Les visages et les corps

Paris 6e
Spectacle annulé ou reporté
1h10

Les visages et les corps

Seul en scène, Philippe Calvario choisit de lire des fragments du journal de Chéreau, pour raconter son maître et ami.
Seul en scène, Philippe Calvario choisit de lire des fragments du journal de Chéreau, pour raconter son maître et ami. Un labyrinthe de bribes intimes, de lettres aimantes, de fractures et de fractions de vie privée comme publique, où se reflètent à la fois le monde et les êtres aimés.
  • Je dis que l’avenir c’est du désir, pas de la peur.

Comédien et cinéaste, metteur en scène de théâtre et d’opéra, immense créateur, Patrice Chéreau a investi le Musée du Louvre en 2010. Grand invité des lieux, il a agencé les œuvres autour de ses thématiques essentielles, les corps, les visages, la lumière, les fantômes. Il a créé alors dans les salles du Musée puis au Théâtre de la Ville Rêve d’automne de Jon Fosse. Il a publié le beau livre de l’aventure au Louvre, Les Visages et les Corps, ensemble de documents, impressions, lettres, journal intime. Il livre là son intimité d’artiste, d’homme atteint, heurté par les doutes, les amours vacillantes, les désirs incandescents, la quête de la beauté ou le goût des ténèbres. Chemin de traverse, balisé par des spectres aimables ou redoutés, fait aussi de renoncements, d’amours décomposées, Les Visages et les Corps bâtit un labyrinthe de bribes intimes, de lettres aimantes, de fractures et de fractions de vie privée comme publique, où se reflètent à la fois le monde et les êtres aimés.

Patrice Chéreau rencontre Philippe Calvario au milieu des années quatre-vingt-dix. Un compagnonnage se dessine, comme entre le maître et l’élève. Le jeune homme a vingt ans, il est comédien, metteur en scène. Il jouera dans le film Intimité, il assistera Chéreau sur plusieurs projets, puis mettra en scène à son tour, au théâtre ou à l’opéra. Il créera L’Amour des trois oranges au Festival d’Aix-en-Provence, l’opéra Angels in America avec Julia Migénès et Barbara Hendricks au Châtelet, ou encore Médée-Kali de Laurent Gaudé avec Myriam Boyer au Rond-Point. Il dirigera les œuvres de Shakespeare, Sophocle, Marivaux, Fassbinder, Botho Strauss ou Copi. Seul en scène aujourd’hui, Philippe Calvario, quarante ans, choisit de lire des fragments du journal de Chéreau, pour raconter son maître et ami.

  • La presse

« C’est bouleversant ! » Figaroscope

« Magnifique ! » Les Inrocks

« C’est bien plus qu’un hommage qui se joue. C’est un acte. Un acte de vie. A la fois simple et grave, d’une gravité saisissante.(...) Ce geste-là est très beau. Il nous emporte dans un moment de vérité d’une densité renversante. » Manuel Piolat Soleymat, La Terrasse

  • Entretien avec Philippe Calvario

D’où proviennent les textes qui seront lus, s’agit-il de lettres, de textes, de poèmes ? De déclarations ?
Ils proviennent tous de la première partie du livre Les Visages et les Corps écrit par Patrice Chéreau pour son grand projet au Louvre de 2011. J’ai fait un montage de ce texte qui dure une heure. C’est un texte qui allie les souvenirs personnels et une réflexion sur l'art et sur l'artiste en général. Un grand texte. J'ai tout de suite pensé au journal de Jean-Luc Lagarce en lisant ce texte pour la première fois : il contient quelque chose de totalement personnel, d’intime et en même temps il a la capacité de nous rassembler tous à travers le rapport que Patrice livre sur le monde et les êtres qu’il a aimés.

Il s’agit bien d’une part d’intimité, comment la dévoiler en public ? S’agit-il d’un acte impudique ?
Je citerai ici le film de Guibert qui s’intitule Pudeur et Impudeur, c’est exactement ce que je ressens en faisant cette lecture-spectacle. Quelque chose de tout à fait personnel et en même temps, Patrice brouille sans cesse les cartes, les souvenirs s’agencent dans le désordre, prennent parfois des chemins de traverse. L’intime n’est jamais où on l’attend, donc ce n’est jamais pathos. Le texte est un labyrinthe, un grand puzzle et c’est la sensibilitépersonnelle de chaque spectateur qui trace le chemin. L’émotion naît aussi de cette reconstitution dans l’instant que chacun peut entreprendre en rapport à sa propre vie. Ce texte pousse à l’introspection, celle de Patrice d’abord, puis la mienne et enfin celle du public…

Quelle est aujourd'hui l'implication de Patrice Chéreau dans ce projet ? Quelle forme de présence a-t-il avec vous ?
Patrice a tout d’abord eu du mal à accepter que son texte puisse être joué et dit à voix haute. L'écrire était une chose, que je m'en empare sur scène en était une autre. J’ai dû donc le convaincre que ce texte était une des plus belles choses que j'avais eu à dire jusque là sur scène. Et un jour, il m'a envoyé cette phrase magnifique en réponse : « je n'ai pas le droit de ne pas te rendre heureux ». Ce projet est un passage capital dans mon parcours d'artiste et il l'a compris.

En quoi, alors que vous avez mis en scène les oeuvres de Shakespeare, Fassbinder, Marivaux ou Koltès, vous était-il essentiel de vous exposer personnellement de cette manière ?
En tant qu’artiste, on a de plus en plus besoin de se rapprocher de soi dans ses créations. J'ai parfois compris profondément mes choix de textes des années après les avoir montés. Pour ce projet, je suis absolument connecté à mon désir présent. Je ne suis ni nostalgique, ni dans la projection vers l'avenir. C’est l'année de mes 40 ans, Les Visages et les Corps m'aident à raconter l'homme que je suis aujourd'hui entièrement et sans détour.

Propos recueillis par Pierre Notte

  • Extrait

D’où vient que les gens voient tant d’images dans ce que je fais alors que j’y vois plutôt de l’espace organisé, du tissu de relations physiques, et que j’ai l’impression de traquer surtout la modification ? Celle des visages, celle des corps, dans l‘érotisme ou la tension, le va et vient entre les deux, tout cela justement qui ne se laisse pas enfermer dans une image, : mais qui s’installe dans une durée, saisir cette durée au travail : comment se modifie une idée, une pensée - un sentiment qui naît, un autre qui meurt et s’étiole -, quelque chose à l’intérieur qui dévore et qui brûle et se lit sur le visage, que la caméra voit aussitôt, ou le spectateur : la modification.

Oui, les images sont des sources d’inspiration mais seulement si elles se transforment en autre chose, s’il y a, transsubstantiation, si elles parlent et provoquent le désir, la sublimation, la profondeur, une réflexion. Si elles convoquent tout cela. Supériorité de l’image cinématographique aussi, et bien se redire du coup ce qui définit le théâtre : la pesanteur d’un corps vivant dans un espace palpable et secret : un acteur est là, au centre du cercle et il ne fait semblant qu’à moitié. S’il transpire, sa transpiration est vraie tout comme l’effort de ses muscles et des jambes qui le portent sur l’aire du plateau ; s’il pleure, ce sont de vraies larmes qui coulent et roulent de ses yeux ; s’il bande, c’est une vraie érection provoquée pourtant par du semblant. Mentir vrai, disait l’autre en une tout autre occasion.

Je suis là au café, le cerveau embrumé par les corps qui passent devant moi, il est minuit, à l’angle de la rue, il est la seule personne à laquelle je pense ce soir. Où est-il ? Ces mots qu’il écrit : « C’est peut-être parce que nous restons l’un et l’autre comme étrangers. Donc proches. » (...)

Quelque part en mars 2009. Les Corps
Il y a tant de choses que j’aurais aimé faire et que je ne ferai jamais : être musicien (chef d’orchestre surtout – mais je me débrouille pour l’être quand même un peu, j’en singe assez bien les gestes en tout cas), être chorégraphe et savoir écrire des romans. Il peut m’arriver de savoir faire bouger les corps – et je pense même que j’ai une façon bien particulière de les faire bouger, un instrument que je me suis forgé au fil des années et qui vient de l’usage malheureux que je fais du mien. J’admire la danse contemporaine, j’admire sa vitalité qui me semble comme à beaucoup souvent supérieure à celle du théâtre aujourd’hui. Mais mon domaine, ce sont les textes, les mots, donc les faire vivre, les incarner dans des corps. Faute de mieux, il peut m’arriver de copier les chorégraphies des autres, la science et la musique des autres, les romans que je n’écrirai jamais, les musiques que je ne composerai jamais. Je suis un voleur à l’étalage, un pilleur malin qui prend son bien là où il le trouve et qui mange à chaque repas toutes les personnes et les oeuvres qu’il admire.

Lui
Quand l’autre devient-il indispensable et à quel prix ? Comment rester autonome ? Savoir que l’autre existe peut suffire, cela aide à tenir une journée durant. Ou deux. Mes pensées l’accompagnent, au loin il sait que je suis là, quelque part, je ne connais pas tout de son emploi du temps - rien presque -, mais quand je le revois, je le vois plein de tout ce que je ne sais pas et ne saurai jamais de lui ; il est comme l’acteur avec qui je travaille dont je ne connaîtrai jamais les pensées secrètes mais que je peux pourtant guider avec la matière même de ce qu’il m’apprend de lui par fragments ou veut bien me laisser entrevoir.
Il envoie une photo déchirée en petits morceaux - qu'il faut reconstituer. Je le fais, un visage inconnu, le sien, apparaît. C’était il y a longtemps.

Les Visages et Les Corps, Patrice Chéreau, Skira Flammarion / Louvre éditions, publié à l’occasion de la manifestation Les Visages et les Corps, au musée du Louvre sous la direction de Patrice Chéreau, Grand Invité du Louvre en novembre 2010

Sélection d’avis du public

Les visages et les corps Par LouiseD - 10 janvier 2016 à 12h48

Grosse déception. Ne suis pas entrée dans la pièce une seule seconde. Décousu, jeu parasité par le port du livre ou carrément la lecture du texte. Nous étions deux et sans nous concerter, nous sommes sorties avec le même avis. On a regardé sa montre et compté le nombre de pages qu'il lui restait à lire... Dommage, car j'ai vu un nombre incalculable de bons spectacles au Lucernaire et je suis allée à celui-là sans hésitation.

Les visages et les corps Le 9 janvier 2016 à 08h54

Magnifique interprétation du texte de chereau. Intelligent, émouvant. Quand on aime P Chereau on adore quand on ne connaît pas on apprend on comprend de lui de sa relation à l'art. Le comédien est magnifique, sans jamais tenter d'imiter il est chereau à s'y méprendre dans la profondeur du personnage. Merci Bravo

Les visages et les corps Le 6 janvier 2016 à 12h21

a voir, a vivre, a entendre excellent

Les visages et les corps Par Yves S - 3 janvier 2016 à 09h43

un texte somptueux! Excellent.

Synthèse des avis du public

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Les visages et les corps Par LouiseD (11 avis) - 10 janvier 2016 à 12h48

Grosse déception. Ne suis pas entrée dans la pièce une seule seconde. Décousu, jeu parasité par le port du livre ou carrément la lecture du texte. Nous étions deux et sans nous concerter, nous sommes sorties avec le même avis. On a regardé sa montre et compté le nombre de pages qu'il lui restait à lire... Dommage, car j'ai vu un nombre incalculable de bons spectacles au Lucernaire et je suis allée à celui-là sans hésitation.

Les visages et les corps Le 9 janvier 2016 à 08h54

Magnifique interprétation du texte de chereau. Intelligent, émouvant. Quand on aime P Chereau on adore quand on ne connaît pas on apprend on comprend de lui de sa relation à l'art. Le comédien est magnifique, sans jamais tenter d'imiter il est chereau à s'y méprendre dans la profondeur du personnage. Merci Bravo

Les visages et les corps Le 6 janvier 2016 à 12h21

a voir, a vivre, a entendre excellent

Les visages et les corps Par Yves S (4 avis) - 3 janvier 2016 à 09h43

un texte somptueux! Excellent.

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