TriumVirus (Volet 1)

du 31 octobre au 18 novembre 2017
1h40

TriumVirus (Volet 1)

Une pièce/montage en douze tableaux pour quatre actrices - est une réflexion sur la dette, son accumulation et sa conséquence indéfectible : la crise.
  • Réflexion sur la dette

TriumVirus (Volet 1) - pièce/montage en douze tableaux pour quatre actrices - est une réflexion sur la dette, son accumulation et sa conséquence indéfectible : la crise. État d'exception permanent.

Ça donne presque la migraine, l'envie de s'allonger, de fixer une légère fissure sur le plafond blanc du crâne, aphasie chronique, dépression médicamenteuse, de toute façon, à quoi bon, hein ?

La crise de la dette est cet état d'exception. Au même titre que l'état d'urgence, elle agit comme un instrument de pouvoir qui capture le temps à venir et ses possibles, et provoque ce sentiment indéniable d'impuissance contemporaine.

Nous partons de ce sentiment d’impuissance. Pour ça, nous avons comme terrain d’analyse les événements survenus en Grèce depuis octobre 2009, communément appelés « la crise grecque ». Les contours géographiques de notre terrain sont l’Europe et ses institutions. Notre angle d’attaque est une réflexion autour de la notion de « crise de la dette ».

Par la Cie Point de fuite.

  • A la lueur de la crise grecque

Il s’agira de faire parler ce qu’on pourrait nommer le « symptôme grec ». Comme les signes d’une maladie systémique, cette crise semble être un moment crucial dans l’histoire de la construction de l’Europe. Cette alliance essentiellement économique laisse entrevoir, dans une cacophonie médiatique générale et continuelle, un déficit démocratique, qui n’est pas sans faire écho au « véritable » déficit public annoncé le 20 octobre 2009 par Giorgos Papa- konstantinou, alors nouveau Ministre des Finances grec. Quelques mois plus tard, la Grèce signera un premier accord avec ses créanciers. En contrepartie d’un prêt, elle devra appliquer les plans de « sauvetage » dictés par ses « sauveurs ». Un vent d’austérité s’abat sur le pays emportant tout sur son passage. On parle de « traitement de choc », de « cure d’austérité ». Les directives sont claires : baisse des salaires dans la fonction publique et dans le secteur privé, dérégulations de nombreuses professions, démantèlement des conventions collectives, réductions des effectifs dans tous les secteurs. Les conséquences sont désastreuses. C’est tout le corps social qui est atteint et considéré comme responsable et coupable d’avoir trop profité.

Il est inquiétant de voir à quel point « la crise de la dette » produit des effets qui vont bien au-delà du domaine économique. « Mauvais élève de l’Europe », « pays malad e», « fainéants », « menteurs » ; on assiste à une construction discursive moralisatrice, qui vient légitimer les sanctions infligées. Ici ce n’est plus Dieu, mais la crise, qui est fétichisée et à qui l’on accorde un pouvoir presque transcendantal. Je m’interroge. Cette nouvelle idole à laquelle immoler toujours plus d’offrandes, de vies détruites, est elle devenue un instrument de pouvoir ? Quelles sont les conséquences sur l’Homme endetté ? Et comment faire face, alors, à ce pouvoir abusif et pervers ?

« D’un côté, la crise, c’est l’excès dans la logique du système, la situation d’exception qui fait qu’on va pouvoir prendre des mesures drastiques pour détruire tout ce qui empêche la compétitivité du travail. Mais de l’autre côté, c’est la pathologie normale. On pose comme donnée que notre société est malade, on nous explique que tout le monde est partie prenante de la maladie, y compris les pauvres qui veulent consommer, être propriétaires, avoir des crédits, tout ce qu’on peut imaginer quoi. Donc on valide l’idée que le fonctionnement normal de la chose sociale est un fonctionnement habité par la maladie. Ce qui veut dire bien sur qu’il faut des médecins. Et on sait que les médecins sont toujours là. » Jacques Rancière, Le symptôme grec, ed Lignes

« Le « moment troïkan » est un bouleversement de l’horizon, et donc du temps vécu, projeté et en fin de compte espéré. Nous vivons au jour le jour, sans projets à long terme, nous ne voyons pas plus loin que le bout de nos peines. « La dette souveraine » est passée du statut de « crédit » bancaire à celui d’échéance téléologique perpétuelle. » Panagiotis Grigoriou, La Grèce fantôme, ed Fayard

  • Processus de travail : une écriture de plateau

Loin d'un théâtre documentaire, nous partons de fictions potentielles que nous trouvons en improvisation. Potentielle, car ce n'est pas tant la fiction qui m'intéresse que ce qu'elle nous permet de mettre en perspective : la complexité du lien qui s'instaure entre un corps qui soumet un autre corps, les mécanismes d'oppression, de soumission, les liens entre pouvoir et savoir, culpabilité et punition et les possibilités de résistances et de renversements.

Loin d'incarner ces figures, nous nous amuserons à les jouer, à les représenter avec une certaine distance grotesque, provocatrice et satyrique. Nous serons dans un aller/retour permanent entre le jeu et sa mise à distance, à la fois grotesque et tragique, nous naviguerons entre ces différents degrés de fictions. Pas d'histoire linéaire donc, mais une succession de situations que les spectateurs nous voient construire, investir et déserter.

La création se fait à partir de matériaux hybrides : « la crise grecque » est donc notre terrain d'analyse initial. À cela s'ajoute divers textes théoriques, poétiques, pièces de théâtres, films, documentaires, musiques qui agissent comme un cadre au déploiement de la pensée et de l'imaginaire. Ce cadre est un support qui m'a permis d'écrire TriumVirus. En dehors des miens, j'utilise les mots de Franz Kafka À la colonie pénitentiaire / Molière Le malade imaginaire / John Cassavetes Une femme sous influence / Jules Romain Knock / Victor Hugo La légende des siècles / et quelques citations de personnalités politiques et médiatiques.

C'est par ce montage potentiel, cette mise en échos des divers tableaux/scènes, que la globalité du spectacle trouvera son achèvement, dans la tête de chaque
spectateur, lui donnant une place nécessaire et active.

Cette création répond à une urgence, celle d'un sentiment d’impuissance collectif qui demande sa transformation. Cette demande, ce désir, est celui d'un théâtre vivant et transgressif, qui cherche en son sein la joie des solitudes partagées. En prêtant attention à ne pas tomber dans l'exaltation aveugle ou la dérision cynique, nous répondons ici à l'austérité ambiante et mortifère qui se propage. Nous opposons à la mise en récit médiatique permanente et « cohérente », la coexistence de différents degrés de fictions, de tableaux et de présences, multiples et contradictoires. Et nous demandons : Que serait aujourd'hui un théâtre politique ? Et quels moyens avons nous pour dire notre époque et sa nécessaire transgression ?

Sélection d’avis du public

Triumvirus Par Isabelle A. - 7 novembre 2017 à 13h58

Une excellence pièce engagée avec un regard qui interpelle, des actrices extraordinaires .. bravo et j'attend la création prochaine De Nina !

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Triumvirus Par Isabelle A. (1 avis) - 7 novembre 2017 à 13h58

Une excellence pièce engagée avec un regard qui interpelle, des actrices extraordinaires .. bravo et j'attend la création prochaine De Nina !

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Théâtre-Studio à Alfortville

16, rue Marcelin Berthelot 94140 Alfortville

Accès handicapé (sous conditions) Bar Grand Paris Restaurant Val-de-Marne
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Spectacle terminé depuis le samedi 18 novembre 2017

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