L'invention de la giraffe

du 15 au 30 juin 2005

L'invention de la giraffe

L’Invention réunit manipulateurs, acteurs et musiciens dans une performance aux portes d’entrées multiples. Mélange des genres et des arts, le jeu de piste aux allures de polar oppose à l’infini les miroirs déformants de l’écran et de la scène pour une expérience de « cinéma vivant ».

Rêveries cinéthéâtrales
Road Movie

Spectacle cinématographique ou film spectaculaire

Grandeur et décadence d’un cirque itinérant

Descendu des cintres, un écran géant impose le cinéma comme sujet, décor et personnage du spectacle. Sur le plateau, dans un fatras de pellicules, quelques notes pianotées et le spectre de Georges Méliès rendent hommage à l’invention du septième art. Un revolver dans une main, une caméra dans l’autre, un acteur lance les festivités. La caravane d’une troupe de saltimbanques, le Zero Kong CircuS, stationne là. Plus haut, l’écran repasse les aventures du cirque itinérant, depuis son chapiteau blanc de Cherbourg jusqu’aux buildings new-yorkais, en passant par les tribulations fluviales des artistes à Paris. Allées et venues incessantes du film aux planches : les circassiens passent par le zoo de Vincennes, se retrouvent dans celui du Bronx. Ils poursuivent un producteur machiavélique, responsable de leur banqueroute, jusque dans une boîte de nuit, où ils rencontrent le saxophoniste David S. Ware et son quartet.

« Circulez, circulez, ici, il y a tout à voir ! » Cinéma, concert, théâtre… Objet visuel inclassable, L’Invention explore les genres, explose les marges. Dans une recherche ludique, une giraffe - prononcer « dgirâff » - échappée des poèmes de Prévert, se perd parmi les gratte-ciel de New York sur lesquels planent l’ombre de King Kong, les fantômes de Marilyn et des tours jumelles.

Concepteur du projet, vidéaste, comédien, metteur en scène, longtemps collaborateur de Jean-François Peyret, Benoît Bradel et son complice, Yves Pagès, invitent le public à déambuler dans les évocations d’un monde mythique. « Chacun peut y inventer son histoire. »

L’Invention réunit manipulateurs, acteurs et musiciens dans une performance aux portes d’entrées multiples. Mélange des genres et des arts, le jeu de piste aux allures de polar oppose à l’infini les miroirs déformants de l’écran et de la scène pour une expérience de « cinéma vivant ».

Pierre Notte

Collaboration film et spectacle : Christopher Acker, Ariane Audouard, Renaud Chassaing, Delphine Crozatier, Annette Dutertre, Thomas Fernier, Ludovic Fouquet, Béatrice Joinet, Françoise Lebeau, Yannick Muller, Pierre Reis, Olivier Renouf

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La vie est un puzzle. Essayez pour voir. Les événements s’offrent à vous en masse. Il n’y a qu’à se pencher et choisir. La vie est un jeu de hasard. « Le mécanisme de fonctionnement du Yi King est le même je crois que celui de l’ADN - ou autre chose dans la chimie de l’organisme », affirmait John Cage.

C’est en travaillant sur son spectacle Cage circus que Benoît Bradel a pris conscience de l’importance du hasard dans la création artistique. Comment gérer ses intuitions ? Comment utiliser ce qui vous tombe sous la main ? Réponse de Cage : « J’essaie de prendre conscience d’aspects de plus en plus nombreux d’une situation pour les soumettre un par un à des opérations de hasard. » Question de méthode. Benoît Bradel n’a pas oublié la leçon. C’est que ce comédien, metteur en scène et vidéaste ne manque pas d’atouts. Tout en collaborant à des spectacles de Jean-François Peyret, Jacques Bonnaffé ou Sentimental Bourreau, il mène sa propre recherche.

Sur les traces de John Cage
Après Blanche Neige septet cruel, sa deuxième mise en scène en 1997, il part à New York sur les traces de John Cage. « J’avais toujours rêvé de cette ville. Même si j’ai attendu longtemps avant de la découvrir. » Il ne reste que dix jours dans la Grosse Pomme, mais se jure d’y retourner le plus tôt possible. Un nouveau voyage est programmé ; départ de Roissy le 12 septembre 2001. Pas de chance. « Tous les vols étaient annulés à la suite du 11 septembre ! » Benoît Bradel se penche alors sur les images qu’il a filmées lors de son précédent séjour. Des plans pris du haut des Twin Towers, les consignes de sécurité dans l’avion, le tournage de Spiderman… « Beaucoup de ces images étaient prémonitoires, en fait. »

Un an plus tard au Festival Temps d’Images d’Arte à la Ferme du Buisson, il présente un chantier tiré de son expérience new-yorkaise avec trois acteurs et un voltigeur. On peut y voir notamment quelques plans du film King Kong où des avions s’écrasent sur l’Empire State Building. Des textes de Simone de Beauvoir, Fernand Léger, Gertrude Stein accompagnent les images. Il y est beaucoup question de la destruction de New York, cette « ville debout » comme disait Louis-Ferdinand Céline.

Puzzle onirique
L’idée de créer un spectacle qui serait construit autour d’un film qui serait construit autour d’un spectacle s’impose. Avec l’écrivain Yves Pagès, ils mettent au point le scénario. Plusieurs mondes y entrent en collision, dans une atmosphère doucement onirique. Fouillant les poubelles du rêve américain, c’est un mélange plutôt cocasse de roman d’aventures et de polar avec : un cirque en faillite, un voyage à New York, la rencontre improbable d’un tueur à gages, d’un certain Skyscreeper, et autres péripéties. Au total, une folle embardée rythmée par les compositions de Thomas Fernier sur fond de soul music et de jazz. L’un des héros du film et du spectacle n’étant autre que le géant du saxophone David S. Ware.

Ce serait une erreur de penser, en revanche, qu’il est question dans ce projet de contrebande de girafes. Même si on y apprend que « les grandes girafes sont muettes ». Affalé par quarante degrés sur un banc du zoo de Central Park, Benoît Bradel aurait-il eu soudain en levant les yeux au ciel la vision de girafes gigantesques qui broutaient les nuages ? Allez savoir... Une chose est sûre, en anglais girafe s’écrit bien avec deux « f ». Essayez pour voir.

Hugues Le Tanneur

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Il y a dans l’idée de départ du scénario l’envie de jouer avec cinq ou six personnages réduits à leur plus simple expression, stylisés à partir de quelques caractéristiques paradoxales sinon burlesques. Ce sont donc des silhouettes plus animées par un mouvement de vie, une sorte de fuite en avant, plutôt qu’animées par quelques pesanteurs psychologiques. Ils sont vraiment des bateleurs de cirque qu’on aurait sortis de la piste en costumes pour les plonger, tels quels, dans le monde extérieur. D’où une impression de décalage drolatique ou onirique, qui flirte avec l’invraisemblance des situations tout en saisissant des lieux et des événements de façon quasi-documentaire.

Quant à la trame de l’histoire, elle part d’un ressort dramatique élémentaire : une catastrophe (la faillite d’un cirque) obligeant ces improbables héros à tenter l’aventure ailleurs, dans un voyage initiatique qui les ramènera, non sans les avoir métamorphosés, à leur point de départ.

Mais c’est surtout, l’histoire d’un voyage à contre-emploi, d’un choc de cultures, de sensations, de langues, de paysages. Une conflagration esthétique aussi, censée mettre en porte-à-faux des imageries cinématographiques différentes (film noir, comédie musicale, road-movie, cinéma du réel…). Ce parti-pris tient moins à un souci parodique qu’à un désir de traiter la fiction en pointillé, en creux, par intermittence. Ainsi, dramatiquement parlant, les scènes clés (d’actions ou de dialogues) sont-elles volontairement raréfiées, espacées, ou alternées avec le temps du voyage, le presque rien de l’errance, le regard documentaire sur l’espace. Tous ces temps-morts qui disparaissent habituellement d’une narration dite efficace. Il y aurait donc l’envie de flâner avec les personnages, de regarder dans l’entre-deux des scènes d’actions, d’habiter autrement les lieux communs du cinéma.

Dès l’écriture du scénario, cette démarche s’est accompagnée d’une réflexion sur l’univers sonore de ce film. Nous avons d’emblée imaginé tout un apport de sons hors-champ (chansons, petites annonces, messages, flash-radio et plusieurs types de voix off) pour parasiter, prendre à contre-pied, déborder ce qui se donne à voir sur l’écran, et ainsi créer un système d’échos et de résonances poétiques parallèle à l’intrigue du film.

La scène s’offre alors comme un immense contre-champ, qui sort le film de son habituelle salle obscure et le place en pleine lumière, au beau milieu de ses décors et de ses acteurs. Une expérience de “cinéma sur le vif”.

Benoît Bradel / Yves Pagès

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Trois membres de la troupe du Zero Kong CircuS dont la faillite semble imminente : Blaise (magicien et vélocipédiste acharné), Gertrude (chanteuse à la peau noire, dompteuse de souris blanches et marathonienne olympique) et Fernand (clown loyal et jongleur de chiffres) vont quitter brutalement Cherbourg, leur port d’attache, suite à un malheureux accident lors d’une représentation qui mettra le feu aux poudres.

Retrouvant Nina à Paris (ex-membre du Z.K. CircuS, hypnotiseuse reconvertie en soigneuse au Zoo de Vincennes), Blaise et Gertrude décident de tenter l’aventure Outre-Atlantique. Ils s’envolent tous trois pour les U.S.A sur les traces du rêve américain de ce qu’il fut ou de ce qu’il en reste. Partis à la recherche d’un étrange producteur et patron d’un Jazz-Club à Broadway, Mister Skyscreeper, qui aurait participé à la banqueroute du Z.K. Circus, ils se trouvent pris dans un imbroglio aux allures mafieuses, sous le regard de David S. Ware (saxophoniste et improbable tueur à gages).

Le trio va alors vivre un périple onirique dans le New York by night où tous leurs rêves, cauchemars et fantasmes s’entremêlent et où ils croisent quelques icônes made in U.S.A., tels Marilyn ou King Kong.

Au gré des indices paranoïaques d’un pseudo-complot, les mettant aux prises avec Skyscreeper, manipulateur omniscient, Blaise, Gertrude et Nina finiront par fuir le continent américain comme par enchantement avec l’aide de leur ange-gardien David S. Ware.

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Spectacle terminé depuis le jeudi 30 juin 2005

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