Épluche ce qu’il en reste / Le cirque

Paris 18e
du 14 au 17 mai 2008
2 heures environ

Épluche ce qu’il en reste / Le cirque

Deux spectacles théâtraux courts : Le Cirque de Charles-Ferdinand Ramuz et Epluche ce qu'il en reste, pièce mise en scène par Marie Marfaing, ponctuée de 3 textes de Daniil Harms.

Cirque
Epluche ce qu’il en reste

  • Le Cirque

De Charles-Ferdinand Ramuz.
Conception et interprétation Sylvie Jobert.

Se souvenir encore et encore du soir où un petit chapiteau, avec ses couleurs criardes et ses attrape-nigauds, abrita notre humaine solitude pour l'élever au-delà de la vie matérielle par le truchement de l'artiste : Miss Annabella... Se souvenir de ce soir-là, où quelque chose brièvement exista, qui s'appelait une communauté…

"Le Cirque est un court récit, paru en 1931 dans la NRF. Ramuz y raconte le passage d’un chapiteau dans une petite ville ; là des êtres solitaires, par la grâce de Miss Annabella, la fildefériste, se mirent à former un instant une communauté de spectateurs. Dans « mon » Cirque, il y a ce texte, avec qui il faut cheminer simplement, intensément ; il y a une actrice seule dans un espace pas très grand ; un jeu de fléchettes, un masque en carton, un accordéon sur son vieux caddie." Sylvie Jobert

Note d'intention :

Le Cirque, c’est un texte pour les " à-quoibonistes", ou pour ceux qui savent que "notre besoin de consolation est impossible à rassasier". Il est lumineux, il est même très coloré. Dans cette narration aux temps dilatés, l’auteur, notre co-détenu, guette avec nous l’arrivée de la lumière ; passant du "ils" à des "on" plus généralistes, à des "nous", à des "je".

Il y a cette fluctuation sans cesse du passé au présent (du temps du récit à celui de l’incarnation) pour finir sur cette mise en abîme « et je suis moi-même tout envahi à la table où je me tiens… et il y a une grande lumière qui vient sur moi et sur mon papier » : c’est comme quand on rallume très lentement la lumière du public après le spectacle, pour ne pas casser un fil fragile et important.

Il serait un peu vain de se dire "tiens, je vais raconter cette histoire", et hop, un petit "numéro" de conteur. Au centre de ce texte, il y a le mystère de la transfiguration. Les croyants l’entendront d’une oreille, et les athées (qui n’en n’ont pas moins une âme, remuante et interrogeante) de l’autre. Au fond, c’est toujours la même question : qu’est-ce qui nous aide à dépasser notre irréconciliée et irréconciliable condition ?

Ici, c’est le spectacle, modeste, merveilleux et exigeant de qui joue avec la pesanteur : c’est vers la fildefériste qu’ils « lèvent tous ensemble la tête, la lèvent toujours davantage, quand il y a… un seul mouvement de tous ces cœurs »… S’il est dit que nos lieux de théâtre soient un peu nos derniers temples… artisanaux, bien sûr.

Et puis, j’ai rassemblé peu à peu quelques éléments tout simples, de ceux qu’on peut utiliser quand on est dans la proximité au public (on avait dit "une petite forme"), des choses qui me brassent toujours autant, liées qu’elles sont sans doute à l’enfance (banal jeu de mots : émotions de l’enfance / enfance de l’émotion) - un masque en carton, des petits points lumineux, un jeu de fléchettes, une robe d’enfant, mon accordéon sur son vieux caddie. Parce que les objets sont pleins de fantômes.

Et ce récit, c’est aussi un rituel de convocation qui se met en place, qui tourne autour du pot, comme on épluche un oignon, jusqu’à l’apparition unificatrice. Alors, au milieu on a placé une grande caisse-valise. Fermée au début, puis entrouverte, loge de théâtre miniature, petit tabernacle, puis ouverte tout à fait, puis traversée par l’irradience de la vision, et puis c’est fini, il reste le souvenir…

Dans cet univers du cirque, de l’artisanat, il y a de l’effort, de la répétition, du renoncement, de la douleur, du dépassement. Le texte traverse tous les cercles, et nous, lecteurs, toutes ces postures, car c’est aujourd’hui, ici, que nous lisons – mots devenus suspects, celui de « pureté » par exemple ; et puis cette mortification à dépasser la « condamnation de la femme », à « réaliser sa nature, c’est-à-dire "(justement)" à la dépasser ». Et pourtant, de la trivialité à la fabrication du mythe, c’est bien l’attente, la possibilité et la mise en œuvre précaire et laborieuse de l’extraordinaire qui nous redonnent sens et vie…

Sylvie Jobert

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  • Epluche ce qu’il en reste

Mise en scène et scénographie Marie Marfaing ponctué de 3 textes de Daniil Harms.

250 kg de chair fraîche, soit 2 modèles hommes, 2 modèles femmes
3 textes de Daniil Harms (OUNIVERS / DISPUTE / LE REVE)
1 liste de verbes d’action culinaire
1 kg de carottes
1 sac de pommes de terre
1 sac de farine
1 poire bien juteuse
2 belles pommes
4 rouleaux de ruban adhésif
6 tables encastrables, plus une à roulettes.
4 économes et couteaux
6 cartons d’emballage (dimension du cadre de table)
4 plexis (de même dimension)
1 miroir (de la dimension d’un plateau de table)
4 miroirs (sensiblement plus petits)
3 micros
1 réchaud
1 poêle à frire
1 marmite d’eau frémissante.

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Note d'intention :

Dans une cuisine, on épluche, on tranche, on sépare, pour, finalement, lier mieux les éléments les uns aux autres. Mêler les goûts, mélanger les odeurs. Les papilles aux aguets, les sens en éveil, rassemblant ingrédients et ustensiles, j’ai désiré réfléchir au thème de la cuisine.

La cuisine, lieu de fabrication et de transformation, fait passer les aliments d’un état à un autre, du cru au cuit, du barbare au civilisé.

La cuisine, ce lieu des nécessités et des gourmandises.

La cuisine, et sa table, lieu de préparation et de partage, avec son dessus et son dessous, l’enfant dans les pattes de l’adulte.

La cuisine et ses listes, en particulier la liste de tous ces verbes, éplucher, séparer, lier, trancher, farcir… Des verbes d’action qui bougent, s’entrechoquent, … et les corps avec.

Et puis, me penchant sur les marchés et leurs poubelles, le dos courbé, le cul en l’air, j’ai vu les poubelles des uns devenir le marché des autres.

Marchés de rue mais aussi supe-hyper-marchés, qui supposent la production industrielle, la surproduction, la surconsommation.

L’homme fabrique, l’homme consomme, l’homme ingère, l’homme digère, mais il est aussi ingéré, digéré par la société jusqu’au jour où il est mis au rebut… Jeté comme une épluchure.

À partir de là, les ingrédients peuvent être aussi des corps d’humains vivants

Et les ustensiles des tables qui séparent ces corps, les découpent, les morcellent les font disparaître ou réapparaître sous une autre forme.

Je pense souvent à la vision que chacun de nous a du monde, d’un monde que nous essayons de nous représenter, dont nous tentons une représentation, sur lequel nous avons chacun un point de vue ; je pense à la multiplicité de ces points de vue, à leur juxtaposition qui pourrait constituer une représentation possible du monde. Le monde ne se donne jamais dans sa totalité. Pourtant si chaque partie est un monde en soi… que pourrions-nous dire de la somme des parties ?

Prenons une boîte — magique, c’est une scène.

En jouant avec cette boîte, peuplée de tables qui cadrent, décadrent, recadrent des morceaux de corps, en jouant avec des miroirs qui les reflètent, qui reflètent le dessus ou le dessous-de-table, en jouant avec des caches, des cartons, des plexis, du ruban adhésif qui découpent et recomposent ces morceaux de corps, et révèlent, par défaut, un autre point de vue. Vu d’un autre œil, un tableau alors se dévoile, une vision-illusion de ce que nous savons du monde apparaît, puis fait place à une autre, et ainsi, si ce n’est à l’infini, au moins dans une infinité de regards.

Paris le 1er mars 2006

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Epluche… scénographie

Autant de tables que d’acteurs, plus une. Chaque table devra être de mêmes proportions et conçue afin de pouvoir se juxtaposer, se superposer, glisser, créer des espaces différents, dévoiler et cadrer des parties de corps, (ou un tout). On peut imaginer une espèce de cadavre exquis. Les tables ainsi conçues permettront de cadrer, couper, séparer ou lier les parties de ces corps.

Un système de caches devrait permettre d’occulter certains cadres, mettant en distance et en résonance les actions dans les cadres restant visibles. Il devra être possible de faire circuler de la nourriture, des épluchures d’un étage à l’autre, la poubelle des uns devenant le marché des autres. Un système de miroirs donnera à voir d’un autre point de vue d’autres points de vue (par exemple le dessus de la table et ce qui s’y confectionne).

Epluche… matière textuelle


La matière textuelle choisie est composée de trois textes courts de Daniil Harms : Ounivers, Dispute, et Le Rêve. Et d’une « liste de verbes d’action culinaire ». C’est volontairement qu’à ce jour je me limite à elle. C’est avec ces textes et cette liste que le spectacle, tout au moins ce premier volet, doit être confectionné. Il est cependant possible qu’au cours du travail, quelques condiments supplémentaires s’avèrent nécessaires. … Ajuster l’assaisonnement…

Epluche… matière sonore


Les sons pris en direct et amplifiés, des corps, de leurs actions, de leurs chocs ou glissement sur ou sous table, les sons provenant des cartons, des plexis, des rouleaux de ruban adhésif, les sons provenant de la cuisine (mobile sur roulette, changeant de lieu et de point de vue), sont parties prenantes du spectacle et doivent composer une partition rythmique indispensable.

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Spectacle terminé depuis le samedi 17 mai 2008

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