Max Black

Paris 10e
du 14 au 19 février 2012
1h15

Max Black

André Wilms en philosophe pyromane cloîtré dans son laboratoire, Heiner Goebbels en “maître d’oeuvre” de cette machinerie en permanence déstabilisante, Max Black forme un tout visionnaire et intense, à la recherche de la vérité universelle.

Une oeuvre singulière
Au feu
Note de mise en scène

  • Une oeuvre singulière

Eraritjaritjaka a été un moment fort du Festival de Marseille en 2006. Après avoir goûté à ce théâtre total qui adopte les allures de la conférence, de l’opéra, du monologue, du concert et de la pièce multimédia, le Festival éprouvait le désir, voire le besoin, de se mouvoir à nouveau dans l’univers d’Heiner Goebbels et d’André Wilms.

Max Black est le deuxième volet de la trilogie se résolvant dans Eraritjaritjaka. Il en a la force opaque et la jouissive complexité. C’est une oeuvre singulière de laquelle s’élève une voix sépulcrale et des sons mystérieux qui interrogent les secrets du monde, la puissance alchimique des sciences et de la culture des hommes.

André Wilms y incarne un philosophe pyromane cloîtré dans son laboratoire, déjouant à coups de mathématiques et de littérature les pièges qui nous cachent, rien de moins, la vérité universelle. Heiner Goebbels est le “maître d’oeuvre” de cette machinerie en permanence déstabilisante. Il assure musique, écriture et mise en scène pour créer, non un univers, mais carrément un système sous le nom de code Max Black, du nom d’un scientifique russe dont le travail est la matière du spectacle, au même titre que les écrits de Paul Valéry, Ludwig Wittgenstein et Georg Christoph Lichtenberg.

Sous le regard de plasticien du metteur en scène, tout s’anime, acteur, paroles, objets, sons, lumières et feux, dans une même orchestration visionnaire et intense.

D’après les textes de Paul Valéry, Georg Christoph Lichtenberg, Ludwig Wittgenstein, Max black.
Artificier : Pierre-Alain Hubert

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  • Au feu

Le compositeur et metteur en scène allemand Heiner Goebbels a exploré toutes les formes théâtrales et musicales de la fin du XXe siècle, non sans un certain humour, mais avec Max Black, il met cette fois-ci le feu à la scène.

Max Black est un mathématicien tout à fait sérieux, même si son nom semble être une métaphore du music-hall. Né à Bakou en 1909, il finit ses jours en 1988 à Ithaca aux Etats-Unis. Après de brillantes études à Cambridge où il côtoie le philosophe Ludwig Wittgenstein, il part à Göttingen se perfectionner. Il publie à l’âge de 24 ans son premier livre The nature of mathematics où il critique le formalisme en mathématique puis ses travaux l’amènent à développer une mathématique des ensembles flous. Il s’intéresse à des prédicats vagues comme “l’eau est tiède” ou à des objets imprécis tels qu’une flamme. Ainsi en 1962 il publie aux Etats-Unis un livre important Models and metaphors où il précise le statut de la métaphore face au formalisme. Le flou, l’imprécis sont constitutifs de celle-ci. Il distingue le cadre de la métaphore, son environnement littéral et le foyer constitué des mots dans leur sens figuré. Il rappelle aussi l’importance du lecteur dans la réception de la métaphore, voire ici du spectateur.

La mise en forme millimétrique du dispositif pyrotechnique où évolue notre professeur Max Black alias André Wilms est une machine infernale à gag. Au théâtre, le cadre de la métaphore et ses désinences doivent se recouper l’un par l’autre pour que l’illusion puisse pleinement opérer. En fait, il n’existe pas de théâtre flou semblent nous dire Heiner Goebbels et André Wilms.

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  • Note de mise en scène

La langue devient musique en se développant tantôt de manière poétique, tantôt en se dissolvant dans l’abstraction (par exemple quand il s’agit de mettre en musique une formule mathématique), inversement, chaque son musicalement utilisable sera aussi concrètement ancré que la bouilloire ou les balles sur les tambours dans la précédente. Mais l’exigence sera ici exactement inverse (les musiciens étaient alors les interprètes, et la création de la musique fondait la scène) : ici, tout ce que fait le comédien se transformera en lumière (feu = image action) et musique (son).

Heiner Goebbels construira sa composition sur des textes empruntés à Paul Valéry, Georg Christoph Lichtenberg, Ludwig Wittgenstein et Max Black. Au centre de la pièce de théâtre musical de Heiner Goebbels, il y a le comédien André Wilms avec et pour qui avait été conçu Ou bien le débarquement désastreux (T&M-Nanterre, 1993).

D’une certaine manière, Max Black commence où finissait Ou bien le débarquement désastreux : quand - après ses expéditions en terre étrangère, la confrontation avec la culture et la musique africaine et la maîtrise du texte de Heiner Müller Herakle 2 ou l’Hydre - le comédien tente, dans la dernière scène, de tracer à la craie sur la pyramide un tableau de ce que Francis Ponge avait inscrit sur son Carnet du bois de pins pour se faire une idée de la nature.
Un bois de 40 ans se nomme futaie sur taillis.
Un bois de 40 à 60 ans se nomme demi-futaie.
Un bois de 60 à 120 ans se nomme jeune haute futaie. Etc.
À présent, la lumière s’est éteinte, les musiciens sont partis.

Ce qui reste dans Max Black, c’est un chercheur dans son laboratoire (biologiste, physicien, chimiste, logicien, mathématicien, sémioticien, linguiste ?). (Il n’est pas sûr que les choses en resteront là) : le projet. L’éclairage (développé en compagnie de l’artificier français Pierre-Alain Hubert) prévoit de ne pas travailler avec la lumière, mais avec le reflet du feu, de déclencher des flammes demanière contrôlée, et de les mettre en scène en un mélange non prévisible de surprise et de régulation.

Toute la musique - les sons et les bruits - sera actionnée, déclenchée par l’acteur. La scène est un laboratoire d’idées que le spectateur peut suivre, par exemple parce que des mèches sont allumées qui déclenchent des réactions en chaîne, parce que, grâce à un sampler, André Wilms reproduit sur un clavier ses propres sons qu’il a enregistrés auparavant ; parce que le bruit d’un pot renversé devient un rythme qui fournit la base de la composition du passage suivant, mais qui s’interrompt soudain parce que des étincelles jaillissent soudain d’un vieux poste de radio à lampes… etc. On verra le comédien tenter de mesurer l’incommensurable. On l’aidera à résoudre ses énigmes, celle du Barber of Tompstone ou bien Mort à Samara…

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  • La presse en parle

« Surpris, émerveillé, amusé, étonné, enchanté, fasciné, l'esprit du spectateur est dans un état de jubilation indescriptible. On regarde ses voisins : ils sourient comme des enfants ravis. Les textes sont difficiles, parfois. Mais la plupart du temps ils sont d'une implacable logique et en même temps absurdes et cocasses. Des démonstrations qui ont toute l'apparence de la rationalité et sont complètement folles. » Armelle Héliot, Le Grand théâtre du monde

« Un théâtre musical tout à fait unique, sophistiqué et ludique. (…) Quelle bonne idée a eue le Théâtre des Bouffes du Nord de reprendre ce spectacle créé en 1998 et qui, quatorze ans plus tard, non seulement n'a pas vieilli, mais éclate de modernité. » Le Monde

« Résumons-nous  : en la personne de l'acteur André Wilms, Heiner Goebbels a trouvé mieux que son clone  : son clown. » Rue89

« André Wilms est chez lui dans l'univers d'Heiner Goebbels, qu'il traverse en voyageur intranquille ou en savant faustien, comme une page blanche sur laquelle se liraient les mythes qui ont façonné une certaine Europe. » Le Monde

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Spectacle terminé depuis le dimanche 19 février 2012

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Spectacle terminé depuis le dimanche 19 février 2012