Les nègres

Saint-Denis (93)
du 4 au 31 mars 2002

Les nègres

Accueilli en 1998 avec La Révolte de Villiers de l'Isle-Adam où il formait avec Agnès Sourdillon un duo poignant, Alain Ollivier choisit aujourd'hui de retrouver Jean Genet dont il monta en 1991 Les Bonnes, un spectacle d'une rare intensité.

Présentation  
Pourquoi Les Nègres ?
L'interprétation

Accueilli en 1998 avec La Révolte de Villiers de l'Isle-Adam où il formait avec Agnès Sourdillon un duo poignant, Alain Ollivier choisit aujourd'hui de retrouver Jean Genet dont il monta en 1991 Les Bonnes, un spectacle d'une rare intensité. Pourquoi Les Nègres ? Spectateurs, nous avons sans doute entendu parler de la mise en scène de Roger Blin en 1959 qui compte assurément parmi les plus belles réussite du théâtre français d'après-guerre. 1959, les temps étaient sombres : la guerre d'Algérie battait son plein et la pièce divisa le public. Aujourd'hui, après la décolonisation, qu'en est-il de la question Noire ? Pour Alain Ollivier, elle demeure et citant Sarah Maldoror s'adressant à Marguerite Duras : "Cette pièce vous aidera à nous connaître mieux. C'est la seule pièce que nous ayons pour le moment à notre disposition pour vous éduquer, pour essayer de traduire à vos yeux le ridicule de votre idée sur nous." Alain Ollivier et son équipe s'efforceront d'atteindre ce but et de ne pas oublier que Les Nègres est une clownerie jouée par des Nègres afin qu'elle ne soit pas "saignée à blanc" comme son auteur eut l'occasion de le dire après une représentation de sa pièce jouée par des acteurs blancs maquillés en noir.

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L’idée s’est imposée à moi de remonter la pièce de Jean Genet pendant les représentations de Ange Noir de Nelson Rodrigues à Bobigny en mars - avril 1995. La violence des réactions de certains spectateurs, voire le refus de la pièce, montraient avec évidence que la question Noire était toujours posée.

Beaucoup s’imaginent qu’avec les actes politiques des décolonisations, la dite question est obsolète. Mais les blessures et les conséquences des crimes de l’Histoire ne se guérissent dans les cœurs et ne s’apaisent pas dans les mémoires dans le même temps que s’apposent les signatures au bas des traités politiques.

La question Noire demeure : question posée aux Blancs et la même qui fut au commencement posée à Caïn. C’est pourquoi Les Nègres joue devant au moins un blanc l’idée que ceux-ci se font des nègres. Certainement que l’ère de la décolonisation et celle de la révolte noire aux Etats-Unis ont contribué au très grand succès international de la pièce à sa création en 1959 ; probablement avec "…Godot" le plus grand succès du théâtre de l’après – guerre. Les spectateurs d’alors n’ont pu qu’associer au récit de la pièce les sentiments politiques très particuliers de ces années-là. Mais tout cela n’a été possible qu’en raison des grandes vertus dramatiques du théâtre de Jean Genet.

Sarah Maldoror dit un jour à Marguerite Duras : " Cette pièce de Genet vous aidera à nous connaître mieux. C’est la seule pièce que nous ayons pour le moment à notre disposition pour vous éduquer, pour essayer de traduire à vos yeux le ridicule de votre idée sur nous ".

Nous nous efforcerons d’abord d’atteindre ce but et nous n’oublierons pas que Les Nègres est une clownerie qui doit être jouée par des Nègres afin qu’elle ne soit pas " saignée à blanc " comme son auteur eut l’occasion de le dire après une représentation de sa pièce jouée par des acteurs blancs maquillés en noir.

Alain Ollivier

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"J'accepte qu'elle n'ait de sens qu'aujourd'hui", écrivait Genet de sa pièce Les Nègres.

Dans cet espace Genet désignait celui de notre histoire que l'on peut situer entre mai 1954, défaite de l'armée française au Vietnam, et les accords d'Evian de mars 1962 qui mirent fin à la colonisation française de l'Algérie.

Entendons par là que les spectateurs de l'automne 1959 qui ont fait le très grand et unanime succès à la création de la pièce, n'ont pu qu'associer aux représentations du Théâtre de Lutèce les sentiments politiques très particuliers de ces années de la décolonisation. Mais cela n'aurait pas été possible sans les vertus dramatiques et poétiques du théâtre de Jean Genet.

Beaucoup se sont fait à l'idée qu'avec les actes des traités qui ont mis fin à la souveraineté française dans les colonies, ont disparu les préjugés raciaux qu'exacerbait l'iniquité coloniale. C'est évidemment d'une grande ignorance ou d'une grande mauvaise foi.

Ce qui est nommé "question noire" est la question que pose le crime du Blanc sur le Nègre. La logique voudrait qu'on la nomme "question blanche". La question se pose en effet aux Blancs, puisqu'ils sont les auteurs des forfaits. Mais c'est dans la tradition perverse du criminel de désigner sa victime comme responsable du crime.

C'est ce reflet-là que Genet réfléchit à nos consciences blanches. Et avec un humour que je ne saurais définir tant son objet reste brûlant, et qui se joue comme si tous ces crimes et ces humiliations, l'Afrique avait cette supériorité sur nous de comprendre qu'ils étaient dus à de funestes illusions : de funestes fantasmes.

Les Nègres est aussi une méditation sur le théâtre - le pouvoir du verbe sur le corps et sur ses actes - et une méditation sur les valeurs existentielles et non morales.

Alain Ollivier
Octobre 2000, avant les répétitions.

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Personne plus que Genet n’a donné d’idée pour comment jouer son théâtre et ses conseils ne sont jamais des a priori mais le fruit de son expérience de la scène ou de son inspiration. Une directive me semble valoir pour tout son théâtre : celle qui débute comment jouer Les Bonnes... " Furtif ". " Furtif ", parce que la facture de la phrase de Genet est délicate, légère, que beaucoup de situations sont imprégnées du climat de la rêverie où tout avance sans à coup.

" Furtif " sans lenteur, très précis, et parfois sec.

On se souviendra qu’il n’existe plus dans le théâtre de Genet d’exaltation et de développement du sentiment comme c’est encore le cas dans le théâtre post-romantique.

Mais il y a développement d’une conception de l’existence : c’est un théâtre existentiel. Ce qui n’exclue pas du tout qu’il soit joué sensible, mais de ce sensible qui a partie liée avec la philosophie. C’est d’une Sagesse dont il est toujours question dans le théâtre de Genet, c’est-à-dire d’une manière de conduire son existence dans la meilleure connaissance possible de soi. D’où la tenue sans cesse réflexive des personnages et parfois introspective et parfois rêveuse. Il ne convient pas de brutaliser cette prose au motif que son auteur est un insoumis.

Alain Ollivier

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Spectacle terminé depuis le dimanche 31 mars 2002

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