Le démon de midi

Paris 10e
du 12 septembre au 31 décembre 2000

Le démon de midi

CLASSIQUE Terminé

Franchise désarmante, humour vache (et tendre), Michèle Bernier, pour son premier one-woman show, est au mieux de sa forme.

Le spectacle
Entretien avec Michèle Bernier et Marie Pascale Osterrieth

Le spectacle

Vers la quarantaine, le mâle humain a coutume de quitter son épouse usagée, pour aller cavaler dans des pâturages plus verts. On quitte rarement une femme de quarante ans pour une de quatre vingt, ou alors très riche. Comme on disait dans nos campagnes en ces temps lointains où les vaches mangeaient encore de l'herbe, "changement d'herbage réjouit les veaux".

Dans son spectacle adapté de la bande dessinée de Florence Cestac, Michèle Bernier décortique au scalpel ce sujet d'intérêt général, des premiers symptômes à l'explosion finale, en passant par les affres de la déprime intégrale "robe de chambre-chaussettes-canapé".

"Toi, tu es la femme de ma vie. Elle, c'est autre chose, c'est une fée", dit le héros avec la candeur touchante du mâle en route pour l'aventure. Le héros s'étant donc tiré avec la fée, l'héroïne se pose des questions rétroactives sur son attitude en général et sa cellulite en particulier, découvre que tout le monde savait sauf elle, écoute les conseils vaseux des copines, tente de renouer avec d'anciens Jules et en teste des tout neufs au rayon bricolage du BHV. Elle explique à son môme que papa s'est absenté sur une autre planète, ce que le petit traduit par "papa s'est fait la cerise sur la planète Mars avec une pétasse que Maman elle aime pas". Elle se regonfle au "Petlaform", sanglote beaucoup... Bref, elle "gère" et ... survit.

Franchise désarmante, humour vache (et tendre), Michèle Bernier, pour son premier " one man show ", est au mieux de sa forme. On devine tant de détresse entre deux fous rires que le Démon de Midi touchera tous ceux qui, un jour ou l'autre, se sont cassé les dents sur cette chose exaltante qu'on appelle l'amour.

 

Entretien avec Michèle Bernier et Marie-Pascale Osterrieth

Comment vous êtes-vous rencontrées ?

Marie Pascale : J'ai rencontré Michèle pour travailler sur l'écriture d'un scénario, lorsque j'étais en charge du choix et du développement des projets pour la filiale cinéma de TF1. J'ai été épatée par son talent, sa finesse et son humanité. Quand j'ai vu son spectacle Bonne année toi-même, je me suis réellement demandée pourquoi elle n'était pas plus employée au cinéma et à la télévision !

Qui a eu l'idée d'adapter cette bande dessinée ?

Marie Pascale : Je savais que Michèle rêvait de monter seule en scène, mais qu'elle ne voulait pas jouer simplement des sketches. Elle voulait raconter une vraie histoire au public. Par hasard, je suis tombée sur la bande dessinée de Florence Cestac qui m'a fait hurler de rire. Je me suis rendu compte qu'elle était relativement facile à transcrire, puisque écrite à la première personne. J'ai donc soumis l'idée d'une adaptation à Michèle.

Qu'est-ce qui vous a touchées dans le sujet ?

Michèle : Son actualité. Il nous semblait important de dire qu'une séparation reste une expérience douloureuse, même aujourd'hui.

Marie Pascale : On voulait dire également que l'on s'en sort le jour où l'on commence à en rire...

Michèle : Et puis, quitte à être triste, autant avoir l'air gai.

Comment s'est passée l'écriture ?

Michèle : D'une façon bizarre, puisque ça commence toujours d'une façon bizarre ! On ne se met pas tout de suite au travail, mais on écrit longtemps dans sa tête, avant même de sortir un stylo ou d'allumer l'ordinateur. Marie Pascale a d'abord isolé tous les dialogues de la BD pour nous permettre de les lire hors du contexte, et donc d'oublier les dessins. Puis est venu le travail de construction. Et ensuite, une étape plus personnelle : rajouter des choses qui nous touchaient l'une et l'autre sur le sujet.

Marie Pascale : On a lu la BD en faisant extrêmement attention à sa structure. On s'est vite rendu compte qu'elle était divisée en actes, en chapitres. A partir de là, il y a eu un travail de puzzle, de reconstruction de la trame narrative, puis j'ai effectivement transcrit ce qu'il y avait dans les bulles, la pensée des personnages, les commentaires de l'auteur, mais nous avons développé les situations, les enchaînements comiques des dessins... Et surtout, nous avons cherché à rendre le spectacle plus émouvant que la BD.

Michèle : C'est vrai, les dessins enlèvent automatiquement de l'émotion. C'est rare de pleurer sur un dessin humoristique qui est là pour tirer un gros trait. Un personnage qui pleure dans une BD a toujours une tronche pas possible. Sur scène, c'est réellement différent.

Avez-vous envisagé un one-man-show dès le départ ?

Marie Pascale : On s'est tout de suite dit que Michèle allait jouer tous les personnages.

Michèle : Je voulais un spectacle qui me tienne aux tripes, qui possède à la fois de l'émotion et du rire. D'ailleurs les moments d'émotion ont été extrêmement paniquants pour moi, car jusque là, je n'avais joué que des pièces comiques. Le silence n'est pas rassurant, il est difficile à accepter, surtout dans un spectacle humoristique.

Marie Pascale : A l'opposé d'un one-man-show classique, notre héroïne est un vrai personnage avec toute sa psychologie. Nous voulions absolument jouer sur le chaud/froid et les ruptures, surprendre le spectacteur par des moments de grande émotion, inattendus dans un spectacle comique.

Vous êtes-vous dit à un moment : attention, on est en train de faire une pièce anti-mecs ?

Marie Pascale : Je me souviens qu'à la lecture de notre première version, je me suis dit "on y va quand même fort". Ca m'a donné l'idée de rajouter le personnage de la fée et son point de vue qui n'est pas tout rose non plus.

Michèle : C'est vrai qu'on a eu un peu la trouille, d'autant plus qu'on n'est pas particulièrement militantes. Mais nous avons assez vite senti que la pièce touche aussi les hommes. Il n'y a pas que les femmes qui passent par là. On a tous plaqué, on a tous été plaqué un jour...

(A Marie Pascale) Quand avez-vous eu l'idée de signer la mise en scène ?

Marie Pascale : En écrivant, j'ai forcément pensé à la mise en scène. Et puis un jour, Michèle m'a dit que j'en étais capable. Moi, ça ne m'avait pas forcément traversé l'esprit, même si je possède à la base une formation de metteur en scène. Michèle m'a fait confiance et je lui en suis vraiment reconnaissante...

Florence Cestac est-elle intervenue au cours de l'écriture ?

Michèle : Non. Florence a été extraordinaire, très respectueuse. C'est un domaine qu'elle ne connaît pas. Nous nous sommes vues plusieurs fois pour discuter entre nous, puis, confiante, elle nous a dit : "allez-y, je suis ravie que ma BD devienne un spectacle". Elle a juste lu le texte de la pièce, et elle est venue le jour de la première représentation publique. Elle était très émue...

Marie Pascale : Il faut dire qu'on adore le ton de sa bande dessinée, et je pense qu'on l'a vraiment respecté. Tout ce qu'on a rajouté, on l'a fait dans l'esprit de Florence.

Michèle : Je pense qu'on se ressemble toutes les trois, et nous espérons, Marie Pascale et moi, travailler à nouveau avec Florence.

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

Informations pratiques

Gymnase Marie Bell

38, boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris

À l'italienne Accès handicapé (sous conditions) Bar Grands boulevards Restaurant
  • Métro : Bonne Nouvelle à 19 m, Sentier à 362 m, Strasbourg - Saint-Denis à 387 m
  • Bus : Poissonnière - Bonne Nouvelle à 59 m, Grands Boulevards à 338 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Gymnase Marie Bell
38, boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 31 décembre 2000

Pourraient aussi vous intéresser

- 34%
Le menteur

Théâtre de Poche-Montparnasse

- 50%
Le Cid

Artistic Athévains

Cyrano de Bergerac

Théâtre le Ranelagh

Cyrano

La Scène Libre

Les quatre sœurs March

Théâtre le Ranelagh

Spectacle terminé depuis le dimanche 31 décembre 2000