Michel est un jeune homme choyé par sa mère, Yvonne. Lorsqu'il annonce à ses parents qu'il aime Madeleine, le désespoir s'empare de sa mère, qui craint de perdre son fils, et de son père, Georges, car… Madeleine est sa maîtresse. Le trio vit aux crochets de la tante Léonie, sœur d’Yvonne, qui dissimule depuis nombre d’années son propre amour pour Georges. Léonie va tenter d’ordonner cette tragique comédie de la vie.
« Nous découvrons l’essence de ce « boulevard noir » qui sans cesse balance entre le vaudeville et la grande tragédie Muriel Mayette-Holtz incarne avec maestria Yvonne, maitresse-mère de ce foyer libre et bohème. Un mélodrame ironique dont le rythme, la mécanique, les dialogues pulsent une énergie comique redoutable. Perton ne force jamais le trait. L’amour et la violence, tout en nuances. Un grand moment de théâtre. » Le Figaro
« Une version inédite des « parents terribles ». Un spectacle évènement. Le résultat est détonnant. Quelle distribution ! Muriel Mayette est impressionnante dans le rôle de la mère, elle se fond admirablement bien dans ce tourbillon boulevardier incessant qui ne laisse aucun répit dans le rythme de la mise en scène de Christophe Perton. » France Inter
« Christophe Perton signe un boulevard cruel d’une rare modernité. Porté par une distribution flamboyante, menée tambour battant par le trio Muriel Mayette-Holtz, Maria de Medeiros et Charles Berling, la pièce, interdite à sa création, n’a rien perdu de sa verve mordante, de sa force troublante. Ces « Parents terribles » sont clairement « incroyables ». Un petit bijou de cynisme et de drôlerie, du beau théâtre ! » L'Œil d'Olivier
Qu’y a t’il de plus beau et de plus émouvant que d’entrevoir le dessein d’un écrivain brouillant les pistes et disparaissant au travers d’une forme pour mieux apparaître dans le fond de son écriture? Jean Cocteau, victime de l’échec de ses pièces précédentes, isolé et raillé par son propre milieu artistique, homosexuel assumé avant l’heure, drogué maladif et solitaire, prétend en 1938 renverser la table en écrivant une pièce de boulevard pour répondre aux attentes du public populaire et faire un succès digne de ce nom. Les parents terribles répondent à cette idée reprenant avec une maestria diabolique tous les codes du vaudeville pour produire par la forme une situation, un rythme, une mécanique et des dialogues, qui pulsent une énergie comique redoutable.
La recette est magistrale et produit le succès attendu. La pièce restera à l’affiche plus d’une année s’attirant les foudres de l’extrême droite, les éloges de la critique, et plus d’un million de spectateurs avant d’être ensuite immortalisée par le cinéma. Sauf qu’à y regarder de plus près il apparait clairement que le carburant de cette machine infernale se compose de tous les éléments qui fondent la tragédie universelle. Puisant chez les grecs, à la source du mythe originel de l’amour maternel pour le mâle nommé « fils », photographiant les vices et les aliénations qui fondent en forme de convention la famille française idéale, Cocteau dresse le terrible portrait des ravages que produit le sentiment universel de l’amour. Sans concession, sans compromis, il dissèque ces corps gangrénés, atrophiés par cette maladie qu’est l’amour. Mais plus profondément encore, cet amour impossible d’Yvonne, femme de 45 ans pour Michel, son fils de vingt ans, se reflète aussi, sans presque aucune déformation, dans l’amour de Cocteau pour Jean Marais, l’interprète historique du personnage de Michel.
Glissant tragiquement dans le costume d’Yvonne, Jean Cocteau substitue l’insuline dont le personnage est esclave, par l’opium qu’il fume lui-même sans relâche pour échapper à la solitude où l’enferme la sublime liberté avec laquelle il assume sa sexualité, ses désirs, son art et sa vie d’artiste. Cocteau dit en substance que nous vivons dans l’ère de l’actualité, alors que la poésie est la langue de l’intemporalité, d’une vérité accouchée de la nuit par un autre « moi » plus profond, plus dangereux que nous essayons de dominer à longueur de temps. C’est « cet autre » qui fait scandale et crée le malaise dans cette pièce abyssale qui pose l’équation du chaos incarné par le désordre d’Yvonne qui à l’instar des enfants et des fous ne dissimule pas ce moi profond et les désirs terribles qui en découlent.
Christophe Perton, metteur en scène
16 avis