Terrien

Châtenay-Malabry (92)
le 15 octobre 2008
1h30

Terrien

Yannick Jaulin a été cet enfant baigné dans l’atmosphère sécurisante d’une communauté villageoise. En conteur chevronné, il s’attaque avec ce récit à ses démons et merveilles. Virtuose et bouleversant.
  • Le territoire des rêves

C’est une aventure qui remonte très loin, aux premiers pas de l’enfant encore ignorant de ce que la vie lui réserve. Il est né enraciné dans le terroir vendéen. Tout autour de lui, il y a la terre, les champs, les arbres, les cultures. Il appartient à une tribu avec ses règles, ses interdits, ses convictions et ses croyances – la religion, par exemple, qui ne saurait être remise en question.

Yannick Jaulin a été cet enfant baigné dans l’atmosphère sécurisante d’une communauté villageoise. L’adolescence avec ses désirs, sa volonté de questionner le monde, viendra quelque peu bousculer ce qui était trop bien ordonné. En conteur chevronné, Yannick Jaulin tire sous nos yeux le fil de cette histoire en forme d’autofiction. Il est ce Terrien désigné dans le titre du spectacle et comme souvent dans les contes, il va vivre ce qui ressemble à une longue quête initiatique. Seulement cette fois, l’histoire ne prend pas sa source dans l’imaginaire populaire mais dans la vie même de Yannick Jaulin qui s’attaque avec ce récit à ses démons et merveilles.

Après Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit et Menteur, c’est la troisième fois que le conteur aborde un thème autobiographique, même si dans les deux spectacles précédents l’autofiction était seulement en filigrane. Les rêves que faisait l’enfant tout éveillé se heurtent à la complexité du monde. Plongeant dans son passé, le Terrien tente de comprendre ce qui lui est arrivé.

Tandis que plane l’ombre de Dionysos, il croise sur sa route des personnages plus ou moins mythiques. Il y a Camille, l’arpenteur de territoires; Angèle, la conteuse; Moïse, le repère ; Claudine, la victime; Bobby, le compagnon de route; Caïn et Abel ou encore le Dieu qui sera découpé en morceaux… Le Terrien découvre que les territoires sont de plusieurs ordres, géographique, mais aussi affectif, intime ou métaphysique. Alors son cheminement est fait d’aller-retour. « Il y deux façons de traiter l’illusion, dit Yannick Jaulin. Soit on négocie avec elle, soit on se laisse manger par elle». Construit à partir d’improvisations, ce nouveau spectacle a bénéficié de la complicité des fidèles Frédéric Faye et Wajdi Mouawad.

Hugues Le Tanneur

  • Terrien, thèmes et variations

Terrien est une réflexion sur le territoire. Celui où l'on vit et la terre intérieure, souvent plus vaste. Variation sur le mythe éternel de Cain et d'Abel, comment le sédentaire tue le nomade ? Et comment gérer en nous ces forces toujours en présence ? Alors risquer la perte en laissant s'opérer le divorce entre celui qui a peur, qui s'accapare tout et le débonnaire qui voudrait s'échapper du cadre.

Terrien est un récit initiatique d'une enfance qui se passe en Vendée, une Vendée de soumission et de religion, mais aussi de solidarité et de communauté. L'histoire d'un enfant qui veut sauver le monde sur une terre pleine de superstitions. D'un enfant qui ne s'aime pas assez, parce que trop morcelé, trop dissocié. Alors cherchant ailleurs les clés pour voir le monde, il s'agite et se perd. A la poursuite d'un homme entier, dans le sillage d'un mage ou d'un prophète il risque l'aveuglement pour tenter d'apprendre à vivre.

Terrien est une révélation, celle qui suit l'aveuglement, celle d'un ventre dévoré qui accouche d'une ouverture au monde, celle de la réconciliation d'un homme avec son enfance pour enfin savoir vivre. A l'opposé de l'Annonciation, c'est d'une vieille femme, Angèle, que viendront l'apaisement et la lumière.

Terrien est une aventure, celle d'une écriture qui part de soi pour aller aux autres, par l'oralité sans cesse renouvelée, incarnée, peuplée de la rencontre des autres, ouverte et enrichie des complicités au long cours, et qui ne se prive d'aucun savoir transmis par l'autre, s'il est accordé avec exigence.

Terrien est un défi, celui que se lance et que nous transmet un conteur venu de loin, d'un patois qui demeure une langue vivante, et qui prétend s'adresser à l'universel. Celui d'un homme qui est né quelque part et qui toujours s'intéresse au comment parler à tous. Ici cela passe par l'union des contraires, dans le projet de remettre l'image au service du récit, de détourner la vidéo de ces usages qui habitent, fabriquent et manipulent nos vies.

Et pour finir, Terrien est un conte d'aujourd'hui entre ogre et ange...

André Curmi

Sortir de la nuit, la conscience engluée dans la culpabilité et la peine en renversant le maléfique pour l’obliger à devenir, malgré lui, un objet de beauté. Un ange.

Un ange, ça peut vous exterminer. Mais la beauté a ceci de grand, qu’elle est la moins violente des anges et répugne, toujours, au dernier moment à nous détruire.

Alors, en utilisant l’enfance, renverser le satanique pour le muer en ange de beauté. Soulager la conscience en rendant hommage. Tout cela en racontant des fragments de soi, comme on fabrique un grand puzzle et en constatant que les morceaux sont des lambeaux de chair de cette conscience effritée.

Wajdi Mouawad

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  • Presse

"Le personnage de Jaulin, ici, c'est l'éternel errant, celui qui part à la découverte de l'univers, en goûte la richesse et en frôle les vertiges." Gilles Costaz - Les Échos - décembre 2007

"Avec Terrien, Yannick Jaulinmet ses tripes à l'air pourmieux nous ouvrir les yeux." Sébastien Homer - L'Humanité - novembre 2007

"Terrien, comme toutes ses créations, bouscule le spectateur, l'amuse, l'émeut, lui tendant le miroir de ses propres interrogations. Que fait un homme sur terre ? Réponse de Jaulin: il cherche, il se trompe, il transmet." E.L. - L'Express - novembre 2007

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Spectacle terminé depuis le mercredi 15 octobre 2008

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