Prodige

du 2 avril au 22 mai 2002

Prodige

A la fois réaliste et cauchemardesque, mystique et hétérodoxe, foisonnante et baroque, cette pièce apparaît comme un thrillermoral où Jérôme, une sorte de « golden boy », bascule à son corps défendant dans un personnage en totale recherche de dénuement et d’authenticité. 

Résumé de la pièce
Notes de mise en scène
Dermot Bolger à propos de ses pièces de théâtre
La presse (extraits) à propos des autres créations de Kazem Shahryari

A la fois réaliste et cauchemardesque, mystique et hétérodoxe, foisonnante et baroque, cette pièce apparaît comme un thrillermoral où Jérôme, une sorte de « golden boy », bascule à son corps défendant dans un personnage en totale recherche de dénuement et d’authenticité. 

La scène est à Dublin dans un HLM d’un quartier « difficile ». A plusieurs reprises le décor sera celui d’une salle d’hôpital.

Jérôme, environ 40 ans, travaille avec dynamisme dans une agence de publicité. On pourrait dire de lui que c’est un « golden boy ». Il est marié à Penny, jolie jeune femme de 35 ans, artiste à ses heures, et présentement femme au foyer. Jérôme a une jeune maîtresse, Clara, à peine âgée de plus de 20 ans.

Au début de la pièce, Jérôme a rendez-vous avec elle dans l’appartement loué par son frère Derek. Il a fait croire à Penny qu’il est en train de repeindre les chambres. Clara se drogue et voudrait inciter Jérôme à l’imiter.

Soudain, Clara partie, Jérôme se réveille au milieu de la nuit, hurlant de douleur, les mains percées de deux énormes clous. A partir de ce moment tout chavire : l’athée porteur de stigmates se rend à l’hôpital. Personne ne croit à cette histoire : on le croit fou, ou au mieux victime d’une agression. Petit à petit l’on s’enfonce à la fois dans la vérité et dans le fantastique « mystique » : on apprend ainsi que si le couple Penny/ Jérôme est brisé, c’est suite au décès de leur petite fille que Jérôme n’a pas assumé. Penny va apprendre l’existence de la relation que son mari entretient avec Clara et rompre définitivement. D’autre part les stigmates, que l’auteur veut objectifs, vont plonger Jérôme dans les pires difficultés : un prêtre refusera d’y croire, alors qu’au contraire une femme du peuple va pour ainsi dire exiger de lui une guérison par imposition des mains, pour sa petite-fille Jacinta dont les symptômes sont identiques à ceux de l’enfant que Penny et Jérôme ont perdu.

Jérôme bascule à son corps défendant dans un personnage en totale recherche de dénuement et d’authenticité, christique en quelque sorte, dans le moment même où l’appartement de Derek se révèle être hanté par l’âme errante d’un jeune garçon suicidé qui lui demande de jouer pour lui le rôle (salvateur) du Christ.

A la fois réaliste et cauchemardesque, mystique et hétérodoxe, foisonnante et baroque, cette pièce apparaît, au fond, comme un thriller moral où Jérôme, presque battu à mort à la fin par de jeunes voyous ( c’est sa Passion, sa flagellation) va, dépouillé de tout, quitter l’inauthentique de sa vie, l’illusion d’une « réussite » très emblématique de cette fin de siècle pour prendre seul un « nouveau départ sans masque », comme il le dit. Pour quelle destination ? Bolger ne le dit pas.

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Sans doute, l’art du théâtre est-il l’unique champ de bataille pour conquérir le sens, l’amour, et le cœur d’une humanité en désarroi.

Fin d’un siècle de déshumanisations et de viols, nous recommençons à regarder une vie avec un incroyable désir de dénicher une issue nouvelle pour semer l’authenticité de l’homme en tant que tel. Dans cette quête, nous découvrons que l’individu ne représente rien sans sa culture et l’humanité qui l’entoure dans une forme spirale partant d’une seule nativité vers des cercles infiniment étendus.

Dermot Bolger cherche à dessiner, comme un poète, le sillon du chemin de son origine à son originalité. Il rencontre inévitablement des choses de la vie quotidienne…

Il est peut-être inconcevable de voir un personnage qui est lui-même une proie, véhiculer l’histoire d’une contrée et la croyance d’un peuple. Le poète Bolger amorce ce chemin avec son miroir terrestre de la divinité.

Dans la modernité de la ville en 1999, où l’homme est abandonné dans les ruines d’une culture éparpillée, Jérôme fuit pour ne pas voir (ne pas voir quoi ?) pour ne pas se voir (ne pas voir quoi en lui ?). Face à la peur, l’attrait de la drogue, l’abandon de la poésie, l’affairisme ambiant, il s’est enfermé dans une chambre que l’on prévoit de murer car elle porte la corde invisible qu’un enfant de 14 ans a utilisée pour se pendre. L’Irlande cherche son identité. La terre se confond avec le ciel dans la banalité de la conscience d’un cœur rejeté dans un immeuble désaffecté de la banlieue de Dublin. Nous repartons de l’origine pour saisir les pulsations d’une vie rompue à plusieurs reprises, en redémarrant aux points de rupture vers un avenir incertain. 

Cette pièce est un poème intime pour un peuple, à travers un homme qui cherche à vendre des produits par leur image.

L’espace
Une chambre délabrée, insolite, un lit, juste pour être seul. Pourtant ni les portes, ni les fenêtres, ni mêmes les murs ne peuvent jouer leur rôle. C’est une scène où l’on peut intervenir dans la solitude du personnage dès que son esprit le permet. Une chambre qui peut être l’esprit même du personnage. Une chambre dans laquelle nous pouvons revoir l’illusion de nous-mêmes. Illusions surprenant les personnages et les spectateurs.

Le temps
Fin du 20ième siècle. Mise en espace d’un temps élastique capable de voyager de l’infini à ce jour. Un temps troublant empreint de poésie pour régénérer la croyance, la vie quotidienne… Un temps troublant qui creuse une vallée immense entre l’origine de la croyance et l’authenticité de la vie… Un temps qui met en danger la vie présente du personnage. Le temps joue avec l’émotion des personnages… L’espoir est un sentiment de doute pur, il met en déséquilibre les personnages et l’espace. Le suspens de l’inconnu régénère l’attente des personnages et joue finement avec les certitudes des spectateurs.

L’image
Un garçon de 14 ans est au bord de la fenêtre. Il porte autour de son cou une corde tissée de son pyjama, il va se lancer. Je ne sais pas pourquoi. Ou plutôt je ne sais pas précisément pourquoi… L’enfant ne doit pas être étranger au tronc de l’arbre qui le nourrit de ses racines infectes. Attention ! Il va sauter dans le vide… Dans la vallée perdue… Dans l’incertain… Une paix très lourdement gagnée… Une perte que Jérôme, Dermot, Emile-Jean, Kazem… ont vue.

Le décor
Il n’y a pas décor, juste les éléments nécessaires à créer l’ambiance pour les acteurs. Les spectateurs trouveront les acteurs dans un espace ouvert et sans limite. La lumière joue un rôle primordial dans cette pièce pour permettre le déplacement de l’ombre… Le son est une création à part entière qui peut raconter les fragments de l’histoire de l’esprit d’un jeune homme… Les costumes sont des déguisements que chacun des personnages a choisis en fonction de la façon dont ils s’imaginent que les autres le perçoivent.

Kazem Shahryari

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« On n’y trouve ni thèmes ni intrigues conventionnels et je pense que dans une certaine mesure elles reflètent des préoccupations de poète, avec des images qui se construisent souvent sur un mode poétique. (…) Il est obligatoire que le théâtre parle de la vie. Il est obligatoire qu’une pièce ait un ancrage dans la vie. Souvent dans mes romans ou dans mon théâtre, la vie des gens s’est arrêtée ou encore a été engloutie, et la pièce s’échafaude et tend vers ce moment où pour les personnages la vie redémarre.

Et à propos de la création de « The Passion of Jerome », au printemps 1999 au Peacock Theatre à Dublin :

Elle est sans doute celle de mes pièces qui a été la plus difficile à mettre en scène. Elle a divisé la critique dublinoise. Nombre de critiques viennent de la même bourgeoisie que celle inventée pour le personnage de Jérôme, celle où il a grandi, mais lui est assez objectif pour voir plus loin. Jérôme s’est soigneusement réinventé un personnage à partir de son passé, comme l’Irlande, vient de le faire en un temps record. Parler d’héroïne il y a dix ans, comme je l’ai fait alors, c’était un choc pour le public dublinois. Mais j’ai l’impression aujourd’hui que cela les aide à se sentir Européens, Européens encore tout neufs. Il est intéressant de voir de près ce qui les rend mal à l’aise et j’ai eu vraiment envie d’examiner par conséquent cette bourgeoisie sortie des tourbières depuis deux générations seulement, et encore d’explorer l’éventualité d’une possible intrusion, dans leurs vies modernes d’agnostiques, de ce Dieu auquel croyaient leurs grands-mères. Il est intéressant de voir que les réactions du public ont été merveilleuses et il en est résulté une soirée théâtrale où les gens ne pouvaient pas trouver d’échappatoires et étaient obligés de prendre parti : ou bien ces événements étaient surnaturels, ou bien ils étaient provoqués par la drogue. Bien entendu les thèmes de la pièce sont bien plus complexes et écrire une oeuvre comme celle-là a été quelque chose de terrifiant. Comme l’a écrit l’Irish Times, chaque spectateur sortira du théâtre avec sa propre interprétation et pour moi c’est cela qui conduit à un théâtre vivant et stimulant.

Extraits d’un interview accordée par Dermot Bolger à la revue Etudes Irlandaises (novembre 1999)

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" Kazem Shahryari signe un texte efficace, lucide et dérangeant. Grand observateur des comportements humains… " Le Provençal (Sans la voie lactée)

" L'homme est courageux, curieux, et il a visiblement un goût sûr. Il a très bien dirigé ses acteurs dans la cohérence et la vérité. " Jean-Luc Jeener, Figaroscope (Une poignée de sable)

A propos de Lethal Romance - Mortelle Rapsodie
" Le metteur en scène a monté ce réquisitoire comme une tragédie (…) Une véritable dimension poétique… C'est très bien fait, il y a vraiment tout un univers sonore et visuel reconstitué sur cette scène de ce tout petit théâtre où il faut vraiment aller. Corinne Audouin, France Inter

" L'idée est intelligemment mise en scène. " L'Express

" Pièce poignante, essentielle… Un réquisitoire contre la peine de mort et contre l'effroyable machine à tuer, présenté sous forme élaborée et ludique. " Michèle Levy-Taieb - Actualité Juive

" Le mérite de la mise en scène de K.S. est de réfléchir aux formes théâtrales les mieux adaptées à l'évocation et à la représentation d'un thème aussi douloureux et difficile que la peine de mort… il apporte des réponses souvent très habiles et astucieuses. " Cristina Marino - Le Monde Interactif

" Pièce forte… Mise en scène paradoxalement douce… Grande charge émotionnelle. " Gilles Costaz - Politis

" Du théâtre comme vous n'en avez jamais vu (…) Du théâtre bien vivant. " Peggy Olmi - Marianne

" Vous vous êtes arrangés pour qu'il y ait de la comédie, de la musique, un beau capella, bravo ! " José Arthur - France Inter

" Un spectacle à voir décidément, car non seulement il présente une grande idée, une cause tragique, mais il révèle aussi une force plastique qui interroge sur la condition humaine et sur la fonction de la scène. " Alain Lefevre - Le Sénonais libéré

" Le dispositif scénique nous enchasse quasiment dans l'action. Il y a là sans aucun doute une rencontre entre un auteur qui tien un sujet, oiseau blessé dans son petit mouchoir, et qui le donne à respirer à un souffleur de théâtre. On appelle cela un metteur en scène. " Jacky Viallon - 93 Hebdo

A propos de Au revoir et bonjour Monsieur Brecht -Pâle comme la lune
" L'écriture de K. Shahryari crée (…) un univers empreint de douceur et de poésie. (…) atmosphère assez spectaculaire rendant un vibrant hommage au théâtre selon Brecht. " Michèle Levy-Taieb - Actualité Juive

" J'appréhendais de voir ce spectacle car je savais qu'il y mettrait en scène la vie dans un camp de concentration en Allemagne (…) Une beauté théâtrale constante et sobre (…) Du début à la fin du spectacle j'ai grelotté d'émotion et pleuré. Ce qui s'est passé dans ces camps concerne tout le monde. C'est l'évènement majeur du vingtième siècle. Kazem Shahryari est iranien. Il est poète. Il a tout compris et il a su le transmettre, peut-être d'autant mieux qu'il n'est pas juif. " Liliane Atlan - L'Avant-Scène Théâtre 

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Sélection d’avis du public

Prodige Le 27 avril 2002 à 18h28

Un petit théâtre surprenant (au milieu des immeubles), mais trés sympatique (une petite salle, où l'on est conduit aprés avoir patienté à l'accueil autour d'une table). Cette pièce, c'est dabord une histoire : celle d'un homme qui se réveille un matin avec les stigmates du Christ. C'est aussi un thriller : son appartement est hanté par le spectre d'un enfant qui s'est suicidé. Ce sont également plein de trouvailles originales (les acteurs changent le décors en dansant sur une musique irlandaise). C'est enfin une interprétation remarquable .

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Prodige Le 27 avril 2002 à 18h28

Un petit théâtre surprenant (au milieu des immeubles), mais trés sympatique (une petite salle, où l'on est conduit aprés avoir patienté à l'accueil autour d'une table). Cette pièce, c'est dabord une histoire : celle d'un homme qui se réveille un matin avec les stigmates du Christ. C'est aussi un thriller : son appartement est hanté par le spectre d'un enfant qui s'est suicidé. Ce sont également plein de trouvailles originales (les acteurs changent le décors en dansant sur une musique irlandaise). C'est enfin une interprétation remarquable .

Informations pratiques

Art Studio Théâtre

120, bis rue Haxo 75019 Paris

  • Métro : Télégraphe à 293 m, Porte des Lilas à 319 m
  • Tram : Hôpital Robert Debré à 317 m
  • Bus : Haxo à 75 m, Porte des Lilas - Métro à 262 m, Rue des Bois à 291 m, Hôpital Robert Debré - Pré Saint-Gervais à 307 m, Pelleport - Belleville à 379 m
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Plan d’accès

Art Studio Théâtre
120, bis rue Haxo 75019 Paris
Spectacle terminé depuis le mercredi 22 mai 2002

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