Procès ivre

1971, Koltès a vingt-trois ans. Fervent lecteur de Dostoïevski, il écrit et met en scène Procès ivre d’après Crime et Châtiment… une ronde de nuit, cinq jours durant.

« Radicalement coupé du monde comme avec des ciseaux », Raskolnikov danse son meurtre : « Je ne veux plus ma part de ciel, ma part de pluie, ma part d’espace. Je veux tout le ciel, je veux toute la pluie que je veux, je veux me tailler l’espace à coups de couteau… ». Autour de lui, la mort-accordéon rôde, l’entraîne dans une bacchanale interminable, jusqu’à l’aube du sixième jour où, tel Lazare ressuscité, l’homme s’énonce et s’accuse : « Je suis l’assassin d’une vieille femme nommée Aliona Ivanovna. Raskolnikov. Mon nom est Raskolnikov. »