Dommage qu'elle soit une putain

Lille (59)
du 20 au 25 octobre 2007

Dommage qu'elle soit une putain

Inceste, blasphème, meurtre, rien ne manque à cette orageuse pièce de John Ford, auteur du XVIIe siècle anglais. Stuart Seide monte pour la deuxième fois cette pièce (la première fois fut en 1975), dans un dispositif scénique original, avec de jeunes comédiens. Un spectacle sulfureux et palpitant dans la tragique confrontation entre le désir et la morale.

Le tabou de l’inceste vécu ici comme une passion sans complexe constitue la trame de cette tragédie post-shakespearienne où la fascination baroque est poussée jusqu’à l’extrême.

Stuart Seide qui avait en 1975 créé l’événement avec cette pièce, l’a revisitée la saison dernière avec le collectif d’acteurs issu de la première promotion de l’École dont il est aussi le directeur. Après l’avoir créée en version bi-frontale au Théâtre de l’Idéal, il a voulu pour cette reprise, la représenter en version frontale dans la grande salle de Lille.

Parmi les personnages eux-mêmes, comme si le monde était à la fois une scène et une table où se mêlent en une inextricable confusion la vie et la mort. Stuart Seide

  • Résumé

Annabella et Giovanni, à genoux, jurent par les cendres de leur mère, par le ventre-tombe qui les fit jumeaux, de s’aimer ou d’en mourir. Alors qu’un enfant doit naître de cette union, Annabella, pour éviter le scandale, épouse Soranzo qui la désire.

L’inceste sera pourtant découvert et Giovanni, au cours d’une fête funèbre comme les aime le théâtre baroque, défie une dernière fois les dieux et la justice des hommes. L’instant tragique est aussi celui d’une apocalypse intime : le noir soleil de midi se fait plus noir que les poètes n’imaginent le fleuve de la mort et de l’oubli.

Traduction française de Stuart Seide.

1 nomination aux Molières 2007 ! "Meilleur Spectacle du Théâtre en région"

  • Un théâtre sans entre-deux ni purgatoire

Plus que l’inceste, qui ne représente que l’ultime transgression, le thème fondateur de Dommage qu’elle soit une putain est la quête de l’absolu vécue comme une obsession dans une société terriblement hiérarchisée, corsetée et cadenassée…

Face à cela, seule est possible la transgression iconoclaste, celle qui étymologiquement brise les images et les idoles. La pièce parle d’un désir de révolte et de la révolte qu’est le désir dans une société codifiée où chacun est identifié dans un rôle ou une fonction : l’ecclésiastique, l’aristocrate, le domestique, le père, le fils, la fille, la fiancée, la jeune mariée, l’épouse, la mère...

Dans cette société bien ordonnée, apparemment figée pour l’éternité dans ses normes et ses catégories, un jeune homme, Giovanni, érige le désir en déité, son désir, un désir qui ne respecte aucune autre loi que celle du désir.

Le théâtre de Ford est un théâtre sans intermédiaire, qui passe d’un extrême à l’autre sans aucune médiation ni transition. C’est aussi un théâtre, à la différence de celui de Shakespeare, étrangement dépourvu de tout pardon et de toute miséricorde – un théâtre sans entre-deux ni purgatoire, sans rachat, sans compromis ni compréhension.

Seuls dominent les forces en jeu et le rapport de forces : argent, pouvoir, puissance, sans dialogue ni partage. La fin est déjà contenue, implacable, dans les données brutes du début. L’issue tragique semble programmée dans ce banquet funèbre où nous autres spectateurs sommes conviés

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Informations pratiques

Théâtre du Nord

4, place du Général de Gaulle 59026 Lille

Accès handicapé (sous conditions) Bar Librairie/boutique Salle climatisée
Spectacle terminé depuis le jeudi 25 octobre 2007

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