Pasteur Ephraïm Magnus

du 6 au 21 mai 2006
2h30

Pasteur Ephraïm Magnus

La quête spirituelle et passionnée de trois enfants hantés par la mort de leur père. Défiant Dieu et les conventions sociales, Jakob choisit de vivre sans aucune retenue et tente d'assouvir ses instincts charnels jusque dans le crime, tandis qu'Ephraïm choisit la voie de l'ascèse et de la souffrance accompagné par sa soeur Johanna.

« Depuis toujours Hans Henny Jahnn s’est trouvé en marge. Il appartenait au royaume secret d’une littérature allemande inofficielle. » Klaus Mann

  • Un combat au cœur des ténèbres

Après avoir mis en scène Médée de Hans Henny Jahnn au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis en 2001, j’ai choisi de poursuivre l’aventure avec Pasteur Ephraïm Magnus, un autre texte de ce poète inconnu traduit en 1993 par René Radrizzani et jamais monté en France.

Dramaturge, poète, romancier, Hans Henny Jahnn (1894-1959) compose Pasteur Ephraïm Magnus entre 1916 et 1917. Il est alors âgé de 22 ans et vit exilé en Norvège, loin de la folie guerrière. La pièce, publiée en 1919, reçoit l’année suivante le Prix Kleist - la plus haute distinction littéraire de l’époque. En 1923, Brecht et Bronnen montent un fragment du texte sur la scène berlinoise. L’œuvre fait scandale : la sincérité frénétique et désespérée de l’auteur passe pour de la pornographie. Au même moment, Alfred Döblin écrit à propos de la pièce : « Rien de plus fort, de plus vécu, à part les œuvres de Strindberg, n’avait été formulé sur la scène contemporaine ».

Pasteur Ephraïm Magnus est une œuvre de jeunesse, audacieuse, déroutante, d’une sincérité absolue, violente et impulsive. Jahnn n’a aucun souci de la forme, du style. Il ne se préoccupe pas du plateau, du passage à la scène. Sa seule nécessité est celle du dire, l’urgence d’exprimer son moi, de laisser libre cours à ses pulsions, de trouver les mots justes pour traduire son monde intérieur sans le défigurer… d’inventer sa propre langue.

Pasteur Ephraïm Magnus relate la quête spirituelle et passionnée de trois enfants hantés par la mort de leur père. Avant de s’éteindre, le vieux Magnus leur indique le chemin à suivre : « Il n’y a que deux voies qui sont sûres (...) L’une consiste à vivre les choses qui sont voulues, pleinement, sans retenue - aimer, vivre l’amour tel que Dieu le voulait : être criminel. Et l’autre : devenir l’égal de Dieu, prendre sur soi tous les tourments sans jamais être délivré ; car Dieu est ainsi, depuis qu’on a dédaigné son amour et crucifié. Il n’y a en lui que les ténèbres du tourment. » Commence alors une quête frénétique. Défiant Dieu et les conventions sociales, Jakob choisit la première voie indiquée par le père et tente d’assouvir ses instincts charnels jusque dans le crime. Pour accéder à la connaissance suprême et lutter contre la mort et la décomposition, Ephraïm, devenu prédicateur, choisit la voie de l’ascèse et de la souffrance... Johanna accompagne Ephraïm dans sa quête avant de s’éteindre dans ses bras...

Bisexuel, antimilitariste et antireligieux, Jahnn s’insurgea particulièrement contre la religion chrétienne, l’accusant d’avoir instauré l’hypocrisie, le mensonge, l’injustice et d’avoir étouffé les pulsions charnelles. Avec l’audace de ses vingt ans, il défie Dieu, le temps, la mort, et donne vie avec Pasteur Ephraïm Magnus à son rêve : préserver la chair par-delà la mort du pourrissement et de la décomposition... Jahnn, comme les expressionnistes, rêvait d’un monde meilleur et d’un renouveau spirituel. Utopiste, il prônait un monde basé sur de nouvelles lois : l’art et l’érotisme.

Le texte porte déjà la marque inimitable du futur grand auteur : la langue est unique, bouleversante et sa poésie fait penser à Bataille et Artaud.

Christine Letailleur

Le texte de la pièce, dans la traduction de René Radrizzani, est publié aux éditions José Corti.

  • La presse

" (...) C'est cet effroi de la langue que Christine Letailleur met en scène : entièrement vide et noir, le plateau ressemble à un gouffre, où les acteurs sont des taches de lumière intermittente. Calmes, presque douces, les voix jouent pour les spectateurs la fonction de guides. Cela pourrait être raide et compassé, c'est d'une constante fluidité. Surgissant de l'ombre, les acteurs ne courent pas après l'irreprésentable. Omniprésents, le sexe, le sang et la mort sont rejetés dans l'ombre : ce qui est là et que l'on imagine. Mais il suffit d'une main effleurant un ventre nu, ou d'un corps happé par la nuit pour donner chair aux tourments (...)." René Solis, Libération , 19 novembre 2004

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Spectacle terminé depuis le dimanche 21 mai 2006

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