Salât al-janâza

du 22 mars au 3 avril 2004

Salât al-janâza

Frères et sœurs, Nour, Nadia et Nabil avancent à tâtons dans des mondes dont ils ne connaissent pas les codes. Ils ne sont pas nés du côté de ceux à qui l'on a donné les réponses, ils devront les arracher une à une, quitte à en mourir. Une pièce qui questionne l'Occident, ses mythes, ses névroses et sa capacité à oublier l'histoire là où il aurait dû s'efforcer de la comprendre.

Synopsis
La singularité quelconque

Note d'intention
Extrait 1
Extrait 2

Un homme déclenche un cataclysme et réduit une ville en cendres.
Une femme retourne en Algérie sur la tombe de son père.
A Lyon, un chauffeur de taxi rêve d'une plage à son nom en Polynésie.
Frères et sœurs, Nour, Nadia et Nabil avancent à tâtons dans des mondes dont ils ne connaissent pas les codes. Ils ne sont pas nés du côté de ceux à qui l'on a donné les réponses, ils devront les arracher une à une, quitte à en mourir.
Accepter l'étranger qu'on a voulu bannir de soi, insuffle l'équilibre au fildefériste qui tend ses fils sur les frontières.

Une pièce qui questionne l'Occident, ses mythes, ses névroses et sa capacité à oublier l'histoire là où il aurait dû s'efforcer de la comprendre.
Des combattants de la guerre d'Algérie, aux combattants du djihad, l'humanité a pris un raccourci douloureux sur lequel elle préfère fermer les yeux.

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"[…] que des singularités constituent une communauté sans revendiquer une identité, que des hommes co-appartiennent sans une condition d’appartenance représentable (même dans la forme d’un simple présupposé) constitue ce que l’État ne peut en aucun cas tolérer. […]

La singularité quelconque, qui veut s’approprier son appartenance même, son propre-être-dans-le-langage et qui rejette, dès lors, toute identité et condition d’appartenance, est le principal ennemi de l’État. Partout où ces singularités manifesteront pacifiquement leur être commun, il y aura une place Tiananmen et, tôt où tard, les chars d’assaut apparaîtront. "

Giorgio Agamben, La Communauté qui vient,
Paris, Seuil, 1990, p. 89-90.

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Il s'agit simplement de ces gens qui ne sont pas arrivés à dire qui ils sont.
Certains n'ont même pas le souvenir d'avoir essayé, d'autres s'acharnent, d'autres encore pensent s'être résignés.
Nous n'avons pas su, pas pu les écouter, leur proposer une attention qui garantisse leur unicité. Privés du relief de leur identité par un pouvoir désubjectivant, ils s'affolent et s'épuisent à trouver un sens, un repère, une voie d'expression.
Lassés, creusés et dépourvus, vient ce moment qui nous surprend nous-mêmes, où nous pourrions jeter un regard oblique et inquiet au miroir, en répétant " ce n'est pas moi ", " je ne suis pas ça ". Un moment de l'ultime combat contre soi-même pour se faire taire, mais il faut que notre propre étrangeté se mette à hurler.

De frustrations en frustrations, au cœur du siècle le plus technologique, les individus se transforment en bombes humaines.
C'est l'aspect artisanal, unique, concret, métaphorique, violent, poétique de cet humain à retardement que nous suivons dans chacun des personnages.

Cette pièce nous amène à penser ce que nous n'avons plus envie de questionner, voulant croire que notre lucidité moderne nous prévient de ce fléau : l'ignorance.
Cette peste-là suit le XXème siècle comme une généalogie indésirable ; qu'elle soit d'ordre passif ou bien actif, depuis les " nous ne savions pas " jusqu'aux " nous savons quelle est la vérité ", l'ignorance éradique toute tentative d'enrayer le bégaiement de l'histoire.
Nous sommes acculés à regarder en face une ignorance que l'on pourrait qualifier de première, dans le sens où Nour se laisse abuser par le reflet le plus extrême de la vérité du sacré en s'anéantissant dans une ville qu'il transforme en charnier.
À celle-ci répond une forme d'ignorance de caractère plus pragmatique qui consiste en une méprise quant à la signification des codes propres à tout groupe social ; sans leur possession, il est des malentendus qui se révèlent être fatals.

D'un pôle à l'autre, la pièce nous fait naviguer du métaphysique au quotidien, de l'extraordinaire à la banalité, de l'infiniment puissant à la puissance de l'infime.
Des échelles variables et des écarts poétiques ont pu capturer l'irrationalité de cet acte où un seul homme peut changer la face d'un monde, où un battement d'aile de papillon…
Nulle Part, la ville détruite, le cimetière près d'Oran en Algérie, le taxi à Lyon constituent trois espaces où les cultures se parlent.
Le poète lance un pont entre Ulysse, le héros Homérique et Nour, le martyr musulman qui accomplit ici une quête au-delà des limites du monde connu, des limites du visible.

Des liens fugaces, subtils et ténus qui rendent effective la communication entre la culture Antique et la culture Musulmane.

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Le Choeur des Amblyopes
Tu es mort

Nour
Vous êtes aveugles
C'est pire

Le Choeur des Amblyopes
Ce qui compte c'est d'être vivant

Nour
Nour est venu
Nour est mort et ressuscité
Nour vous emmerde
Je rejoins Dieu
Avec mon papillon

Le Choeur des Amblyopes
Tu feras le plaisir de balayer avant de partir
Y'a de la merde partout

Nour
Vous me prenez pour qui ?

Le Choeur des Amblyopes
Les chiens
Si tu baisses les yeux devant eux
Ils mordent

Nour
C'est quand tu les regardes dans les yeux qu'ils mordent
Et si tu leur demandes de balayer
Ils remuent la queue

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Le Choeur des Amblyopes
On a baptisé les déserts les cours d'eau les vallées
Aucun n'a été oublié
Baptisés les bateaux baptisés les avions les fusées
Les arbres on les marquait dans la forêt
On se sentait partout chez soi
La premier homme à marcher sur la lune il a planté le drapeau de son pays
Son drapeau
Il a commencé par ça

Nour
Et maintenant je m'envole

Le Choeur des Amblyopes
Je me prenais pour Icare
Le soleil en face et la cire aux aisselles
Prométhée j'ai envié chacun de tes songes
Les bras levés
Pour renverser le ciel des plus grands que moi

Nour
J'ai lu dans un livre que le battement de son aile
A ce papillon
Tu vois
S'il bat des ailes
Rien qu'une seule fois
A l'autre bout de la terre
Il y a un ras-de-marée
A Tahiti par exemple
L'effet papillon, ça s'appelle

Le Choeur des Amblyopes
On disait
God bless you
Et on aurait planté un drapeau dans sa bouche

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Spectacle terminé depuis le samedi 3 avril 2004

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