Le roi cerf

CLASSIQUE Terminé

Un roi, Déramo, doit se marier pour donner un héritier à son trône. Aidé par un buste magique qui détecte les vrais sentiments des hypocrisies des aspirantes, le roi Déramo trouve femme.

Un roi, Déramo, doit se marier pour donner un héritier à son trône. Aidé par un buste magique qui détecte les vrais sentiments des hypocrisies des aspirantes, le roi Déramo trouve femme. Un premier ministre, jaloux parce que sa fille n'a pas été choisie, et lui même amoureux de la jeune élue, abuse de la confiance du roi. Il lui soutire une formule magique, un secret puissant capable d'effectuer le passage d'un corps dans un autre corps. Possesseur de ce "dangereux" secret, le terrible Tartaglia prend le pouvoir.

Benno Besson

Présentation
La presse
Gozzi contre les novateurs
Gozzi par Paul Léautaud
Éléments de bibliographie
Quelques mises en scène

Présentation

Un roi, Déramo, doit se marier pour donner un héritier à son trône. Aidé par un buste magique qui détecte les vrais sentiments des hypocrisies des aspirantes, le roi Déramo trouve femme.

Un premier ministre, jaloux parce que sa fille n’a pas été choisie, et lui-même amoureux de la jeune élue, abuse de la confiance du roi. Il lui soutire une formule magique, un secret puissant capable d’effectuer le passage d’un corps dans un autre corps. Possesseur de ce dangereux secret, le terrible Tartaglia prend le pouvoir.

Ce que Carlo Gozzi révèle à travers ses pièces où le fabuleux, hyper théâtralisé, fait un pied de nez au vérisme soi-disant réformateur que découvre l’Italie du XVIIIème siècle sous l’influence des penseurs de l’Aufklärung et du Siècle des Lumières français, ce sont des moments uniques de rencontre avec le merveilleux. Carlo Gozzi montre, à travers ses fables, écrites de 1761 à 1765, la puissance d’une certaine qualité de naïveté qui évite la simplification de catégories psychologiques, socio-historiques, politiques ou psychanalytiques, qui elles, ne font qu’occulter la vision concrète du réel.

Le Roi cerf de Carlo Gozzi approche au plus près du concret théâtral, apprend la vie en jouant avec le réel et retrouve un peu l’art qu’un nourrisson, un enfant a de jouer, un art plus complexe et plus profond que l’art "adulte".

Le Roi cerf de Carlo Gozzi permet cette plongée dans le fabuleux et éveille à la vraie naïveté, celle où le jeu et l’amusement sont nécessités.

Benno Besson

La presse

... D'emblée Benno Besson nous embobine avec des métamorphoses, des bestioles et des songes ; il manie la baguette de Prospero et le bâton de Guignol, alternant les tours de fées et les numéros de pitres ; il suscite le voyage, le merveilleux, la liesse, il fabrique de mirobolantes petites fables, il jongle avec des peurs d'enfants, puis il expose les ressorts de l'illusion, il fait boiter ces divins prodiges, il s'amuse à rompre ces sortilèges de plumes et de carton, ces fausses prouesses, cette mascarade , en s'esclaffant.

On croit pouvoir résister à tous ces ravissants simulacres mais non, on cède à l'humour et à la surprise, on s'enchante de ces feintes et de ce faste à trois sous. Il y a, comme toujours, beaucoup d'invention et de fantaisie dans le décor de Jean-Marc Stehlé qui se transforme sous nos yeux : nous sommes dans un palais de pacotille, à la cour du roi Déramo, et soudain ! ah! che bello! tout pirouette et hop! nous voici dans une forêt où l'on croise un couple de cerfs, un perroquet, un ours rigolard ; des palmiers sauvages s'ouvrent et se ferment comme des parapluies, etc... Stehlé mêle la rhingrave et le turban, les culottes d'almées et les armures de samouraïs - ceux de la Guerre des étoiles, en vinyle - dans un joyeux syncrétisme. Armés de masques, les comédiens n'ont pas besoin de faire des grimaces, ils se contentent de modifier leur voix sur un mode outré et burlesque. Il y a un bon roi un peu niais (Mathieu Delmonté) et un méchant ministre genre Iznogoud (Gilles Privat), un vieux barbon (Michel Kullmann) et Angela (Christine Vouilloz), une pure jeune fille, auprès de qui Blanche Neige a la complexité d'une héroïne de Sophocle. Citons aussi Trinidad Iglésias, toujours truculente, Claude Barichasse, François Berté et Giovanni Calo, qui font de leur mieux pour signifier qu'ils sont drôles.

Si l'on a conservé une âme d'enfant, on rit, on bat des mains. Dans le cas contraire, on a beau se dire que cela ne casse pas trois pattes à un canard fardé en licorne, grr ! on sort quand même sur un nuage doré avec de la poudre de perlimpinpin sur les joues. La preuve, après le spectacle, les gens dans la rue vous regardent d'un air bizarre.

Frédéric Ferney
Le Figaro - 22 janvier 1998

Gozzi contre les novateurs

Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, il se produit au sein du public des théâtres européens une révolution qui, en une certaine mesure, annonce 1789. Tout une petite bourgeoisie - qui se contentait jusqu'alors des Tréteaux de la Foire ou de la Comédie Italienne, accède à la culture et ne se satisfait plus de ces genres simplistes, sans se sentir pour autant concernés par les conflits qui agitent la tragédie classique. "Quel véritable intérêt puis-je prendre à la mort d'un tyran du Péloponnèse ?" s'écrit Beaumarchais dans son Essai sur le genre dramatique sérieux. Ce public nouveau qui prend lentement conscience de son importance grandissante dans l'Etat exige un théâtre qui soit bien à lui. Les intrigues s'en dérouleront dans un monde qu'il connaît bien : la rue pittoresque, le foyer paisible, le magasin bien achalandé. A la fin on verra récompenser les qualités codifiées par la morale bourgeoise : l'honorabilité commerciale, la dignité sociale, la vertu familiale, sérieuse et attendrie... Tout ce que couvrira plus tard le parapluie du Roi-Citoyen, tout ce que sera l'idéal de vie des bourgeois de Daumier transparaît déjà dans le théâtre de Beaumarchais, de Diderot, de Lessing ou de Goldoni.

Cette exaltation de la bourgeoisie s'accompagne plus ou moins explicitement d'une mise en question des valeurs du code de l'aristocratie. L'élégance, le "point d'honneur", la grandeur sublime ou désinvolte, ne sauraient tenir lieu de solvabilité, d'honorabilité - car c'est là sans doute le maître-mot de cette bourgeoisie qui, dans trente ans, va jeter bas des trônes séculaires...

***

A Venise, face à ces novateurs, se dresse Carlo Gozzi. Ce comte vénitien de quarante ans, né d'une famille noble ruinée, est attaché de toutes ses fibres à une société dont, selon lui, la hiérarchie a été voulue par Dieu lui-même pour assurer le bonheur des hommes sur la Terre comme au Ciel ! Et pendant les quarante années à venir, il tonnera, prêchera, gémira contre les innovations dangereuses : l'écroulement de sa vieille république en 1798 lui permettra de jouer à bon compte les Cassandres. Mais dès 1760, il a l'idée d'opposer au théâtre de Goldoni un genre nouveau, susceptible d'intéresser également l'érudit et le spectateur inculte, l'aristocrate et le pêcheur de la lagune, et rappelant aux "fidèles sujets" les bons principes du Trône et de l'Autel. Les personnages seront "à leur place" : les nobles auront les rôles tragiques, sublimes, ou simplement dignes, tandis que le Tiers-Etat que représentent les quatre masques traditionnels de la commedia dell'arte, sera comique ou même burlesque. La petite bourgeoisie (Pantalon et Tartaglia) se contentera de la prose en dialecte vénitien, et la plèbe (Brighella et Truffaldin) recourra aux lazzi improvisés, tandis que les personnages nobles auront droit au langage poétique. Pour captiver son public et l'amener à entendre ses leçons de conservatisme politique, Gozzi veut développer dans ses pièces des passions fortes, et d'autre part fait baigner l'intrigue dans l'atmosphère féerique des contes de nourrice ou des Mille et Une Nuits. Ce ne seront donc que des fées, oiseaux qui parlent, pommes qui chantent, princes et princesses transformés en cerfs, en tigres, ou en serpents. C'est pourquoi Gozzi donne à ses pièces le titre général de Fiabe (fables).

Gérard Luciani
sur France Culture

Gozzi par Paul Léautaud

Gozzi avait raison, dans son genre, quand il disait qu’on ne va pas au théâtre pour voir ce qu’on voit tous les jours dans la rue ni pour s’entendre donner une leçon, mais, au contraire, pour voir des choses curieuses, inattendues, surprenantes et pour oublier un peu sa vie de chaque jour. Je suis, certes, un grand tenant du théâtre réaliste qui montre la vie et les hommes tels qu’ils sont et nous amuse, en nous faisant réfléchir, par la peinture exacte des mœurs, des travers et des ridicules. Je crois même pouvoir dire que ce théâtre a toute ma préférence. Mais ce que disait Gozzi ne manque pas non plus de vérité et de justesse. La fiction a son charme aussi, comme l’imprévu, et même la folie. Dans un cas comme dans l’autre, l’essentiel est toujours d’ailleurs de rester naturel dans l’expression et de ne pas ennuyer. Qui nous charme et nous entraîne a toujours raison. C’est une chose que je pense avec conviction que ce qui ennuie est toujours mauvais. C’est un reproche qu’on ne devait pas pouvoir faire, en son temps, à Carlo Gozzi. Ses pièces, comme d’ailleurs celles de son rival Goldoni, devaient être fort divertissantes.

Lui-même devait être fort divertissant, en même temps que très sympathique. Il s’est peint dans ses mémoires : Memorie inutili, qui sont, comme ceux de Goldoni, une lecture délicieuse. C’était un de ces originaux comme Venise, à cette époque, en comptait tant, comme en comptait tant, dans tous les pays, cette époque merveilleuse de liberté, de fantaisie, de manque de préjugés, de franchise dans les mœurs, de hardiesse et d’imprévu, quand le plaisir était le seul but de la vie et l’esprit la seule supériorité.

... Gozzi fut d’abord, tout jeune homme, officier en Dalmatie. Rentré chez lui, il vécut pendant plusieurs années dans les procès, au milieu des gens de chicane, pour tacher de reconstituer sa fortune fort compromise. On ne le vit plus ensuite que dans la compagnie des comédiens et des comédiennes, devenu tout ensemble leur conseiller, leur guide, leur professeur, leur mentor, les conduisant, les accompagnant partout, aux promenades, aux spectacles, aux réunions, aux soupers, par les rues, les places et les palais de cette Venise enchanteresse, pleine de rires, de chansons et d’aventures, dans une sorte de carnaval ininterrompu, insouciant, moqueur et romanesque.

Paul Léautaud
Le Théâtre de Maurice Boissard, Gallimard

Éléments de bibliographie

La Princesse Turandot, adapté par J.-J. Olivier, répertoire du Vieux-Colombier,1923
Le Roi cerf, adapté par Pierre Barbier, Bordas, 1947
L’Oiseau vert, trad. Charles Bertin, Éd. Brepols, 1964
Mémoires inutiles, trad. N. Frank, Phébus, 1987
Le Roi-Cerf, adapté par Claude Duneton, Éd. du Laquet, 1997
G. Luciani, Carlo Gozzi, l'homme et l'œuvre, 2 vol., Presses universitaires de Lille, 1977
B. Besson, l'Oiseau vert, d'après Gozzi, l'Age d'homme, Lausanne, 1983.

Quelques mises en scène

1923 La Princesse Turandot Jacques Copeau

Le Roi-Cerf a été créé le 29 juillet 1937 à la Comédie des Champs- Élysées à Paris. La mise en scène, les costumes et les décors étaient d’André Barsacq.

1957 Le Roi cerf Sacha Pitoëff
1964 Le Monstre turquin André Barsacq
1974 La Princesse Turandot Lucian Pintillé
1983 L’Oiseau vert Benno Besson

Une version anglaise du Roi cerf, The King Stag, signée Carl Wildman d’après l’adaptation française de Pierre Barbier, a été créée à Londres, le 26 décembre 1946, par le Young Vic au " Lyric Hammersmith "

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Spectacle terminé depuis le dimanche 7 mai 2000

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