Les Fourberies de Scapin

du 14 mai au 28 juin 2003
1H35

Les Fourberies de Scapin

CLASSIQUE Terminé

Aussi machiavélique que virtuose, Scapin va recourir à mille et un ruses pour arriver à ses fins : pistoles dérobées, projets nuptiaux déjoués…

Résumé de la pièce
Un rendez-vous ancien

Scapin l’aventurier

Triomphe de la transgression sur la sanction

Duo de clowns

Une vision sinistre de la paternité

La « quête du père »

Le roman de Scapin

La diagonale de la folle

Le caractère des personnages

L’espace

L'habillage sonore

D’abord il y a Scapin, le valet rusé, qui veut aider un fils, qui s’est marié pendant l’absence de son père, à affronter son retour (celui du père), et pendant qu’il y est à faire face à ses dettes (celles du fils). Ensuite, il y a l’ami du premier fils, amoureux d’une jeune égyptienne retenue prisonnière, qui implore Scapin de l’aider à la racheter. Scapin, jamais à court d’invention, soutire aux deux pères les sommes dont il a besoin, et tout irait pour le mieux dans le meilleur des Naples possibles si, pour se détendre un peu, il ne s’avisait de tester à grands coups de bâton la solidité du dos de l’un de ses généreux donateurs. Pourtant cette émouvante sollicitude ne lui vaudra en retour qu’animosité et courroux. Déroutante complexité de l’âme humaine !

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L’envie de monter Les fourberies de Scapin s’enracine dans mon enfance, dans le choc ressenti à la découverte de ce texte qui tranchait si nettement avec la littérature à laquelle j’avais accès. Dans le monde de Scapin, ce n’est pas celui qui détient la vérité qui gagne les « duels », c’est le plus rusé. Duels en effet, puisque cette lecture fit naître dans mon imagination des figures proches de l’escrime qui m’apparurent comme une sorte de danse de combat basée sur des mots. Je crois que cela m’a fait prendre conscience de l’existence du mouvement au théâtre.

Je me souviens aussi de mes sentiments ambivalents pour Scapin, l’insubmersible Houdini de la mystification, qui, debout sur un fil suspendu, acculé par son adversaire, ne perd jamais l’équilibre et parvient toujours à retourner la situation à son avantage. Admiration, bien sûr, mais aussi jalousie : trop de perfection ? de roublardise ? pitié pour des personnages de pères dont je ne percevais pas tout le ridicule ? goût pour l’ordre et la loi ? Je découvrais avec un effroi mêlé de ravissement les possibilités abyssales offertes par le monde de la transgression.

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En effet, Scapin apparaît comme un personnage profondément transgressif : il ment, vole, frappe, boit, se vante abondamment, se moque de Silvestre, méprise Octave et Léandre, ridiculise Géronte, se venge après un affront ou s’il estime qu’on le fait trop travailler. Pourtant, la comparaison avec Dom Juan et le sort que Molière lui réserve montre que Scapin évolue dans un autre univers, où la transgression semble être objet de déni. Cela peut d’ailleurs procurer un certain bien-être au spectateur qui se trouve déculpabilisé de son éventuelle « fourberie » personnelle.

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D’autres dispositifs contribuent à ce déni : 
· La mise à distance de la virulence de Scapin par l’enrôlement d’un comparse débonnaire : Silvestre,
· Le contraste entre l’avarice des deux pères, qui se cumule, et l’amortissement de la malveillance de Scapin par la bénévolence de Silvestre.

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Dans les Fourberies de Scapin, le personnage à qui va réellement ma tendresse est Silvestre. Plus innocent que Scapin, par qui il se laisse entraîner à son corps défendant, il est aussi plus modeste dans ses ambitions (ne pas attraper de coups de bâton), et le reste du temps subit les événements avec un fatalisme un rien paresseux.

Scapin et Silvestre fonctionnent en équipe, agissant solidairement jusqu’au troisième acte, où Silvestre refusera de cautionner la vengeance de Scapin envers Géronte, et « lâchera » Scapin en niant auprès d’Argante toute participation à la fourberie des 200 pistoles. Sa relation avec Scapin, faite d’admiration, d’obéissance, de complicité active, mais dont il trace clairement la limite (ne jamais prendre le risque de coups de bâton inutilement), fait de lui l’un des « cœurs purs » de la pièce, à l’égal de Hyacinthe.

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La paternité est bien sûr un thème majeur de la pièce. Deux pères, pas de mère, deux femmes pour Géronte, la nouvelle du décès de l’une d’entre elle au cours de la pièce ne paraissant pas le chagriner outre mesure. Dans cette intrigue où circulent à l’évidence des thématiques très « freudiennes », la double fourberie des 200 pistoles et des 500 écus apparaît comme une étrange manifestation de transmission paternelle.

Argante donne 200 pistoles pour rendre possible la légitimation du mariage de son fils (le faire casser, puis marier Octave à une femme qu’il estime légitime). Mais cette légitimation sera en fait le fruit du hasard. Géronte croit en donnant 500 écus permettre le rachat de Léandre, et c’est celui de Zerbinette qui sera effectué… par Léandre. Argante et Géronte échouent à influer sur l’avenir de leur fils. Pour y parvenir, il leur aurait fallu faire un don auquel ils se refusent : un don de liberté, sans lequel la transmission paternelle n’est qu’un leurre. Mais l’avarice de ces deux pères « rapetisse » ce qu’ils donnent. Cette petitesse peut être rapprochée du sens de la duplication de ces familles sans mères : un effet de dégradation, une vision dépréciée de la paternité.

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La pièce raconterait donc l’histoire d’un homme qui met en jeu ses puissantes facultés de simulation pour punir deux vieillards de leurs lamentables défauts. Cependant, le triomphe de la transgression sur la sanction n’explique pas complètement son dénouement.

En effet, quelle diablerie peut bien pousser Géronte, alors qu’il a prouvé sa résolution à obtenir réparation par une sentence de mort, et qu’il n’est à ce moment pas dupe du jeu de Scapin, à lui accorder son pardon ?

Un scrupule lié au respect de la vie humaine ? Cela cadrerait mal avec le caractère de cet homme d’affaires opiniâtre, voyageur au long cours, père ombrageux, capable aussi bien de rétorsion envers son fils que de tromperie envers son épouse. La réponse de Géronte, et surtout la véritable question implicite de Scapin, ne peuvent être comprises sans le recours à un autre niveau de lecture, qui prend en compte la nature profonde du farceur et des relations qu’il tente d’établir avec ses semblables.

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Le mobile du farceur est d’exprimer une demande d’amour. En faisant des farces, Scapin a depuis sa plus tendre enfance agi pour recevoir l’amour que ne lui donnaient pas ses parents : enfant trouvé, ou mal﷓aimé… Observons le texte : c’est du Ciel, et non de ses parents, que Scapin affirme avoir reçu « un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesses d’esprit,… », en parlant de son talent pour la fourberie. Lorsqu’il emploie l’expression « père et mère », c’est par dérision de l’aspect physique de Silvestre (« te voilà grand et gros comme père et mère, et tu ne saurais trouver dans ta tête, forger dans ton esprit quelque ruse galante… »). Autant dire que l’évocation par Scapin de la notion de parents manque de chaleur, ce que confirme son opinion plutôt dure sur ce qui fait fonctionner l’amour dans un couple : « un bonheur tout uni nous devient ennuyeux ; il faut du haut et du bas dans la vie ».

Dès lors, chaque fourberie apparaît comme une médaille à deux faces, la victime étant à la fois assaillie par le farceur et destinataire d’une demande d’amour en retour. Scapin exprime sa tendresse à la fois à Argante et à Géronte juste au moment de leur jouer ses tours les plus pendables (respectivement la prise des 200 pistoles, et les coups de bâton sur le sac), et rien n’interdit de penser qu’il s’y trouve une grande part de sincérité. Cependant, sa position vis-à-vis des deux vieillards est très différente. Scapin trahit son véritable mobile lorsque, après un affrontement sans merci avec Léandre, il révèle sa rivalité mimétique avec lui dans l’ordre de la filiation. En effet, pour se moquer de son maître, il lui conteste son lien de parenté avec Géronte. Scapin désire la place de fils de Léandre. Il fait à son père un extravagant numéro de charme sous forme d’un festival d’imitations après l’avoir enfermé dans le sac. Lors de la scène finale, la demande qu’il exprime à Géronte est tout aussi indirecte : « C’est vous, Monsieur, que j’ai le plus offensé, par les coups de bâton que… ». C’est une demande d’adoption : l’« enfant trouvé » désire un père. Le sens de cette scène est donc le suivant : Géronte refuse de manière répétée d’entendre la demande d’adoption de Scapin, puis sur le conseil d’Argante, l’accepte.

Ce qui le rend possible, c’est que la famille de Géronte est sujette à une profonde restructuration. Ses deux enfants se marient. Entrent donc simultanément dans cette famille un gendre (Octave) et une bru (Zerbinette). Et Géronte apprend que sa seconde épouse de Tarente est morte. Dans cette famille en « recomposition », un espace existe donc pour faire entrer cet être turbulent qui désire tant être aimé. Mais l’adoption d’un valet, même tacite, n’aurait pas été possible sans le précédent constitué par l’entrée de Zerbinette dans la communauté.

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Dès l’apparition de Zerbinette, Scapin sent qu’il peut disposer d’une pièce maîtresse dans la délicate partie d’échecs qu’il joue pour se faire adopter par Géronte. Il teste immédiatement ses intentions face à l’amour de Léandre, voulant s’assurer que le processus nuptial dans lequel ce dernier est engagé ira à son terme. Mais il ne sait pas encore que l’irruption de l’« égyptienne » dépassera largement son espérance. Car la réaction de la rieuse Zerbinette à la relation de la fourberie de la galère sera si dévastatrice que Géronte sera contraint, à l’insu de la jeune femme, à un face-à-face décisif avec la vérité.

Outre la trahison de son fils et son alliance avec Scapin, il y apprend sa réputation d’homme avare et crédule. Mais la nouvelle la plus surprenante pour lui est peut-être le nouvel amour de Léandre pour une « égyptienne » de passage. Géronte découvre que son fils, dont il a encore pu sentir la chaleur des sentiments à son égard lors de son retour de voyage, va quitter le giron familial... Un instant sonné par cette révélation, il cherche à empêcher cette union en stigmatisant le manque de délicatesse de Zerbinette et la supposée impureté de ses mœurs. Mais il devra s’avouer vaincu quand Léandre, mûri par la rencontre et le rachat de Zerbinette, lui montrera sa nouvelle détermination d’adulte.

Partant, la reconnaissance de sa fille par Argante apparaît pour ce qu’elle est : un moyen de faire entrer Zerbinette dans une communauté dont son origine l’aurait autrement exclue. Dans le nouveau schéma familial que tracent les autres protagonistes autour de lui, Géronte est peu à peu réduit au silence, à la manière d’autres personnages moliéresques : si une « coureuse » peut entrer dans la famille, pourquoi pas un valet ? On voit se dessiner là une conception tolérante de la communauté, qui à elle seule confère à cette pièce une touchante modernité.

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Scapin
Il personnifie en quelque sorte la fourberie. Or le mot « fourbe », en étant « recyclé » depuis peu dans le langage des banlieues, a acquis une connotation beaucoup plus radicale qu’auparavant.

Nous avons choisi de montrer un personnage de fourbe dans cette dernière acception : celle d’un dur à cuire, revenu de tout, tricheur avec les autres mais pas avec lui-même, c’est-à-dire capable à la fois de rendre service lorsqu’il y trouve son compte professionnellement ou affectivement, et d’une vraie méchanceté quand il est poussé dans ses retranchements.

Scapin au cours de la pièce cumule un nombre de rôles qui donne le tournis : il est metteur en scène et acteur pour Octave (pour lui apprendre à « résister » à son père, il joue son rôle), donneur de conseil à Argante (et simultanément protecteur de Silvestre), metteur en scène encore pour Silvestre (pour le déguiser en spadassin), pénitent cherchant la rédemption auprès de Léandre (il avoue ses fourberies), intermédiaire proposant ses bons offices à Argante auprès du spadassin, puis protecteur de ce même Argante quand ledit spadassin souhaite l’« échiner », messager d’un commandant de galère turc auprès de Géronte, mécène des amours d’Octave et Léandre, chaperon de Hyacinte et Zerbinette, sauveteur zélé de Géronte cerné de mystérieux « ennemis », et enfin agonisant implorant le pardon de ses victimes avant de rendre son dernier soupir.

Pour rendre acceptable ce côté « kaléidoscope » du rôle, le personnage annonce d’emblée qu’il possède le « génie » de l’intrigue. Cependant, il conserve au long de son parcours une attitude d’expérimentateur, en vérifiant l’effet de ses fourberies sur ses dupes, et en s’adaptant en permanence aux réactions parfois inattendues de ses adversaires.

Silvestre
Son caractère est plus enfantin encore que celui de Scapin. Son horizon mental paraît limité à la « dialectique » des coups de bâton. Cependant, sa longue expérience de la domesticité a fait de lui un véritable professionnel, capable de garder la tête froide lorsque, malgré toutes ses précautions, la fatalité des coups de bâton s’abat sur lui à nouveau. Il sait alors faire preuve de soumission pour ne pas exaspérer la colère de son maître, tout en profitant le cas échéant de la moindre occasion pour se faufiler hors de sa portée. Mais il constate avec une incrédulité qui peut friser le dépit que la nature humaine est décidément rétive aux leçons de la raison, cette raison qui lui commande de tout faire pour éviter les « venues de coups de bâton ».

Argante
Ses déambulations où il soliloque en bougonnant contre le mariage de son fils plantent d’emblée un personnage d’autorité, à la fois extraverti et compulsif. Mais il est également attaché aux apparences, et s’il va à travers la ville en exprimant sa fureur à haute voix, c’est aussi qu’il veut que les « napolitains » sachent de « quel bois il se chauffe ». Ce goût pour l’ostentation, vite repéré par Scapin, sera exploité par celui-ci pour l’obliger à baisser la voix, en parlant de son honneur et de celui de son fils. 

Argante est aussi un personnage crédule, et se laisse influencer par le discours de Scapin : quand celui-ci lui dépeint la justice dans un langage quasi apocalyptique, il se trouve soudain comme enfermé dans un labyrinthe, dont il explore les parois avec son corps sans en trouver la sortie. Pour s’extraire de son cauchemar, Argante est contraint de revenir au sujet « de fond » : le prix du « mulet », élément de sa négociation fictive avec le soi-disant spadassin.

Enfin, c’est un lutteur opiniâtre, et chaque avantage que Scapin obtient dans sa discussion financière se paye d’une quantité considérable d’efforts. A la différence de Géronte, qui cèdera les 500 écus comme rançon pour le rapt de son fils, Argante ne laisse à Scapin les 200 pistoles qu’après l’intervention spectaculaire de Silvestre déguisé en spadassin, c’est-à-dire face à un procédé d’extorsion fondé sur l’intimidation. Cet homme a donc un fameux « bon sens », et il le prouvera à la fin de l’action, quand il recommandera à son compère Géronte de calmer ses ardeurs vengeresses.

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Géronte
Louis Jouvet en fait une description sans concession : « Géronte est un naïf, un crétin, c’est un naïf comme tous les gens qui ont une grosse dose de passion, comme tous les imaginaires. Il a une forte passion pour l’argent. C’est un avare beaucoup plus qu’Harpagon, et c’est ce qui fait qu’il a dans tous les autres domaines une naïveté extraordinaire. » (in « Molière et la comédie classique »).

Sa relation complexe à Scapin le place en position de victime à plusieurs reprises au cours de l’action. Géronte semble éprouver un certain plaisir à être trompé, volé, frappé, puis ridiculisé, puisque ses réactions, face aux coups que Scapin lui donne dans le sac, ou face aux moqueries de Zerbinette, sont certes réelles (il n’est donc pas tout à fait dupe) mais tardives. Dans ces deux cas, s’il finit par interrompre un jeu devenu insupportable pour lui, ce n’est qu’au bout d’un long temps pendant lequel il souffre. Cette tendance, « masochiste » en quelque sorte, s’ajoute aux traits dysfonctionnels de ce personnage, cités par Jouvet, et à la honte qui semble être son lot habituel (Zerbinette se souvient d’abord de la fin du nom de Géronte…).

C’est pourquoi le personnage se lamente autant. Un peu comme dans un cercle vicieux qu’il entretient lui-même par sa naïveté, il se complait dans la plainte, pour accuser Scapin, Léandre, Zerbinette, et ne pas regarder en face son propre néant affectif et mental.

Hyacinte
Ce personnage semble avoir été créé pour sa timidité et son « don » particulier pour l’inquiétude. Inquiétude du retour d’Argante, d’une infidélité toujours possible de son nouveau mari, d’un éventuel refus de Géronte d’accepter Zerbinette pour bru, ce qui la priverait de sa nouvelle amie et d’un soutien que l’on devine important pour elle. Personnage romantique et rêveur, elle intervient peu dans le cœur de l’action, Scapin comprenant qu’il a intérêt à l’éloigner au moment où commencent les choses sérieuses : la partie s’annonce serrée, et en bon capitaine d’équipe, il ne retient que les « joueurs » les plus solides.

Zerbinette
Sa jeunesse mouvementée a trempé son caractère, et Zerbinette sait prendre la vie du bon côté et ne pas se laisser marcher sur les pieds. Plus que sa crise de fou rire sous le nez d’un Géronte endolori, c’est sa sincérité juvénile, qui lui permet de se confier au premier venu, fût-ce un barbon, qui la rend attachante.

On veut croire, comme Molière le suggère, qu’elle ne garde aucune séquelle psychologique du rapt dont elle a été victime enfant, mais la confrontation immédiate, à peine libérée de ses égyptiens par l’intervention de Léandre, avec cet autre vieillard qui assure être son père, est un événement un peu difficile à accepter : Zerbinette ne lâche pas la main de son nouvel amant, seule attache fiable pour elle dans le monde incertain où elle vient d’entrer.

Octave
S’il est avec Hyacinte du côté des timides, et avec Silvestre du côté des couards, il fait preuve à certains moments de courage - le fameux « courage des timides » -, pour défendre Scapin contre la colère de Léandre, ou plus tard affronter son père. Personnage qui expose toute l’intrigue à Scapin au début de la pièce, son langage châtié laisse entrevoir un jeune homme assez élégant, ayant reçu une bonne éducation. Bien sûr il s’encanaille avec son ami Léandre, il joue les émancipés pour impressionner une jeune orpheline, mais il est bien vite rattrapé par les événements et doit remettre entièrement son salut amoureux et financier dans les mains d’un individu à la moralité plutôt douteuse - Scapin ne lui cache pas ses déboires judiciaires passés.
Le contrat qui lie Octave - et Léandre - avec Scapin est donc signé « du côté des malfrats », car les deux fils ne peuvent ignorer la malhonnêteté des procédés de Scapin.

Léandre
Son tempérament impétueux fait de lui un personnage plus agressif qu’Octave, ce qui le conduit à une certaine violence dans ses rapports avec Scapin, et à des menaces de suicide lorsque aucune solution ne s’offre à lui pour délivrer Zerbinette. Il se montre chaleureux avec son père, bien que fuyant quand celui-ci l’interroge sur ses frasques supposées, mais montrera lors de ses retrouvailles finales avec Géronte un aplomb plus convaincant que la rébellion tardive d’Octave. C’est grâce à ce dernier qu’il pourra recourir aux services de son propre valet, car sans l’appui d’Octave il ne pourrait sans doute pas obtenir le pardon d’un Scapin très vexé par ses aveux forcés et qui s’en vengera sur Géronte. Tout l’opportunisme de cette « tête folle » (sur ce plan il est bien apparié à Zerbinette) apparaît lorsqu’à l’annonce du départ imminent de sa bien-aimée emmenée par ses égyptiens, il se précipite sur Scapin pour le couvrir d’excuses.

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Le décor représente les maisons de Géronte et d’Argante, entre lesquelles un espace bleu figure l’horizon maritime, c’est-à-dire implicitement le port.
Les personnages peuvent entrer sur scène soit depuis l’intérieur d’une des deux maisons, soit depuis le « port », c’est-à-dire l’espace situé entre les maisons, soit par un couloir latéral qui figure le reste de la ville : avocats d’Argante, «logis » où résident Hyacinthe et Nérine, lieu de la fête finale déclenchée par Argante.

Au début de la pièce, le son donné à écouter est le bruit de la mer et du vent. Cette évocation liquide sert à créer la présence d’un protagoniste indispensable à l’action : la mer. En effet, le voyage des vieillards s’est effectué sur mer, de même que le retour depuis Tarente de Hyacinthe, sa défunte mère et Nérine, et les nouvelles apprises par les personnages au cours de la pièce (Octave et Silvestre au début, Géronte lors de son arrivée à l’acte II puis lors de son retour vers Argante à l’acte III), leur sont données par des marins qui sont en contact avec le « milieu » de la navigation maritime.
Un son de cloche, comme un réveil brusque, rompt le balancement des vagues et annonce le démarrage de l’action.

Les actes sont séparés par des sons de cloches de monastères, donnant un caractère à la fois solennel et austère au temps qui s’écoule dans le noir.

A la fin de la pièce, Scapin est bruyamment porté en triomphe par les autres personnages, et Géronte reste seul en scène, tardant à rejoindre l’assemblée partie fêter l’heureux dénouement. Pendant quelques secondes, il paraît se demander s’il n’a pas été mystifié une fois de plus. Le bruit de la mer et du vent revient alors, accompagnant son doute. C’est donc un climat plutôt nostalgique qui clôt le spectacle.

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Spectacle terminé depuis le samedi 28 juin 2003

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