L'île des esclaves

du 3 au 31 décembre 2002

L'île des esclaves

CLASSIQUE Terminé

Riche d’une distribution multiethnique et d’extraits empruntés à La Tempête, cette « île des esclaves », où les maîtres deviennent valets, et réciproquement, devient le lieu de la plus totale confusions des âmes et des corps…


Présentation

Notes de mise en scène
La presse

Présentation

Riche d’une distribution multiethnique et d’extraits empruntés à La Tempête, cette « île des esclaves », où les maîtres deviennent valets, et réciproquement, devient le lieu de la plus totale confusions des âmes et des corps : quand les rapports sociaux s’inversent, n’est-ce pas tous les repères, moraux ou sentimentaux, qui vacillent ?... Comme une autre « Surprise de l’Amour », inattendue et sans tabous... Bref, Marivaux toujours aussi moderne, et comme on l’a rarement vu.

Notes de mise en scène

Dans L’Ile des Esclaves, Marivaux nous parle d’abord d'illusion. De cette illusion qui veut que, par son nom, sa fortune ou quelque autre pouvoir, un tel soit maître, et tel autre valet. Illusion qui va venir se briser aux rivages de la fameuse île... Trivelin, le sage qui veille aux lois, et surtout à celle qui veut, que, sur cette île, les maîtres deviennent valets, et les valets, les maîtres, est donc une sorte de magicien à l’envers. Au fond, il ne fait pas l’illusion, il la défait. Il est ainsi, selon nous, le double inversé du Prospéro de La Tempête de Shakespeare...Nous y reviendrons.

Regardons d’abord ce qui se passe pour les protagonistes de la pièce lorsque sombre l’illusion, comme navire en pleine tempête. Les maîtres souffrent en silence, acceptent finalement assez bien leur nouvelle vérité : il est des images qui pèsent... Par contre, les réactions des anciens valets sont très contrastées : Arlequin, s’amuse plus qu’il n’abuse de sa nouvelle condition de maître, quand Cléanthis en profite pour laisser éclater sa haine et sa rancoeur. Pourquoi une telle différence ? Les relations qu’entretiennent Arlequin et son maître ne sont-elles pas étrangement excessives, troublantes même, comme cette étonnante déclaration d’amour mutuel que l'un et l’autre se font assez tard dans la pièce ?... Oui, l’un des parti pris forts de notre mise en scène sera qu’entre Arlequin et son maître, le minuscule fossé qui sépare l’amitié de l’amour entre deux hommes soit peut-être franchi, ou en passe de l’être.

Pour soutenir cette approche ‹ mais aussi pour montrer ce que peuvent être les relations « normales » entre maîtres et valets avant de s’inverser sur « l’île des esclaves » (et que cette inversion en prenne d’autant plus de poids) ‹ nous avons souhaité ouvrir notre spectacle sur une scène entre Arlequin et son maître (autre maître, mais même typologie, issu de La Surprise de l’Amour) où, sous couvert de se dire l’un l’autre leur même mépris des femmes (mépris passager certes, pour peine d’amour passagère), l’un et l’autre sont tout prêts là encore à s’homo-aimer. Autre surprise de l’amour...

Par contre-point, et pour les mêmes raisons (parler d’amour et de société), cette scène sera mêlée et mise en parallèle avec une autre, entre une maîtresse et sa soubrette (empruntée elle au Jeu de l’Amour et du Hasard), où l’on verra que, parce qu’elles sont toujours potentiellement rivales (au moins chez Marivaux), les femmes restent plus à distance d’un possible amour. L’ensemble de ces deux scènes, intimement liées, donnera lieu à une scène de départ frénétique en bateau dans une ambiance sombre, bruyante, de tempête imminente. Ambiance musicale aussi pour laquelle nous avons demandé le concours de Pierre-Marie Trilloux, compositeur contemporain et concepteur d’univers sonore bien connu en Auvergne où la compagnie s’est implanté il y a de cela près de trois ans. Mêlant des rythmes à la exotiques et contemporains à des bruits mystérieux, presque inquiétants, et des références musicales tout droit venues de Jean-Sébastien Bach, celui qui trouble et qui enivre par le caractère quasi hypnotique de ses fugues et de ses variations, il a conçu un univers envoûtant, bruissant et sensuel, pour les moments clés du spectacle, tempête en tête !

Et voici donc que surgit Trivelin/Prospero, le magicien qui a pour tout pouvoir celui que lui confère une loi, celle qui régit « l’île des esclaves », et qui règne en maître sur cette île où les songes viennent s’échouer et se briser plutôt qu’ils ne naissent et se fomentent (à l’inverse de ce qui se passe chez Shakespeare). La filiation cependant nous a conduit à utiliser des extraits de La Tempête du grand Will pour figurer ce moment du naufrage, moment ludique de pur spectacle, où, sous les incantations de Trivelin, les voiles écrues du bateau qu’auront pris Euphrosine, Cléanthis, Iphicrate et Arlequin, s’entrechoqueront, se détacheront et viendront s’échouer sur l’île le sol du théâtre. Simplicité d¹une scénographie qui nous rappelle que Marivaux emprunte la forme de sa courte pièce à l’allégorie et à l’utopie... Presque une pièce dans la pièce... Autre manière de retrouver Shakespeare.

La boucle est bouclée, ou presque. Ajoutons seulement que, pour enrichir L’illusion d’une homosexualité latente chez Marivaux, pour mieux donner corps à la violence du ressentiment de Cléanthis, et surtout pour donner tout son sens au terme si fort d’esclave dans le titre, nous avons voulu une distribution à la fois, jeune, belle, moderne, et multiethnique : Trivelin est noir, Arlequin maghrébin, et Euphrosine comme venue tout droit des Amériques. La rancœur de Cléanthis serait donc mêlée de racisme ?

Cette jeunesse et ces couleurs de peau rendront d’autant plus troublante la sensualité qui émane de L’Ile des Esclaves : la mer est toute proche, et avec elle le soleil et le sable; les vêtements se font et se défont, un coup à cause du naufrage, un coup sur ordre de Trivelin, puisque changer d’illusion, c’est aussi changer de costumes. Et l’amour enfin, cette illusion suprême, finit par pointer son nez, malgré l’extrême de la situation que sont en train de vivre les protagonistes de la pièce. Des amours impossibles parfois, entre deux hommes donc, mais aussi entre un esclave et une maîtresse; car, quand la loi en tant que repère est perdue, n'est-ce pas tous les repères qui le sont ?

Reste que c’est en cela, le surgissement de l¹inattendu de la vie au sein des pires mécanismes du vécu, ainsi que par la franche frénésie qui émane de situations inimaginables sur la terre ferme (entendez un théâtre non utopique) que L’Ile des Esclaves est d’abord une comédie, et l’une des plus modernes de son auteur.

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La presse

« Des décors soignés, une mise en scène alerte, et des comédiens, excellents » La Montagne

« Tempête chez les nantis ! Car l’ajout d’extraits du texte éponyme de Shakespeare colle parfaitement à l¹ambiance et offre une ouverture tout en atmosphère à l’oeuvre de Marivaux ». Centre-France

« Les relations maîtres-valets sont vues d’un oeil drôle et un peu amer. Lucide, en bref. Ces rapports de force se retrouvent d’ailleurs dans la mise en scène très gestuelle, où les corps à corps sont omniprésents, dans les regards aussi, qui tour à tour fusillent ou apaisent ». L’Eveil

« Les rôles d’esclaves sont magnifiquement interprétés par Sandrine Bouchou et l’espiègle Ali Meziti... Une mise en scène de qualité. ». Magazine Starter Plus

« Une très bonne interprétation, une mise en scène simple et ingénieuse... La conception du spectacle est excellente. ». Artelio

« Des comédiens inspirés pour un beau moment de théâtre. ». Le Dauphiné Libéré

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Spectacle terminé depuis le mardi 31 décembre 2002

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