Port du Casque obligatoire

du 30 novembre au 28 décembre 2007

Port du Casque obligatoire

Paladino, un palace de grand luxe est en construction. Les entreprises engagées sur le chantier se démènent pour travailler dans les délais. Surviennent les vices de construction, les incohérences, les problèmes de coordination des travaux... Une pièce contemporaine passionnante sur le monde du travail. La nouvelle création de Fred Cacheux.

Un hôtel-palace en construction
Cela s’est passé récemment, chez nous…
Extrait

  • Un hôtel-palace en construction

Paladino, un palace de grand luxe est en construction en plein Paris. Une foule d’entreprises se démène pour travailler dans les délais et satisfaire le commanditaire américain. Le rythme est donné par les fluctuations de la Bourse et la dictature de l'argent impose à l'homme de céder sur son humanité, pour survivre.

L’homme contre la pierre, l’homme contre l’homme, l’esprit contre le profit. Où et comment s’exprime encore la fibre humaine dans la grande machine de la production ? Y a-t-il une échappatoire ? Peut-on encore poser la question des réflexes solidaires ?

Distribution en alternance.

  • Cela s’est passé récemment, chez nous…

Port du casque obligatoire est inspiré d’une authentique histoire ! Klara Vidic part de la réalité, pour mieux rejoindre le mythe. En situant l’action de Port du casque obligatoire sur le chantier de construction d’un grand hôtel, Klara Vidic nous donne à jouer la re-composition d’une petite société, fermée, déshumanisée. Ici, pas ou peu de solidarité, ni de sens collectif. Le chantier pousse l’Homme jusqu’à son point de rupture. Le chantier met à l’épreuve sa capacité de résistance. Chaque personnage est pris dans le vertige, tour à tour monstre ou héros.

Jusqu’où peut-on espérer ? Dans Port du casque obligatoire, on met l’Homme à nu, sans masque ni faux-semblant. Reste la lutte. Le cri. La foi. L’apnée. La triche. Le pari scandaleux de la compromission. La peur. La Machine.

Klara Vidic, dans son écriture, rend au théâtre son rôle primordial : être un miroir du monde, c’est-à-dire reproduire sur la scène l’écho du réel. Michel Vinaver dit de cette pièce : « Ce n’est plus de la tragédie, c’est du catastrophisme ».

De son style, on peut dire qu'il est « en creux », selon l'expression employée au sujet des auteurs qui savent rendre le non-dit éloquent. Klara Vidic crée un écart avec le réel. Alain Françon a été frappé par le "bavardage des silences", le musellement du lieu de l'action, etc. Dans une lettre écrite après lecture de la pièce, il revenait sur la construction : « … je trouve cette structure de pièce très réussie, avec la distance nécessaire, l’écart nécessaire qui permet la représentation. »

On trouve dans la pièce des motifs, comme on en voit par exemple dans Tchékhov. Ces motifs reviennent, passent d’un personnage à l’autre, s’emmêlent. Le langage technique, le langage de l’urgence au travail, le double en chacun (personnage privé/personnage public), la décompensation, l’argent, etc. sont autant de transversales possibles. Ce sont des thèmes exprimés par presque tous les personnages, et ces motifs sont la polyphonie de la pièce.

La théâtralité du texte de Klara Vidic est évidente. Julie Brochen y a aussitôt été sensible : « Sa construction est passionnante et sa théâtralité très forte, du fait que le texte ne déploie pas tout de suite son secret. Kafkaïenne, avec des murs qui prennent les personnages en otage, la pièce échappe au cliché. Elle appelle le plateau ! »

En tant qu'homme, et en tant qu'artiste, je suis touché et j'entrevois l'importance à raconter cette histoire aujourd'hui. Ainsi, j'entends construire un moment fort et riche. Avec les acteurs, et l'équipe de création, nous avons à édifier. Nous avons les mots, qui sont nos matériaux. Car les mots sont des matériaux avant d’être des producteurs de sens. Ils sont pour les artistes ce que le ciment est pour les personnages de la pièce : une matière collante, « pégueuse », dangereuse, omniprésente et qui s’infiltre jusqu’à la moelle. Nous avons la comédie, le rire (les rires), le burlesque : ce sont nos outils. La représentation est porteuse d'une multitude de sens.
Je souhaite traiter du théâtre, et de la théâtralité. Ma cohérence réside en cet endroit-là. Où est le sens du geste théâtral ? Dans le théâtre lui-même. Dont acte.

Fred Cacheux

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  • Extrait

acte I scène 1
Hiver. Lundi 12 février. 10H.

Otton : (au téléphone) Oui…/ oui…/ oui…/ oui, oui, oui…/ oui…/ oui…/ oui, oui…/ oui, oui…/ oui, oui, oui/ oui…/ oui…/ oui…/ oui, oui…/ oui, oui…/ oui, oui, oui…/ oui…/ oui…/ oui…
(au téléphone) Ne quitte pas… (à Karneck) Karneck ?! Il est où, ce plan ? Bordel ! (au téléphone) C’est planifié, Yves, bien sûr. D’accord. À tout à l’heure. (il raccroche. À Karneck) Karneck !
Karneck : (à Otton) Monsieur Georges ? (à Ponthieu) Ponthieu !!!
Gramme : (à Otton) Pour la Suite Présidentielle, Otton, on fait quoi ?
Otton : (à Gramme) Démerdez-vous, Gramme, bordel !
Ponthieu : (à Karneck) Le plan 258B13. C’est pas ça qu’il veut ?
Gramme : (à Otton) Je veux bien me démerder, vous êtes drôle ! Mais sans papier en bonne et due forme, je fais rien, moi ! Il me faut l’ordre de service signé, sinon les modifs, je les fais pas. Je suis pas couvert en cas de problème. Un document, c’est un document !
Talkie-walkie : (voix de Aubineau) Aubineau pour Otton ! Aubineau pour Otton !
Otton : (dans le talkie-walkie) Otton pour Aubineau, à toi.
Karneck : (à Otton) Tenez, Monsieur Georges, le plan de la mezzanine. On ne voit pas beaucoup, il me semble que les derniers changements ne sont pas intégrés.
Otton et Karneck se penchent sur le plan. Coupure d’électricité, noir complet.
Ponthieu : (à Gramme) Vous avez raison, Monsieur Gramme. Faut faire gaffe. On sait jamais, après, ça nous tombe sur la gueule. Faut toujours du papier. Pour tout. C’est plus sûr.
Talkie-walkie : (voix de Aubineau) Je cherche Braque. Il est chez toi ? À toi.
Otton : Putain d’architectes ! C’est quoi ce dessin ?! Il est daté d’il y a trois mois. Qu’est-ce qu’ils foutent ? Je ne peux rien faire avec ce torchon, bordel ! (dans le talkie-walkie) Braque sera là cet après-midi. Qu’est-ce qu’il y a ? À toi.
La lumière revient. Olga apparaît.
Gramme : (à Ponthieu) Sauf qu’à force de courir après les documents, on n’avance pas. Je passe mon temps à mendier les signatures, au lieu d’être à la besogne avec mes gars.
Ponthieu : (à Gramme) Ha, ça oui ! La Suite Présidentielle n’avance pas, c’est sûr. On prend un sacré retard sur la Suite. J’ai dispaché mon équipe. Il y a plus personne à la Présidentielle. Ha, c’est marrant, ça ! Plus personne à la Présidentielle… Présidentielle… Suite Présidentielle…
Otton : (à Karneck) Il y en a pas un autre ? Un plan plus récent ? Un truc à jour, bordel ! (dans le talkie-walkie) Un problème, Aubineau ? À toi.
Talkie-walkie : (voix de Aubineau) Non. Rien. À toi.
Otton : (dans le talkie-walkie) Tiens-moi au courant à ce sujet. Terminé.
Karneck : (à Otton) Je ne pense pas. C’est tout ce qu’on a. Je vais voir avec les archis. Il est peut-être chez eux, le plan avec les corrections.
Gramme : (à Otton) Bon, je fais quoi ? Signez-moi cet ordre de service, le devis qui va avec et on s’y met tout de suite.
Otton : (à Gramme) Trouve-le, bordel. Dans ce bordel ! J’ai pas que ça à faire ! J’ai la réunion avec Braque à préparer. Ça fait quinze jours que je demande une intérimaire au siège. Tu crois qu’ils sont pressés ? Ils sont bien au chaud, chez COMBINE & Co, les réalités du terrain, ils comprennent pas.
Gramme : (à Otton) Mon devis est rose, c’est un papier rose…
Otton : (à Gramme) Rose ? Même s’il était kaki, ça ne changerait rien au combat. 25 entreprises sur le site et des documents de toutes les couleurs. Un vrai arc-en-ciel…
Gramme : Je ne veux pas le savoir, m’en moque de vos 25 entreprises ! Gramme & fils est là depuis le début, je ne suis pas n’importe quoi. Sans le gros œuvre, vous êtes coincé, alors occupez-vous de cette paperasse, sinon vous me chercherez à Tahiti, je prends des vacances.

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Spectacle terminé depuis le vendredi 28 décembre 2007

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