
C'est une histoire de famille. De son quotidien un peu brinquebalant.
À partir de 12 ans.
C’est l’histoire de ce fils qui voudrait sortir les siens de la misère, peu importe comment. De cette fille qui se contente de rêver à une vie meilleure. De cette mère vaillante qui tient la maisonnée comme elle peut, et n’a pas le temps, elle, pour les rêves. De ce père, qui se traîne dans son passé et ses principes et sa tendresse, mais qui a un peu baissé les bras, ça ne lui a pas réussi l’ambition. Et puis il y a Georges aussi…
C’est l’histoire d’un mal sourd qui ravage la ville et de cette famille qui se laisse prendre peu à peu par l’étrange feu des Ardents.
C’est un conte qui parle de nous.
Il y a quelques années je suis tombée par hasard sur un article du journal Le Monde qui parlait des événements survenus dans la ville de Pont Saint Esprit. J’ai été fascinée par cette histoire. Un village qui sombre dans une folie collective, sans que l’on puisse précisément expliquer ni pourquoi, ni comment à l’époque. Je me suis renseignée longuement sur cette maladie. Sur les
différents cas qui ont été répertoriés. Et au-delà des conséquences physiques, psychologiques, mais aussi sociales de ce mal, ce qui m’a interrogé c’est la question de la folie.
Pourquoi sombre-t-on dans la folie ? Comment accepte-t-on de lâcher les digues de la Raison pour basculer dans ce qui s’apparente au Chaos ? Albert Camus développe cette réflexion dans son Mythe de Sisyphe. Quand on se cogne dans le mur de la vérité, quel choix nous reste-t-il ? Le suicide ou la révolte ? Quand ces personnes sombrent dans la folie, induite par la consommation d’ergot, abandonnent-ils la vie ? Ou acquièrent-ils la liberté ? Et c’est là que ce trouve pour moi, le coeur des Ardents. Comment chaque membre de cette famille, va se révolter ou succomber, contre la misère, contre le destin, contre un état de fait, contre sa condition sociale ?
Ce sont des questions qui me hantent par rapport au monde dans lequel on vit aujourd’hui. Les médias nous rapportent une multitude de faits-divers sur des gens qui du jour au lendemain « craquent » et font quelque chose de fou, d’horrible, d’irraisonné, d’irrationnel. Mais qu’est ce qui peut amener un être humain à ce choix ? Qu’est ce qui est du fait de notre nature ? Quelle est la part de responsabilité des sociétés dans lesquelles nous vivons ? Cela vient également toucher la question des disparités sociales. Ces fractures entre différents groupes vivant au même endroit. On a fait des classifications multiples, comme autant d’étiquettes, qui finissent par nous cantonner dans certaines limites induites : classes populaires, moyennes, supérieurs, peuple, bourgeoisie, aristocratie, migrants, urbain, provincial, etc…
Selon d’où l’on vient, où l’on a grandit, nous n’avons pas les mêmes accès à la vie. Ce n’est pas nouveau, ça a même été mille fois débattu, mais pourtant il me semble que en France, aujourd’hui, ces fractures sont de plus en plus fortes, non pas parce que les inégalités augmentent, mais peut-être davantage parce que chacun se renferme sur lui-même, ne voit plus que son pré carré, et alors oublie même la possibilité de l’existence de l’Autre.
Je veux qu’on regarde sans complaisance d’autres que nous, les voir et les entendre parler de ce qu’il y a de plus primaire en chacun de nous : notre instinct de survie dans un monde qui suit sa course sans un regard pour nous. Ils nous sont semblables, voire familiers, mais nous ne les voyons jamais, nous ne les entendons jamais. Les autres, hors de nous. Ceux dont les morts sont trop petits pour être entendus.
Hamideh Doustdar
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de wagon, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) stationnée dans la gare routière devant le point d'information (départ toutes les 15 minutes, premier voyage 1h15 en semaine et 1h45 le week-end avant le spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : À partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.