mais bien ne-pas-avoir-mangé », dit le petit moine.
Comme Galactia, la peinture de Tableau d’une exécution de Howard Barker que j’ai récemment mis en scène, Galilée est obsédé par la connaissance de la vérité et convaincu que la raison est l’arme la plus puissante de l’humanité. Thème obsédant que celui de la responsabilité du « savant », ainsi que celui de l’artiste face au pouvoir ! Plusieurs versions de la pièce ont vu le jour : une première où Brecht faisait de Galilée un héros qui se rétracte devant la torture pour réussir à finir son travail et livrer son oeuvre au monde. Pendant que Brecht travaillait à la création américaine de la pièce avec Charles Laughton, le bombardement atomique d’Hiroshima eut lieu. Brecht changea alors sa vision du personnage et notamment le monologue de la fin : Galilée s’accuse d’avoir trahi la science, d’avoir pensé qu’elle pouvait vivre en vase clos, indépendante des modes de production et du politique, irresponsable face à l’utilisation de ses découvertes.
Un théâtre d’idées, comme disait Antoine Vitez. Des idées qui prennent corps dans une langue épique, d’un souffle extraordinaire, organique et sensuel. Une structure théâtrale où les situations se déploient en grand, offrant aux comédiens d’innombrables possibilités. Au moment où je commence les répétitions de cette pièce, j’ai à l’esprit que mon Galilée sera un jouisseur de la pensée, il pensera par les sens, ne sera jamais aussi inspiré que le ventre plein. La Vie de Galilée, telle que je l’imagine, ne sera pas une reconstitution historique. Je rêve d’un espace de jeu suffisamment précis et suffisamment abstrait pour libérer les spectateurs de tout commentaire inutile, pour les rapprocher des acteurs, comme la fameuse lunette… qui me permette de mettre la Pensée au coeur du plateau, « Penser est un des plus grands divertissements de l’espèce humaine », dit Galilée à son ami Sagredo… Où le temps soit celui de la représentation : éternel. Avec des costumes qui dévoilent les corps, les mettent à nu tout en conservant leur mystère. Et la joie immense d’une troupe d’une douzaine de grands acteurs qui incarneront plus d’une quarantaine de personnages. L’Humanité avec un grand H !
Claudia Stavisky
6 avril 2019
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