Un humour de Proust

Longtemps la monumentalité de La Recherche a occulté l’humour féroce dont son auteur était pourtant coutumier. La vérité est désormais rétablie avec le spectacle imaginé par Jean-Michel Verneiges qui nous invite à (re)découvrir l’esprit de Marcel Proust (1871-1922). Portraits moqueurs, descriptions savoureuses, situations grotesques : nul besoin d’être un « proustien » averti pour goûter la drôlerie de ces scènes. D’autant que la lecture des extraits est assurée avec gourmandise par Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française, accompagné au piano par Jean-Philippe Collard qui interprète un programme de choix composé de contemporains de Proust (Debussy, Satie…). Ne boudons pas notre plaisir à l’écoute des irrésistibles réparties d’un auteur trop souvent réduit à la longueur de ses phrases !

Des domestiques aux aristocrates, Marcel Proust avait l’art de croquer les protagonistes de la Recherche avec un regard acéré. Qu’il s’agisse des sorties ridicules de Madame Verdurin, des lapsus du directeur du Grand Hôtel de Balbec ou de ce professeur de médecine semblable à un personnage de Molière : la langue de l’écrivain fait merveille ! Le directeur du festival de musique de Laon, Jean-Michel Verneiges, a concocté un florilège de morceaux choisis chez des compositeurs chers à l’écrivain, comme Frédéric Chopin ou Domenico Scarlatti, ou Claude Debussy, Gabriel Fauré et Erik Satie qui étaient ses contemporains. Mais certainement aussi en référence à la petite phrase musicale de la fameuse Sonate de Vinteuil. Une immersion toute proustienne, sans madeleine !