Trois Molière

du 4 novembre au 31 décembre 2003
1H30

Trois Molière

Le Misanthrope, Le Tartuffe et Dom Juan : Molière ou l'obsession de la sincérité. L'homme Molière fut obsédé d'une chose qu'il avait découverte : la sincérité n'existe pas, ni au théâtre, ni dans la vie ; il n'y a qu'apparence, illusion, représentation de sincérité.

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Le Misanthrope, Le Tartuffe et Dom Juan : Molière ou l'obsession de la sincérité. L'homme Molière fut obsédé d'une chose qu'il avait découverte : la sincérité n'existe pas, ni au théâtre, ni dans la vie ; il n'y a qu'apparence, illusion, représentation de sincérité. Le reste n'est que grimace, qu'affection pure.

Alceste, Orgon, Dom Juan ont rêvé. Ils croyaient à la sincérité du monde, mais le monde, lui, ne rêve pas.

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L'homme Molière fut de mon avis, obsédé d'une chose qu'il avait découverte et que personne n'avait découverte avant lui, et seulement parce qu'il était par son métier de comédien confronté à la représentation de la vie et que sa méditation n'était pas métaphysique mais concrètement ancrée sur les planches des tréteaux : la sincérité n'existe pas, ni au théâtre, ni dans la vie, il n'y a qu'apparence, illusion, représentation de sincérité, et le reste n'est que grimaces, qu' "affectations pures".

Dans notre siècle où la société du spectacle s'est étrangement imposée, où le paraître et le virtuel prennent tous les jours le pas sur le propos, sur la réflexion, où les Tartuffe télévisés ont affiné leur grimace au point de se confondre avec le milieu qu'ils parasitent, l'obsession fataliste de Molière n'en finit pas de faire écho : et même si Tartuffe finira en prison, la déflagration pasolinienne qu'il a répandu sur la famille Orgon toute entière se répercute encore jusqu'à nous.

Alceste lui-même, dans son microcosme mondain où chacun y va de son avis sincère et où chacun, en parlant, nie par là même sa propre sincérité, n'y résiste pas : son jusqu'auboutisme rigoureux n'ira que jusqu'au bout de la pièce où il découvre finalement qu'il ne peut, lui non plus, aller jusqu'au bout de son amour pour Célimène, démasquée, dépouillée de la valeur que lui a accordée la petite société qu'il condamnait, et que sa sincérité utopique est relativisée par le rapport aux autres.

Dom Juan, seul, nous sauve, mais à quel prix. Dom Juan nie Dieu, bien sûr, et par là s'adonne par commodité ou par jeu à tout ce à quoi son rang et son athéisme l'autorise : hypocrisie, prodigalité, luxure deviennent ses armes favorites pour duper le Pauvre, Elvire et ses frères, les paysannes, son père ou Monsieur Dimanche. Mais Dom Juan ne croit pas non plus en l'homme, ne le croit pas capable d'amour, d'émotion, de sensibilité. Il ne voit en lui que faiblesse, crédulité, insincérité, et le méprise pour cela à tel point qu'il passe sans s'épancher, et meurt sans se retourner sur la misère d'un monde que son insensibilité a contribué à répandre.

Une mise en scène ne peut que répondre aux obsessions de l'auteur d'une pièce. Monter Molière maintenant, c'est certainement rendre compte de cette sincérité blessée, de cette découverte insoutenable que l'apparence des choses parle pour la chose elle-même. Il ne s'agit pourtant pas de mettre en scène le "Je-ne-sais-quoi" ou le "Presque-rien" de différence, entre la bonne fois d'un acteur et la sincérité d'un personnage. On se perd souvent dans ces mises en abîmes. La quête d'absolu des personnages de Molière est concrète et traitable, et le texte, à jamais, une source profuse et jaillissante.

On aura compris que pour nous, c'est avant tout l'articulation du texte qui donnera chair au spectacle, et qu'il s'agira d'y mordre à belles dents pour faire éclater les décalages, les ruptures et les couleurs des intentions. La rage contenue des personnages en proie au dilemme permanent de voir la réalité échapper à leur rêve, est d'ailleurs en soi un spectacle détonnant, plein de bruits, de fureurs, de contrastes et de rires. Jouvet disait que les personnages de Molière étaient malades de l'imagination : c'est que cette imagination leur donne un destin qui se dénoue sans cesse dans le dur retour à la réalité.

Alceste, Orgon, Dom Juan ont rêvé. Ils croyaient à la sincérité du monde, mais le monde, lui, ne rêve pas.

Philippe Ferran

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Les mardis : Le Misanthrope
Les Mercredis : Tartuffe
Les Jeudis : Dom Juan
Les vendredis et samedis : Le Misanthrope à 14h, Tartuffe à 16h30, Dom Juan à 19h.

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Vingtième Théâtre

7, rue des Plâtrières 75020 Paris

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  • Bus : Henri Chevreau à 66 m, Julien Lacroix à 190 m, Pyrénées - Ménilmontant à 392 m
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Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières 75020 Paris
Spectacle terminé depuis le mercredi 31 décembre 2003

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