Macbeth

Cartoucherie - Théâtre du Soleil , Paris

Du 23 avril 2014 au 01 mars 2015
Durée : 4 heures entracte inclus

CLASSIQUE

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Coups de coeur

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Tragédie

Pour les 50 ans du Théâtre du Soleil, Ariane Mnouchkine propose sa version de la tragédie de William Shakespeare. Soif de pouvoir, prophétie, choix du mal, spirale infernale et folie forment une œuvre sombre et puissante, terriblement contemporaine. Dernière le 1er mars ! Des places pour les dates complètes sur Theatreonline.com peuvent être disponibles directement au Théâtre du Soleil.

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Spectacle terminé depuis le 01 mars 2015

 

Photos & vidéos

Macbeth

De

William Shakespeare

Mise en scène

Ariane Mnouchkine

Des places pour les dates complètes sur Theatreonline.com peuvent être disponibles directement au Théâtre du Soleil.

  • L’irréparable

Mais qu’est-ce qui est arrivé au grand Macbeth, ce général victorieux à la carrière brillante ? Un bel homme, aimé des siens, respecté, admiré, comblé d’honneurs mérités, salué par le roi. Il avait tout pour être heureux. Une femme aimante, distinguée comme une noble romaine. Un château magnifique. Et quel beau paysage ! Tout lui souriait.

Et voilà que du jour au lendemain, une ténèbre – tombe. C’était le lundi qui suivait le triomphe. Ça ne peut quand même pas être la faute des vieilles sorcières prophétiques ? C’est comme si l’avenir s’était jeté sur lui et lui avait mordu le cerveau avec ses dents empoisonnées. Comme si un télégramme du diable était arrivé. Un mot : Tue ! Une idée horrible vient frapper à la porte de sa pensée. Pensée ? Même pas. C’est comme si la peste avait frappé à la porte de son château. Une seconde d’hésitation. Une seconde ? Même pas. C’est comme s’il avait déjà ouvert la porte avant d’ouvrir. Comme si quelqu’un avait précédé son mouvement. Sa femme ?

À la seconde, il y a eu ce besoin foudroyant de faire ce qu’on ne doit pas faire, et, subitement, ce qu’on ne peut pas faire, on le fait. Fait. Et déjà tout est ruiné et décomposé : la raison, le cœur, le sentiment, la nourriture, le sommeil. On ne peut plus ni dormir, ni se réveiller. Le temps n’a plus de passé ni de présent. Il est sans repos et sans retour. La première seconde lui a été fatale, on ne peut plus qu’aller de l’avant dans le sang, dans le sang, descendant dans le sang.

Le grand Dérangement a envahi le monde. Ce qui vit n’est pas vivant. Ce qui est mort n’est pas mort. Les rêves chassés de leur région errent à l’extérieur en hallucinations. Tout est perdu, l’amitié, la confiance, l’épouse, les illusions, le goût. Même la peur le quitte.

Et le peuple, dans cette histoire ? Le peuple ? Ah ! Oui ! C’est vrai. D’habitude, comme dans les pièces de Shakespeare, quand il y a un pays, il y a aussi un peuple. Le peuple, les Macbeth n’y avaient jamais pensé ! Toutes leurs forces, affairées, tendues vers ce petit objet maléfique : la couronne. Tout l’espace du cœur est occupé par le terrible désiré. Jamais on n’avait vu une telle pureté dans le mal, une telle passion dans la tentation, nous semble-t-il.

Nous ? Nous, les oubliés, les rejetés, nous sommes saisis d’effroi et d’incompréhension. Comment en arrive-t-on là, c’est-à-dire au-delà de tout plaisir, de toute satisfaction, là où la fin est sans arrêt et la langue se vomit elle-même ? Le mal est juste derrière la porte. Vous l’entendez hurler. Macbeth n’aurait jamais dû penser à ouvrir la porte. Trop tard frappe comme la foudre.

Attention ! Nous ne devrions jamais laisser les Macbeth ouvrir la porte, pensons-nous. Le mal est prêt. Il n’attend que cet instant. Attention ! Le mal est sans arrêt. Vous êtes prévenus ?

Hélène Cixous, 1er février 2014

Traduit et dirigé par Ariane Mnouchkine
Musique de Jean-Jacques Lemêtre

  • La presse

« Fidèle à ses habitudes, la troupe de légende donne à voir un Macbeth au rythme échevelé, où l'épopée sociale le dispute aux déchirements intérieurs des personnages, servis par des comédiens remarquables On pense en particulier à la brillante prestation de Serge Nicolaï en Macbeth, dont les râles et les attitudes bestiales semblent tout droit sorties d'une toile de Jérôme Bosch ou d'un film d'Albert Dupontel ! » Antoine Rogé,Philomag, 18 mai 2014

« Shakespeare, avec son monstre qui s'accomplit dans le régicide et l'infanticide, nous parle à quatre siècles de distance. Ariane Mnouchkine et sa troupe en font l'ensorcelante démonstration. » Antoine Perraud, Mediapart, 12 mai 2014

« Cette fois encore, Ariane Mnouchkine se révèle prodigieuse conteuse. Sans rien perdre de son propos, elle mène, en un balancement permanent, du rire à la frayeur, du grave au poétique, réveillant toutes les émotions enfouies au plus profond de chacun, jusqu’à provoquer son ébahissement. » Didier Méreuze, La Croix, 12 mai 2014

« D’une précision implacable, la mise en scène et la scénographie de ce Macbeth sont tout simplement époustouflantes : proposant des tableaux d’une technique précise au possible et poétiques en diable, Ariane Mnouchkine déploie toute une palette de paysages des plus impressionnants. » Alban Orsini, culturopoing, 11 mai 2014

« Certes, ce Macbeth offre tous les plaisirs d'une soirée à grand spectacle, avec le souffle, la puissance, la générosité, le sens du plateau dont le Théâtre du Soleil est capable. C'est Ariane Mnouchkine dans sa veine la plus hollywoodienne, qui semble travailler en CinémaScope, et situe son Macbeth dans le monde le plus contemporain. » Fabienne Darge, Le Monde, 10 mai 2014

« Ariane Mnouchkine fait preuve d'un sens du renouvellement tout à fait enthousiasmant. Quel souffle ! Quelle beauté ! Un violent coup de jeune traverse subtilement la maturité d'une troupe qui fête avec ce Macbeth ses cinquante ans. » Gilles Costaz, Le Point, 10 mai 2014

  • Entretien

Ce n’est pas le monde qui est terrifiant et sombre, mais certains êtres qui l’habitent. Au fond la pièce commence dans une gloire, pendant une victoire, tout devrait aller bien, tout est doux, c’est comme cela que c’est décrit au début. Ça ne commence pas dans un monde terrible, mais tout à coup il y a une avidité qui fait que le monde devient terrible. Parce que le monde n’est pas terrible, il est ce qu’il est, il a toutes les possibilités de beauté et de catastrophe, et c’est l’être humain qui a le pouvoir de faire surgir sur une grande partie de ce monde les catastrophes ou au contraire de faire surgir les vignes, et le miel, et les enfants. Tout à coup il y a quelqu’un qui fait surgir la mort et qui d’ailleurs à plusieurs reprises ne dit même pas « après moi le déluge », mais dit « maintenant le déluge pour moi », « s’il me faut le déluge, ayons le déluge ». (…)

Très souvent on se méprend, certaines répliques de Macbeth sont devenues des sentences pour dire que le monde est mauvais, que la vie est mauvaise. Je rappelle souvent que ce n’est pas Shakespeare qui dit cela, c’est Macbeth qui dit cela… C’est justement un des personnages les plus maléfiques de tout le théâtre qui dit cela, donc ce n’est pas l’avis de Shakespeare, Shakespeare ne dit pas que la vie n’a pas de sens, au contraire, il montre ce qu’il se passe quand on pense que la vie n’a pas de sens. (…)

Shakespeare n’était pas qu’un génie, il connaissait aussi son métier, il savait ce qu’il fallait faire pour tenir le public en haleine, pour que les gens aient peur, pour qu’ils soient touchés, pour qu’ils n’aillent pas à la concurrence, pour qu’ils reviennent dans son théâtre, et c’est particulièrement visible dans Macbeth, qui est une pièce extrêmement populaire, habitée de philosophie, irriguée d’une culture immense, ce qui la rend justement populaire… (…)

Je pense qu’il s’agit d’une guerre… ce n’est pas plus compliqué que les Atrides, il s’agit de petits clans, dans un tout petit royaume, l’Écosse. Puis, ce n’est pas que ça se complique, c’est que c’est beaucoup plus inattendu. Pourquoi nous gâche-t-on la vie, pourquoi l’ambition tout à coup… Ce n’est pas suffisant, comme dit Victor Hugo, ce n’est pas suffisant comme explication pour Macbeth, pas plus que ce n’est suffisant de se dire que l’amour de l’argent explique la goinfrerie de notre époque. Ce n’est pas possible que ce ne soit que l’amour de l’argent. Il y a une maladie. Voilà il y a une maladie chez Macbeth, il y a une pathologie qu’il ne connaît pas lui-même, et que tout à coup il découvre, et à laquelle il cède avec une ivresse et, j’allais dire, une bêtise très étonnantes. (…)

C’est un homme qui dit à un moment « la prochaine fois, j’agirai sans réfléchir », il le dit presque textuellement. Voilà quelqu’un qui, au fond, se méfie de la pensée. C’est donc très grave. Et ce qu’il fait, ce qui lui arrive et ce qui arrive, c’est qu’il va jusqu’à troubler l’ordre même de la nature. (…)

Ariane Mnouchkine, extraits d’un entretien avec Jean-Claude Lallias, Théâtre du Soleil, janvier 2014

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Avis du public : Macbeth

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Marie-Christine D. (1 avis) 09 mars 2015

Macbeth Super spectacle plein d'inventivité et de féérie. Très bonne tenue pour le jeu des comédiens et un texte très clair à comprendre ! bravo Arianne
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Jean-Baptiste F. (1 avis) 28 décembre 2014

Bof Une mise en scène gargantuesque qui ne sert pas toujours à rendre le propos lisible. Mais elle crée des ambiances intéressantes. Le jeu des acteurs est quant à lui à la limite du ridicule ; aucune émotion ne transpire de Macbeth et de sa femme. (exemple : Lorsque Banqo apprend la mort de sa femme et de ses enfants l'acteur ne fait que se tordre et projeter un texte qu'il semble n'avoir jamais fait sien ce qui donne une scène soit drôle soit passablement ennuyeuse alors qu'on est censé y voir la déchirure d'un homme.) Plusieurs scènes coupées, ce qui est bien dommage, notamment pour les Weird Sisters dont le rôle devient presque anecdotique (et dont le texte a été redistribué d'une façon étrange qui ne suit pas l'écriture de Shakespeare) et Hécate. Et ce qui était drôle dans ces scènes semble avoir été transféré dans des scènes tragiques mais qui deviennent comiques par le jeu des acteurs. De plus la diction n'est pas toujours bonne, comme si les mots restaient entre les dents et à de nombreuses reprises les comédiens se débarrassent du texte comme s'ils étaient pressé de passer à la suite ou (plus vraisemblable) comme s'ils ne le comprenaient pas, ce qui rend le texte incompréhensible pour les spectateurs. Shakespeare écrit un texte très fort, qui n'a pas besoin d'être surjoué pour être compris et reçu par les spectateurs. Le texte se suffit à lui-même tant qu'il est joué avec sincérité (c'est à dire aussi avec humilité, sans faste). Ici, on a un sur-jeu ou un sous-jeu permanent qui dessert en permanence le texte de Shakespeare (sauf pour le portier, mention spéciale pour cette scène excellente). Une très grosse déception pour ma part, j'attendais beaucoup d'une sommité comme Ariane Mnouchkine et à part des moyens financiers énormes, je n'ai rien vu. J'espère que c'était une très mauvaise représentation que j'ai vu, ça arrive bien évidemment, et que d'habitude les comédiens sont en forme.
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Roberto G. (2 avis) 30 mars 2014

Macbeth Ariane Mnouchkine, sans doute la plus grande metteur-en-scène actuelle... !
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Eric L. (2 avis) 04 mars 2015

Générosité Limpidité de Shakespeare vu par Mnouchkine, attention extrême aux spectateurs, théâtre total. Un seul regret terrible : c'est fini.
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Jean paul S. (1 avis) 28 février 2015

Macbeth 3h30 de pur plaisir .Génial
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Karel P. (1 avis) 28 février 2015

macbeth un spectacle total, l'essence du théâtre où tous les éléments, décors, sons et acteurs concourent à enchanter tous nos sens
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Marie-Louise B. (1 avis) 28 février 2015

une communauté C'est beau. Tout a été dit sur cette aventure théâtrale exceptionnelle. La créativité, elle est là, on sort étourdi par la ronde des décors, les effets de lumières, l'espèce de magie dans laquelle on vit pendant quatre heures. L'esprit "théâtre du soleil" est toujours là. Une communauté au travail pour donner le meilleur. Un accueil du spectateur unique. Là sont défendues des valeurs qui nous ont portés et qui sont hors du temps, on n'est pas dans le circuit de l'argent, du privilège, du vite fait mal fait. On est dans une communauté où chaque être a sa place, reconnue, mais pas plus que sa place. Pas de stars, mais une quarantaine d'acteurs sur une même ligne. Ariane, il faudra transmettre cela, pour qu'après vous ce soit encore possible.
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Eve R. (1 avis) 27 février 2015

Macbeth Magnifique mise en scène, lieu magique, musique ensorcelant le public, portant les comédiens, scellant le drame de Macbeth. Musicienne d'une grande virtuosité. On ne parle jamais assez de l'éclairage et dans cette mise en scène il est aussi important que la musique, les décors et les comédiens. Il installe et fait vivre les lieux du drame. Seul petit problème: la compréhension du texte, les comédiens ont du mal à placer leur voix et leur diction n'est pas au rendez-vous. C'est un peu frustrant.
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Marie France C. (1 avis) 26 février 2015

Macbeth Je mettrai un petit bémol par rapport aux autres spectacles déjà vus à la cartoucherie: je n'ai pas toujours "entendu" le texte. Pas pour des raisons de volume de voix ni d'accents, ni de prononciation, non. Mais plutôt au niveau des intentions... Lady Macbeth n'était pas la .... Évidemment l'espace scénique a joué a plein : de la beauté, de l'efficacité, du rythme . Vivement la prochaine production!!!
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Laurence M. (1 avis) 26 février 2015

Magique Ma deuxième aventure au théâtre du soleil et une fois de plus j'en sors emerveillée. dès l'arrivée sur ce lieu : L'attribution des places "démocratiques" l'ouverture du théâtre annoncée par "le brigadier". L'espace d'accueil aux couleurs de la piece que l'on va voir, et puis... Et puis... Ce travail poussé, intelligent. Toute une troupe en action, des mouvements parfaitement synchronisés, des ambiances installées en quelques secondes, un jeu d'acteurs étonnant, un texte d'actualité. On en ressort avec des yeux d'enfants émerveillés et à l'heure des saluts je suis toujours boulversée quand s'avancent en ligne ces 38 comédiens tous indispensables à la réussite de la soirée. Merci, merci merci et on attends déjà le prochain spctacle
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