
La pensionnaire de la Troupe, Édith Proust, se nourrit ici des multiples versions de la légende arthurienne. Ce cycle traverse les temps depuis neuf siècles, de Geoffroy de Monmouth à Chrétien de Troyes jusqu’aux opéras de Wagner et aux Monty Python.
Elle développe cette discipline pour les « grands », et aime avant tout la liberté et l’insolence qu’elle lui offre. Les chevaliers rivalisent d’exploits plus gigantesques les uns que les autres. Ils meurent et renaissent sans cesse. Cet idéal à atteindre, les clowns le regardent par en dessous avec l’espoir que nous puissions être vertueux, enfin. Récits de guerre et amour courtois, chants médiévaux et vieux français, magie et bestiaires étranges traversent cette partition qui s’écrit au plateau avec un magnétophone à bobines et trois clowns. Ils réagissent face à ce journal sonore dont ils ne connaissent pas les auteurs, et que la metteuse en scène décrit tel un « lieu de mémoire, un espace du passé et des fantasmes, un collage sonore du monde, presque comme un espace enchanté ».
L’expérience les conduira assurément à porter l’armure, à livrer leur propre idéal de société et leurs rêves de grandeur, à invoquer Arthur et Merlin, Lancelot du Lac ou Guenièvre. À quelle quête du Graal nous suspendront ces héros qui ne dorment jamais ? En miroir des chevaliers de la Table ronde se superpose le reflet des anti-héros que nous sommes, tiraillés entre le plaisir de ne rien faire et le désir de passer pour des super-héros.
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