Une virée

Nanterre (92)
du 8 au 22 décembre 2006
1H40

Une virée

A Alger, l'histoire de trois jeunes hommes en virée, en dérive, en revirements. Réduits à n’être que des commentateurs d’une histoire qui leur échappe, ils luttent dans le vide avec fougue et énergie. Jean-Louis Martinelli et Aziz Chouaki nous offrent une œuvre forte, sans fioriture ni complaisance. Du théâtre coup de poing.

L’Algérie et son histoire
Note du metteur en scène
Note de l’auteur

A propos d’Une Virée

Extraits

La presse

À son arrivée à la direction du Théâtre des Amandiers en janvier 2002, Jean-Louis Martinelli passe une commande d’écriture à deux auteurs, Laurent Gaudé et Aziz Chouaki. Regards croisés, d’un bord de la Méditerranée à l’autre, sur la question algérienne qui donnent lieu à deux créations : Les Sacrifiées de Laurent Gaudé en mars 2004, et Une Virée en novembre 2004.

Une Virée est à l’origine une nouvelle parue en 1990 dans l’hebdomadaire algérien Le Nouvel Hebdo, dont Aziz Chouaki accepte de réécrire une version théâtrale. On l’aura compris, Jean-Louis Martinelli et Aziz Chouaki nous offrent une œuvre forte, sans fioriture ni complaisance. Du théâtre coup de poing.

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La lecture de l’Etoile d’Alger est ma première rencontre avec l’œuvre d’Aziz Chouaki. Dès l’abord, je suis frappé par la langue incisive, brute. D’où le désir de croiser son travail, de faire un bout de chemin avec lui, de me nourrir de ses impressions, de ses doutes, de ses coups de pieds dans la fourmilière de nos certitudes. Une virée fait donc suite à nos conversations.

Ces trois jeunes hommes en virée, en dérive, en revirements, me bouleversent. Réduits à n’être que des commentateurs d’une histoire qui leur échappe, ils luttent dans le vide avec fougue et énergie.

Cette pièce se passe à Alger, certes, et l’histoire de l’Algérie passionnée, douloureuse, incompréhensible est présente à chaque instant et pourtant, nous pourrions retrouver ces trois-là, leur révolte, leur irrespect nourris d’immenses frustrations en tout point du globe.

Aziz s’en prend à tous les clichés et qui plus est, parvient à nous secouer de rire alors même qu’il nous entraîne dans cette descente aux enfers, nous conduit au cœur du gâchis de ces vies.

Jean Louis Martinelli

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Dans une Alger déchiquetée par l’islamisme, le crime et la corruption, la vie essaye de se trouver du sens. Pour preuve, trois amis veulent faire bombance. Car c’est l’un des thèmes centraux de ce texte : faire bombance. Sauf que ça se passe dans un pays qui se décompose.

Trois personnages aussi divers que complémentaires, qui vont, l’espace d’une errance, d’un soir, essayer d’assembler leurs lignes de fracture. Unis dans la dérive, ils se montreront leurs fantasmes, leur Algérie. Ils vont opposer la rage de leur blues contre celle du béton, du Discours.

A travers cette errance, des éléments du drame d’Algérie sont donnés à lire en puzzle. Toujours puisés dans la représentation du quotidien simple, dans la nature de sa langue. Tournée des bars, kif, gueuletons, amphétamines, alcool, le trio achève son errance sur une plage, dans la banlieue d’Alger.

Là, en une espèce d’oratorio désaccordé, tout se déconstruit. Ils sont traversés par toutes les névroses du pays, le fauve reprend le dessus et le drame arrive, presque gratuit.

Cette pièce montre les personnages aux prises avec un réel piégé, sans issue. Ils vont évoluer dans leur dérive comme des sortes de boussoles détraquées. Car même le Nord, (au sens « perds pas le Nord »), semble totalement absent dans cet univers.

A un certain endroit, ce texte est aussi un franc bouquet de sensations, d’odeurs, de tchatche. Un hommage à l’idée d’un certain possible, bientôt, en Algérie.

Aziz Chouaki

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« Beaucoup de gens ont du mal avec mes textes parce qu’ils sont bourrés de gros mots mais moi je les revendique comme une langue. Celle du désir. Contre la purification ethnique, je revendique une langue impure, sexuée, bâtarde, mêlée comme le créole. » Aziz Chouaki

Pas de doute que la virée dont il est question est une errance à la fois spatiale et psychologique. Les trois héros sont, d’après les mots d’Aziz Chouaki, « déchiquetés entre les images formatées du monde occidental et le vide de leur cité ». Errance dans les mots employés qui naviguent à vue entre le français, l’arabe et l’anglais, errance dans le discours, parsemé de clichés et de « débris de mythologie occidentale » où chacun se rêve en gangster, rockstar ou killer, faisant appel à l’imagerie de la fiction pour se sauver du néant.

Derrière les allures de discussions de comptoir et de quotidien, c’est bien la situation de leur pays, leur propre rapport à l’espace, au temps et à leur civilisation que Rachid, Lakhdar et Mokhtar donnent à entendre.

Le style particulier d’Aziz Chouaki, fidèle à la langue bigarrée parlée en Algérie fonde l’originalité d’Une Virée. Il ne s’agit pourtant pas d’un pastiche ou d’une parodie : le parler acquiert ici son statut de langue à part entière, à contre-courant du processus d’arabisation qui relègue cette langue orale au niveau de dialecte vulgaire.

« Quand je suis en période d’écriture, les quatre langues de mon pays crient « Présent ! » dans ma tête. (…) Me bricoler une écriture qui serait une espèce de zone franche des langues, tel est mon idéal. »

Ecriture protéiforme, à l’image de l’identité algérienne, « langue créole » propice à la métaphore, et surtout langue éminemment poétique, elle fluctue entre la violence des échanges, la dureté de la rue, et une parole de l’intime, où se télescopent les images et les idées, comme dans un rêve éveillé.

Aziz Chouaki n’est pas un auteur national : se considérant comme écrivain avant d’être Algérien, celui qui a « perdu la Nation comme on perd la foi » donne la parole « à ceux qui ne l’ont jamais, aux exclus de tout » en auteur surtout « concerné par la connerie des hommes en général ».

Une Virée est aussi un texte sur le rapport à la fiction comme résistance face au monde. A la manière d’un Don Quichotte, entre réel et imaginaire, les héros trouvent un moyen de donner un sens momentané à leur vie par le biais de personnages, d’extraits de films ou de chansons. Ces incursions dans la fiction sont autant de moments de plaisir volé au vide de leur existence.

La scénographie de Gilles Taschet met en lumière ces réflexions sur le quotidien et le vide. L’espace de jeu est un espace neutre, pas vraiment fini, un port ou un hangar qu’on aurait tous déjà traversé. Mais placé au centre de la scène, au milieu du plateau laissé délibérément vide, il incite le spectateur à questionner cette opposition de l’occupé et du déserté, du concret et de l’abstrait, de la réalité et de la fiction.

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« Mokhtar : Et alors, c’est quoi, un film ? c’est la vie, les trucs de tous, des conneries, des trucs bien. Ça t’apprend des émissions de tout quoi, et les martiens pareil, j’ai vu l’autre jour encore truc, là… à la télé l’autre soir, après la météo.

Rachid : Les soucoupes volantes ?

Mokhtar : Ouais, les soucoupes volantes, eh ben t’apprends, merde. C’est ça un film. Ce qu’on vit c’est un film. »

« Lakhdar : comment elle s’appelle le truc de théâtre, là qu’on a vu en arabe classique on pigeait rien. Avec les turbans, les fausses barbes. Tu vois, à la cité U, on devait fourguer du shit ? Comment ça s’appelait ?

Rachid (il tire son joint) : Fox.

Lakhdar : Quoi, Fox, c’est le nom de la pièce ?

Rachid : Oui, Fox, le mec qui deale son âme au Diable, truc comme ça. »

« Rachid (aparté) : Tout de suite, là, hors-bord tranquille. Devant bleue et large, la mer. Vvv, direct Marseille, flots fendus propres, vent du Sud et du Nord qui, et la lune mouillée droite, clin d’œil Ricard bien frais, hop stop pas le noyer. Ouais, hors-bord direct, derrière Alger, laisse les cris la rage, laisse derrière, l’écume, la guerre, laisse aussi les mains tendues, dégage ! Les souvenirs, dégage ! L’Algérie et son Vietnam, putain de dégage, oh dégage de moi, je peux pas t’expliquer, les larmes des lames arabes, laisse derrière, dégage ! Et devant, juste calme, tout de suite simplement clair : la Canebière (…) »

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  • La presse

« Cette énergie du chaos est portée ici par l’excellente mise en scène ce de Jean-Louis Martinelli et par trois comédiens remarquables (…). Avec eux, la langue poétique, anti-naturaliste, de Chouaki dit l’état des consciences et des corps dans un monde déboussolé. Car, au-delà de l’Algérie, Une Virée est une des pièces les plus fortes que l’on ait vues ces dernières années sur la confusion et la déréliction contemporaines. Les pire, c’est que c’est drôle. Et bouleversant. » F.D., Le Monde, 6 janvier 2006

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Informations pratiques

Nanterre - Amandiers

7, av. Pablo Picasso 92000 Nanterre

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  • Bus : Théâtre des Amandiers à 7 m, Joliot-Curie - Courbevoie à 132 m, Liberté à 203 m, Balzac - Zola à 278 m
  • Voiture : Accès par la RN 13, place de la Boule, puis itinéraire fléché.
    Accès par la A 86, direction La Défense, sortie Nanterre Centre, puis itinéraire fléché.
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Plan d’accès

Nanterre - Amandiers
7, av. Pablo Picasso 92000 Nanterre
Spectacle terminé depuis le vendredi 22 décembre 2006

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Spectacle terminé depuis le vendredi 22 décembre 2006