
Coup de cœur de la rédaction Le 22 janvier 2025
Le comédien et metteur en scène Emmanuel Noblet, après avoir magnifié sur scène le roman de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants, s’empare d’un autre chef-d’œuvre de la littérature contemporaine française : Article 353 du Code pénal de Tanguy Viel.
Prix de la Critique 2025 du meilleur comédien (Vincent Garanger)
Après l’immense succès de sa précédente adaptation, Réparer les vivants de Maylis de Kerangal, Emmanuel Noblet s’empare du roman de Tanguy Viel, Article 353 du Code pénal. Le polar implacable prend l’ampleur d’un thriller théâtral saisissant.
Sur scène, le décor d’un chantier à l’abandon. C’est celui du projet immobilier, aujourd’hui avorté, que l’on a fait miroiter à toute une commune bretonne. Avant de rendre son verdict, un juge – Emmanuel Noblet – écoute le récit de toute une vie : celui de Martial Kermeur – magistralement interprété par Vincent Garanger –, marqué par la malchance et escroqué par le promoteur…
Avec une grande justesse, le metteur en scène donne à voir la culpabilité d’un homme, qui, confronté à l’injustice, a décidé d’y remédier lui-même. Face à son histoire, quelle sera votre intime conviction ?
« Le comédien incarne magistralement cet homme qui, après des années d’effacement, s’affranchit du joug du déshonneur et de la soumission. » La Terrasse
« Ce spectacle saisissant convoque, à peine terminé, l’envie de le revoir. » Le Monde
« C’est une drôle d’affaire, la pensée, n’est-ce pas ? »
Surtout la pensée d’un homme qui face à un juge, déroule le fil des événements qui l’ont conduit à se faire justice lui-même.
Oui, c’est une compréhension fascinante de l’âme humaine que d’écouter Martial Kermeur raconter ses années, ses échecs et la conséquence des choses, même s’il n’a pas les mots pour le dire, du moins, le croit-il.
En réalité sa connaissance des autres, comme de lui-même, est aussi affûtée que son regard sur la mer. Dans sa compréhension des choses, il est le rocher face au vent, il a une perception tellurique, secrète et sourde, il les ressent. C’est toute la beauté de ce personnage, un homme parmi « ceux qui ne sont rien », un cinquantenaire licencié, père divorcé dépassé par son fils devenu plus fort et plus déterminé que lui. Mais ce velléitaire est passé à l’action ce matin et ce n’est pas rien d’écouter les taiseux lorsqu’ils prennent enfin la parole.
Tanguy Viel, lui, a les mots pour l’écrire. Cet orfèvre de l’écriture signe là un de ses plus grands romans. La beauté de son style sert une dramaturgie puissante où pourtant tout est dit dès les premières lignes : ce sera un huisclos sans autre événement que d’avancer dans la psyché d’un homme, une exploration sensible de son histoire, une empathie envers toutes les promesses non tenues, aussi bien politiques qu’intimes. Viel dissèque de l’intérieur les rouages d’une manipulation, jusqu’à nous placer au moment exact du dernier ressort, celui de la dignité d’un homme. Car à trop longtemps subir l’arrogance et la honte, on devient dangereux.
C’est un grand texte sur l’injustice et le besoin d’y remédier, la nécessité, encore et toujours, de réparer les vivants. Quand l’injustice est telle qu’il faut y remédier soi-même, prendre ses responsabilités, que l’on soit juge ou assassin, en ne respectant plus la loi ou en l’interprétant favorablement.
L’intime conviction est un principe du droit logé à l’article 353 du Code de procédure pénal. C’est aussi tout le principe du théâtre que de traiter de l’intime et de nos convictions. Cette histoire y trouvera donc toute sa place, via les échos personnels à nos misères et nos faiblesses, en portant nos besoins de justice, de grandeur, d’estime de soi et de mots pour le dire. Nous écouterons un homme raconter sa vie et la généalogie d’un crime. Nous ferons ce voyage mental, cette remontée à contre-courant des assignations sociales. Ce sera une traversée dans la houle.
« Et vous n’imaginez pas, à cette seule idée de mener sa barque, soudain, dans un cerveau comme le mien, il y a des vagues de trois mètres. »
Emmanuel Noblet
Interprétation et réalisation de grande qualité, le sujet est fort et pousse à la réflexion.
Extrêmement touchant et superbement interprété, à voir absolument !
Magistralement joué. Très touchant
Excellent
Un jeu habité au service d'une pièce d'une intelligence et d'une sensibilité rares. On sort souffler.
Monologue ou presque, très vivant
Remarquable
Une performance d'acteur comme rarement vue !
Pour 16 Notes
Interprétation et réalisation de grande qualité, le sujet est fort et pousse à la réflexion.
Extrêmement touchant et superbement interprété, à voir absolument !
Magistralement joué. Très touchant
Excellent
Un jeu habité au service d'une pièce d'une intelligence et d'une sensibilité rares. On sort souffler.
Monologue ou presque, très vivant
Remarquable
Une performance d'acteur comme rarement vue !
Très belle performance d’acteurs, mise en scène et décors sobres, un très bon moment.
Un moment où le temps est suspendu au mot de l'acteur principal à l'histoire, qui éclaire tellement de moments de notre société. Émotions et tension en RDV, à voir absolument !
Magnifique
Et quelle performance !
Une performance d'acteur exceptionnelle. Un spectacle de grande qualité mais pas pour tout le monde.
Jolie performance d'acteurs avec des moyens simples. Le théâtre « à mains nues » comme je l'aime.
« Article 353 du Code pénal » est le titre d’un roman de Tanguy Viel. Je suis allé voir ce spectacle sans avoir lu ce roman et ne sais donc pas quelle a été la part d’adaptation réalisée par Emmanuel Noblet pour porter ce texte à la scène. Toujours est-il qu’on a vraiment la sensation qu’il s’agit d’un texte écrit pour le théâtre. Avec le titre, on a compris dès le début quel sera le dénouement, quelle sera la décision finale du juge. Le suspense est ailleurs : - on est tenu en haleine par le récit du personnage de Martial Kermeur, cherchant à savoir ce qui s’est réellement passé avec son fils ; - on guette les signes de l’évolution de la pensée du juge, de la formation de son intime conviction. Ce dialogue déséquilibré entre un juge taiseux et un Kermeur volubile, magistralement incarné par Vincent Garanger, met sur scène de vrais personnages de théâtre et forme un récit superbement contrôlé. Belle prouesse théâtrale !
5 rue Jean Jaurès 93130 Noisy-le-Sec
Métro Ligne 11, station Mairie des Lilas, puis bus 105, arrêt place Jeanne d’Arc (Mairie) ; ligne 5, arrêt Raymond Queneau, puis bus 145 arrêt Jeanne d’Arc ou arrêt Bobigny – Pablo Picasso, puis bus 301, arrêt Jeanne-d’Arc.
Voiture (prévoir stationnement dans les rues alentours, parking payant à la Gare de Noisy-le-Sec à 8 minutes à pied du théâtre) :
Autoroute A3 de la Porte de Bagnolet vers Lille, 100 m à droite après le panneau Villemonble, suivre la direction Rosny Centre Commercial, puis Noisy-le-Sec Gare. Face à la gare, prendre à gauche la rue Jean-Jaurès. Accès facile à partir de la Porte des Lilas ou de la Porte de Pantin par Romainville.