Le petit Faust

du 17 au 26 janvier 2014
1h40

Le petit Faust

Le Petit Faust c’est le contraste loufoque d’un monde qui vieillit face à une jeunesse toute puissante, de plus en plus équipé et qui va de plus en plus vite gràce au progrès. Et le plus étonnant dans ce projet c’est que tous ses intervenants sont jeunes. Quoi de mieux pour faire un spectacle bourré d’énergie et de donner à ce compositeur un nouveau souffle dans un monde qui à bien besoin de rire de lui-même…Et si les jeunes devenaient des vieux sages ?
  • Argument

L’argument du Petit Faust tient en peu de mots. Faust est un vieux maître d’école qui tient une classe de garçons et de filles. Marguerite lui est amenée par son frère Valentin, qui part pour la guerre ; elle met l’école sans dessus dessous, et se sauve. Faust, rajeuni par Méphisto, court après sa belle, la trouve dans un bal public, l’enlève dans un fiacre après avoir tué son frère. Le spectre de Valentin apparaît aux coupables et les entraîne aux enfers. Nous retrouvons les quatre personnages principaux du Faust de Gounod... parodiés avec un humour décapant !

Alors que le Méphistophélès de Barbier et Carré provoque des visions, brise le fer, fait couler du vin et le change en feu, celui de Jaime et Crémieux (travesti !) est confiant dans la propension des choses à tourner mal d’elles-mêmes et ne se livre pas à la moindre sorcellerie au cours de la pièce : « Je laisse à Satan, pour prouver sa haine, / Le fer, le poison, la guerre et le sang. / Je garde pour moi la sottise humaine, / Convaincu qu’un sot vaut bien un méchant. »

Au premier degré, la Marguerite d'Hervé semble exprimer une naïveté simple suggérée par les premiers mots : « Fleur de candeur, je suis la petite Marguerite. » Après un temps d’acclimatation durant lequel l’auditeur croit à une exagération outrancière de ce caractère, il devient clair que cette innocence feinte cache un libertinage scandaleux : « Il faut me voir, quand la moisson commence, / Avec Siebel, me rouler dans le foin : / Ma vertu va jusqu’à l’inconséquence, / Peut-être, un jour, ira-telle plus loin. »

Faust offre naturellement le cas le plus abouti. Le début de l’opéra livre un personnage en proie au tourment, tandis que celui de l’opéra-bouffe le montre parfaitement campé sur ses positions : au lieu de réfléchir sur le bien, le mal, Dieu et la vie dans son cabinet, Faust fait l’apologie de l’anatomie devant une classe de bambins dissipés. Achevons notre revue des personnages principaux sur Valentin mourant avec bonhommie et le choeur félicitant l’assassin : « C’est un beau coup d’épée / Et donné galamment ; / La lame est bien trempée, / Recevez mon compliment. ». On confine à l’absurde avec la dernière déclaration du trépassé : « Ainsi que tout commence, il faut que tout finisse… / Je m’en vais retrouver monsieur de la Palisse. »

A écouter de toute urgence : le trio du Vaterland (avec tyrolienne), les couplets de Valentin (parodie de choeur militaire), ceux de Faust, son duo très osé avec Marguerite, le rondo de Méphisto.

Pierre Girod

  • Note d'intention de mise en scène

Faust, c'est l’oeuvre sage par excellence. La sagesse, confrontée aux limites de la science. Faust c'est l'homme en question.

Ici les librettistes ont décidé de le questionner à l'envers. Faust est totalement dépassé par la jeunesse. Comment ne pas penser à cette société qui vieillit et où l’on vend plus de couches culottes pour les personnes âgées au Japon que de couches pour enfant ! Faust ne comprend plus rien de son temps. Ce qui compte aujourd’hui c’est d’aller chercher les informations, pas de savoir. A quoi bon, puisqu’il y a Wikipédia !

A l'inverse du Faust de Gounod, Marguerite est l'opposé de la pureté, c'est une peste, une garce et qui ne pense qu’à son propre plaisir. Valentin, meurt en félicitant son meurtrier. Comme si il méritait son sort et qu’il l’acceptait. Méphistophélès de son côté est à la page, à la mode, dans le mouv’. Il connaît toutes les expressions modernes. Il est résolument de son temps. Les scènes sont cocasses, mais la critique de fond est redoutable ! Méphisto, l’homme moderne « Le progrès c’est de savoir parler en verlan ».Pour vendre son âme : plus de pacte, une tape dans la main, une adresse mail, et hop on s’engage, pour 5, 15, 100 ans, l’éternité… J’ai été fasciné par la folie et le décalage des personnages d’Hervé. Déjà à son époque, Hervé se moquait des codes moraux mais aussi de ceux qui voulaient les faire bouger. L’idée dans cette mise en scène est de planter un décor extrêmement moderne. Le petit Faust était un pastiche d’une oeuvre de son temps. Il faut absolument faire ce même travail. D’autant que Faust est un mythe universel. Il se passe très bien de son époque. Le décor sera simple mais à tiroir, à l’image des mondes de jeux vidéo ou seul les couleurs changent mais où les obstacles sont toujours au même endroit. Nous utiliserons tous les gadgets Hi-tech possible. Le choeur sera extrêmement mobile et agile parlant comme d’un seul homme, comme les petites machines que nous sommes devenues, avec nos téléphones portable
tandardisés, nos marques de vêtements universels et que nous retrouvons de Shanghai, à New York.

Le Petit Faust c’est le contraste loufoque d’un monde qui vieillit face à une jeunesse toute puissante, de plus en plus équipé et qui va de plus en plus vite gràce au progrès. Et le plus étonnant dans ce projet c’est que tous ses intervenants sont jeunes. Quoi de mieux pour faire un spectacle bourré d’énergie et de donner à ce compositeur un nouveau souffle dans un monde qui à bien besoin de rire de lui-même…Et si les jeunes devenaient des vieux sages ?

Rémi Préchac

  • Note d'intention musicale

Ceux qui se sont penchés sur les premiers actes à deux personnages signés par Hervé savent combien leur succès devait à son talent personnel d'acteur. Combien de ses monologues burlesques semblent aujourd'hui totalement impossibles à débiter tant il y enchaînait de lazzi sans cohérence apparente ! Même si la plume des librettistes qui collaborèrent avec lui par la suite pour les grands opéras-bouffes livrèrent des pièces plus solidement charpentées à sa muse, " le compositeur toqué " restait l'interprète phare de ses propres oeuvres - et de celles des autres, celles d'Offenbach notamment.

Comme chanteur, il connaissait parfaitement la voix. Son écriture en témoigne : non content de parodier les livrets, la musique et le décorum du drame lyrique, il pratique couramment la subversion des effets vocaux caractéristiques des chanteurs de romance ou de grand opéra dans la seconde moitié du XIXe siècle. Chez Hervé, la satire du genre académique est particulièrement brillante et comique car elle s'appuie sur les techniques de l'art lyrique autant que sur la construction de la partition.

Déjà dans Chilpéric l'année précédente, nombre de morceaux tiraient leur humour de l'abus des caractères gémissants - donc en sons lourdement portés - des lamentations ou du récit largement déclamé qui précède un grand air. Le Petit Faust, créé en miroir de la reprise du Faust de Gounod à l'Opéra *, est probablement le cas le plus emblématique de la manière d'Hervé. Il est indispensable pour aborder cet ouvrage de connaître sur le bout des doigts les règles d'interprétation de la tyrolienne depuis la Restauration, la tradition de caricature des accents étrangers à l'Opéra-Comique sous la Monarchie de Juillet, le quadrille et le pas de polka dansé cet hiver-là ; sans quoi l'on passerait immanquablement à côté du propos.

Comprendre l'intention des auteurs dans leurs plus subtiles références historiques, c'est d'abord pouvoir restaurer les éléments qui fonctionnent aujourd'hui encore, faire respirer la musique telle qu'elle est pensée. C'est également pouvoir envisager clairement ce qui peut ou doit être modernisé pour chatouiller les oreilles d'un public parisien du XXIe siècle : au lieu de pasticher des spectacles du Second Empire, on puisera dans la culture opératique actuelle des éléments qu'il est efficace de tourner en dérision. La connaissance de la typologie et du métier des créateurs des rôles permet enfin de guider les artistes d'aujourd'hui dans leur travail à travers les indications à lire entre les lignes de la portée et les souplesses à prendre avec le texte imprimé.

Témoignage partiel d'une étape de production, la partition gravée en 1869 sera complétée chaque fois que possible par d'autres sources. Chaque soir, les " cascades " des acteurs enrichissaient la pièce de bons mots qui furent parfois assez heureux pour être portés sur le matériel du théâtre ; à chaque grande reprise, le composieur puis son fils Gardel-Hervé ont modifié la partition, développant considérablement certains rôles secondaires. Notre nouvelle édition comprendra notamment l'air supplémentaire de Siébel et se rapprochera beaucoup de la version 1882, en utilisant aussi le livret remanié de 1934.

Pierre Girod

Sélection d’avis du public

air pur et joyeux Par Dominique P. - 18 janvier 2014 à 13h04

excellent, sans la moindre réserve ! allez-y tous !

Génial ! Par Fiona G. - 17 janvier 2014 à 15h21

Un spectacle tout en légèreté où l'on se délecte de la qualité de l'orchestre, où les chanteurs régalent nos oreilles attentives et l'on va de surprise en surprise grâce à une mise en scène vraiment originale et décalée ! Foncez-y !!

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air pur et joyeux Par Dominique P. (1 avis) - 18 janvier 2014 à 13h04

excellent, sans la moindre réserve ! allez-y tous !

Génial ! Par Fiona G. (1 avis) - 17 janvier 2014 à 15h21

Un spectacle tout en légèreté où l'on se délecte de la qualité de l'orchestre, où les chanteurs régalent nos oreilles attentives et l'on va de surprise en surprise grâce à une mise en scène vraiment originale et décalée ! Foncez-y !!

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Théâtre Déjazet

41, boulevard du temple 75003 Paris

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Spectacle terminé depuis le dimanche 26 janvier 2014

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