
Le voyage dans le temps d’une fée moderne
Déjeuner chez Gertrude Stein
Extrait
La presse
Fairy queen, le voyage dans le temps d’une fée moderne entre ancien et Nouveau Monde. Couloir noir, jardin phosphorescent, descente des rivières, guérison express. Comment faire tenir debout de la poésie au milieu de paroles meurtrières ?
Fairy queen a été écrit et publié aux Éditions P.O.L en 2002, adapté pour la scène en 2004.
Voilà ce qu’on va raconter, Une fée est invitée chez Gertrude Stein et d’un coup change le monde. À la deuxième page, le résumé est donné. C’est simple. C’est comme du théâtre.
Unité de lieu : on y est, rue de Fleurus, 27. Unité de temps et
d’action : un déjeuner prévu à une heure normale de déjeuner.
Trois personnages : une fée invitée ; Gertrude Stein, poète américaine
ayant vécu en France, moteur des avant-gardes du début du XXe siècle et Alice
B. Toklas en personne, la seconde main, secrétaire ? butler ?
masseuse ?, compagne de Gertrude Stein.
L’action. Une féerie à domicile : des poèmes, des performances complètes
avec le son et le corps […] vocal-en-relief art ? théâtre direct-brut ?
[…] Tout simplement ce sont des poèmes.
L’action c’est la performance de la fée, c’est le poème féerique qui se rêve déjà changeant le monde, d’un coup. Ce n’est pas le poète qui change (pas d’exercice, pas d’ascèse, pas de conversion à la sainteté comme le Robinson de Retour définitif et durable de l’être aimé). Le monde change et il est changé par l’artiste. Le monde change et il faut être attentif au changement. L’art est aussi un art de voir, comme Gertrude Stein a su voir Picasso, a su voir Matisse ou Grís quand personne ne les voyait, quand personne ne voyait ce que eux voyaient du monde en train de changer.
Historiquement, le salon de Gertrude Stein rue de Fleurus commence de s’animer autour des années 1905-1907 ; la fée-performeuse, elle, est une fée d’aujourd’hui, du XXIe siècle ; elle vient après John Cage… Qu’est-ce que va chercher une fée du présent qui veut changer le monde d’un coup, dans un salon vieux d’un siècle ? S’il y a du négatif, je garde : ne retenir du siècle passé que la capacité qu’il a eue de liquider le siècle précédent ; déjeuner chez Gertrude Stein pour se nourrir des avant-gardes du XXe siècle, celles qui avaient décidé d’en finir avec le XIXe ; déjeuner chez Gertrude Stein pour changer le monde d’un coup, pour affirmer le XXIe.
Pierre Kuentz
Quand ma sœur et moi nous traversions les champs en carriole le soir, nous étions légendaires, quand on se levait le matin, nous étions légendaires, même chose quand nous mangions du blé pour inventer le chewing-gum, nous étions légendaires.
Toi tu n’es pas légendaire. Exemple, on est allé se baigner, je nageais sous l’eau, tu avais peur, je faisais le jeu de la noyée, apnée des heures, je lâchais mes cheveux, je faisais semblant de parler sous l’eau, je faisais le dauphin, je faisais la morte, je tiens sous l’eau infiniment plus longtemps que toi.
Je suis un poisson. Je trouve de l’air dans l’eau, ce n’est pas du sport, je refaisais la morte, tu avais de plus en plus peur, tu ne sais même pas plonger, tu as fait un plat en sautant du ponton, tu es blanc comme un linge, mauvais appel de pied, splash, rire général, exit, j’ai horreur des gens mauvais en sport.
Et si j’étais comme toi ?
« Ludovic Lagarde adapte et met en scène les mots d’Olivier Cadiot. Et cela donne naissance à de fabuleux objets théâtraux. D’ores et déjà fiché dans les annales théâtrales à la rubrique Grands Tandems, le « Lagarde et Cadiot », qui en est à son cinquième chapitre, remet sur le métier le désormais fameux Colonel des zouaves et Fairy Queen, de véloce mémoire. Deux coruscantes occurrences qui permettront au spectateur néophyte de se faire une petite idée de l’univers des deux compères : Olivier Cadiot, poète, et Ludovic Lagarde, metteur en scène. » Laurence Liban, L'Express, 4 avril 2005
« Une bouffonnerie de haut vol, avec trois interprètes principaux, Valérie Dashwood, Laurent Poitrenaux et Philippe Duquesne, éblouissants. Mais ce concours de folies réglé de main de maître a de quoi dérouter tout spectateur accroché à la traditionnelle logique. » Gilles Costaz, Zurban, 13 avril 2005
« Les textes de Cadiot, la mise en scène de Lagarde… Les magiciens osent une expérience sensorielle où images, sons, rêves et réalité se mêlent pour une création des plus poétiques. » Nelly Kapriélian, Les Inrockuptibles, Supplément Avignon juillet 2004
« S’emparant depuis dix ans des textes d’Olivier Cadiot, Ludovic Lagarde expérimente avec jubilation les conditions du passage d’une écriture purement littéraire à la scène. (...) S’amusant de la réputation de la papesse américaine recevant dans son salon la crème de l’avant-garde parisienne, Olivier Cadiot propulse alors chez l’inventeur du « cubisme littéraire » une créature magique qui ne manque pas d’imagination, se réclame, pour sa prestation, de concepts aussi ronflants que ceux du « neuron’art », du « vocal-en-relief art » ou plus définitivement du « théâtre direct-brut ». L’occasion de la plus cocasse des rencontres entre une fée pleine de ressources et le couple au bord de la crise de nerfs que formaient Gertrude Stein et sa secrétaire, compagne et souffre-douleur Alice B. Toklas. (...) Pourtant, comme une ultime contradiction, c’est encore sur les comédiens que tout repose. De l’élégante complicité de Valérie Dashwood interprétant la fée à celle de Philippe Duquesne se glissant dans la peau de Gertrude Stein, en passant par Laurent Poitrenaux (l’Alice B. Toklas de Fairy Queen et l’interprète principal du Colonel des zouaves), ce sont eux qui se révèlent les garants d’une soirée qui, pour échapper à l’exercice de style, n’est brillamment réussie qu’en laissant la part belle à ses acteurs. » Patrick Sourd, Les Inrockuptibles, 13 avril 2005
« Ludovic Lagarde qui met en scène la pièce a eu la savoureuse idée de choisir deux comédiens pour interpréter les célébrités de la rue de Fleurus. Gertrude Stein, c’est Philippe Duquesne (un ancien des Deschiens) dont la ressemblance avec la prêtresse de la modernité est frappante. Alice B. Toklas a l’allure de Laurent Poitrenaux qui, pour l’occasion, porte perruque à la Louise Brook, robe de veuve sicilienne et véritable moustache. Hilarant et troublant. Quant à la fée, elle a la grâce de Valérie Dashwood. Hormis cette fantaisie débridée, on assiste à une joute oratoire des plus brillantes qui dépasse de loin le simple exercice de style. C’est une sorte de vertige dans lequel les mots tourbillonnent, virevoltent sans répit jusqu’à provoquer un rire salvateur. » Jean-Louis Pinte, Figaroscope, 20 avril 2005
« Histoire littéraire et humour dans cette fantaisie autour de la poétesse américaine Gertrude Stein, grande prêtresse de mots et d’absurde. On rit beaucoup à l’alchimie verbalo-intello-onirico-sonore que sait réinventer à chaque spectacle le duo complice Lagarde-Cadiot. » Fabienne Pascaud, Télérama, 20 avril 2005
« Il n’y a pas de doute : Olivier Cadiot se montre ici poète décidé, libre, ensoleillé, rapide, joyeux. Il est soutenu par la mise en scène alerte de Ludovic Lagarde, et surtout par les dons de l’actrice Valérie Dashwood, qui respire et expire ce poème fou d’un élan formidable, tout en restant « calme, sereine », comme dit Cadiot. Deux messieurs, Philippe Duquesne et Laurent Poitrenaux, jouent les deux compagnes, Gertrude et Alice, sérieux comme des papes, d’un naturel parfait. » Michel Cournot, Le Monde, 17/18 avril 2005
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Guy n°20010