Fortunio

Paris 2e
du 10 au 20 décembre 2009

Fortunio

Denis Podalydès met en scène cette comédie lyrique de 1907, très riche et colorée, inspirée d'une pièce de Musset. Une œuvre subtile et amusante qui a gardé toute sa saveur.
  • Comment conserver son idéal à l’épreuve de la vie ?

Comment conserver son idéal à l’épreuve de la vie ? La question, qui hanta Alfred de Musset, traverse tout son théâtre où elle ne trouve de réponse que dans la sincérité et l’humour, ce pourquoi son œuvre résonne aujourd’hui de façon si moderne. C’est ainsi que le tendre Fortunio, recruté par deux amants pour détourner la jalousie d’un mari, fera triompher la jeunesse jusque dans l’âme de sa séductrice. Après le succès de son étourdissante mise en scène de Fantasio à la Comédie-Française, Denis Podalydès poursuit en compagnie de Louis Langrée l’exploration de cet univers en demi-teintes.

Comédie lyrique en quatre actes d’André Messager.
Livret de Gaston Arman de Caillavet et Robert de Flers d’après Le Chandelier d’Alfred de Musset.
Créé à l’Opéra Comique le 5 juin 1907.
Direction musicale : Louis Langrée
Chœur les éléments Orchestre de Paris.
Introduction à l’œuvre 30 mn avant chaque représentation

  • Donner à voir la musique, et faire entendre le théâtre

 J’éprouve une tendresse particulière à l’égard de Fortunio et beaucoup d’enthousiasme pour cette nouvelle production à l’Opéra Comique car il s’agit de la première oeuvre lyrique que j’ai dirigée, à l’Opéra de Lyon, il y a plus d'une vingtaine d’années.

Mais Fortunio est surtout un chef-d’oeuvre, l’un des plus beaux fruits de la musique française. Il n’est pas anodin que Debussy ait dédié Pelléas à Messager. Comme Debussy, Messager écrit, pour son « théâtre de conversation » hérité de la tradition française, une musique pudique, sensible, à fleur de peau. À l’éclat et à l’emphase, il préfère la suggestion, ce « je ne sais quoi » et ce « presque rien » chers à Jankélévitch et qui ont inspiré à cette génération d’artistes les oeuvres les plus intenses. L’élégance du phrasé de Messager, qu’il soit instrumental ou vocal, se combine à une harmonie fabuleuse – où se devinent l’organiste et le wagnérien qu’il était. Son orchestration, extraordinairement inventive, prend en charge ce que les personnages n’osent ou ne peuvent pas dire.

C’est pourquoi je me réjouis à la fois de diriger l’Orchestre de Paris, qui saura interpréter la profondeur de ce discours musical, et de collaborer avec Denis Podalydès, qui a le souci de donner à voir la musique, de même que je souhaite faire entendre le théâtre.

Nous recherchons tous deux cette vibration commune entre la scène et la partition qui fait de l’opéra un genre si précieux. Il est certain que Fortunio en est un exemple particulièrement abouti et mérite que le public l’apprécie enfin comme un titre majeur du répertoire.

Louis Langrée

Fortunio, c’est le romantique Chandelier de Musset, adapté en livret par Robert de Flers et Gaston de Caillavet en 1905-06, dans une France bourgeoise et radicale. Gros succès. La critique célèbre les « grâces charmantes », la « fantaisie aimable » de la musique de Messager, et du livret. On apprécie qu’on ait atténué la « grandiloquence » de la pièce.

L’histoire, brièvement : dans une petite ville de province, une jeune femme, Jacqueline, épouse d’un vieux notaire, maître André, est séduite et conquise au sortir de la messe, en pleine place, par un bel officier de garnison, Clavaroche. Pour masquer leur liaison, celui-ci propose à la jeune femme affolée de se choisir un « chandelier », c’est-à-dire un soupirant bien gentil, inoffensif, (tenant la chandelle, comme on dit) qui puisse à la fois attirer les soupçons, détourner l’attention du mari, et leur permettre du plaisir sans scandale. Elle choisit le dernier clerc engagé, Fortunio.

Mauvais choix. Fortunio est fou amoureux de Jacqueline, elle-même en tombera folle amoureuse. Dans cet opéra à la fois gracieux, passionné, et savamment ironique, sans y prendre vraiment garde et quasi simultanément, la femme s’offre trois types d’amour : celui qui obéit aux lois de la respectabilité, avec maître André ; celui qui satisfait aux impulsions sexuelles immédiates, avec Clavaroche ; celui qui répond à ses exigences romanesques, avec Fortunio. Bien joué, pourrait-on dire à « l’innocente » Jacqueline.

Nous sommes au premier jour de printemps, mais nous avons fait le choix que ce printemps se refuse : il fait froid, il neige. Les gens sont emmitouflés. La petite ville provinciale est encore paysanne. Tout s’oppose à l’Amour, les conventions sociales, le temps qu’il fait, le cynisme ambiant, qui fait bon voisinage avec la pureté apparente des moeurs. On s’ennuie sur la place en s’amusant comme des fous à jouer aux - à se lancer des - boules (de neige). Fortunio arrive. C’est un mélancolique. Lui, attend de l’Amour autre chose qu’une sécurité, une satisfaction ou un épanchement. Il en attend tout, ce sera une explosion. Il le dit, le chante admirablement. Il ne voit rien de ce qui se passe à mots couverts, et des petits arrangements bourgeois. Il va tout faire sauter. Mais la subtile Jacqueline parvient à la fois à rendormir les soupçons du notaire, à refiler la chandelle au militaire, et à mettre le furieux dans son lit, en souhaitant aux uns et aux autres, une "bonne nuit ".

Denis Podalydès

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Spectacle terminé depuis le dimanche 20 décembre 2009

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